CMIM 2017 : Compte-rendu de la 4ème séance de la demi-finale

Dimanche soir se clôturait la demi-finale du Concours Musical International de Montréal après trois séances de prestations riches et variées. Cette séance présentait Yejin Noh de Corée du Sud, Artem Yasynskyy d’Ukraine et Alexey Sychev de Russie.

Tout comme la 6ème séance du premier tour, Yejin Noh ouvre la soirée avec cette fois-ci un programme en quatre parties, avec un jeu toujours aussi souple et soigné. Elle commence avec le Prélude et fugue en ré majeur, BWV 874 de JS Bach, avec un début un peu trop droit et un manque de nuances piano, mais elle se rattrape par la suite en proposant des phrases très chantées et expressives. Elle poursuit avec l’œuvre imposée, la Laurentienne n°2 en do dièse mineur de Mathieu en faisant preuve de beaucoup de sensibilité et d’humilité. Contrairement à certains candidats, le caractère démonstratif est parfaitement dosé et il y a peu d’agressivité. Elle continue avec la Sonate n°1 en fa dièse mineur op.11 de Schumann, pièce qu’elle semble maîtriser davantage. On apprécie beaucoup les contrastes de caractère entre les différents mouvements, et son utilisation de la pédale forte lui permettant de beaucoup jouer sur les textures des résonances. Bien qu’elle semble hésiter à plusieurs reprises, on sent qu’elle sait parfaitement comment mener son discours et cela contribue au côté très touchant de son jeu. Elle termine avec Trois mouvements de Petrouchka, de Stravinsky dans lesquels elle semble vraiment s’amuser rendant ainsi le caractère enfantin très présent. Yejin Noh est sélectionnée pour la finale. Mercredi soir, elle interprétera avec l’OSM le concerto n°1 en si bémol mineur, op. 23 de Tchaïkovski.

Dans le même ordre que jeudi, l’ukrainien Artem Yasynskyy succède à Yejin Noh avec un jeu beaucoup plus présent sans l’être trop non plus. On le sent très pressé de jouer, peut-être même un peu trop, mais son jeu reste néanmoins très précis et subtile. Il ouvre son récital avec quatre sonates de Scarlatti – la Sonate en si bémol majeur K 503, la Sonate en sol mineur K 315, la Sonate en sol majeur K 431 et la Sonate en ré majeur K 484. Bien que les appogiatures soient parfois un peu précipitées, on apprécie ses contrastes de nuances et de couleurs qui rendent son jeu très personnel. Il poursuit avec l’œuvre imposée en proposant une version nettement plus sombre que les autres candidats avec davantage de tensions et des graves très expressifs, puis il enchaîne avec Holiday Diary op. 5 de Britten avec un premier mouvement très affirmé et virtuose, un second nettement plus tendre avec un gros travail de textures et de couleurs en particulier dans les aigus, et beaucoup d’humour. Les deux derniers mouvements sont également très touchant. On sent que chaque note est ressentie, rien n’est laissé au hasard. Il termine avec les Tableaux d’une exposition de Mussorgsky avec beaucoup de contrastes de couleurs et de caractère entre les différents mouvements. Si la première Promenade manque légèrement d’éclat, Gnomus en revanche n’en manque pas. Chaque mouvement est très personnel, et l’on perçoit une belle évolution dans les Promenades. Malheureusement, Artem Yasynskyy n’ira pas en finale.

La demi-finale se clôt avec le russe Alexey Sychev, et un programme musclé notamment avec la Sonate en si mineur S 178 de Liszt. Il ouvre le récital avec la Partita n°2 en do mineur BWV 826 de JS Bach – un Bach qui sonne tout différemment du Bach de Yejin Noh, tout aussi limpide, mais avec une présence de l’interprète plus marquée. Dès le début, Alexey Sychev semble s’être totalement approprié le piano. On apprécie la propreté du discours et les dynamiques d’un mouvement à l’autre. Il poursuit avec la Laurentienne, qu’il rend très brillante notamment à travers les graves expressifs. Il propose une interprétation peut-être moins propre que les candidats précédents mais plus colorée. L’enjeu de la sonate en si mineur S 178 de Liszt est de rendre compte du déroulement du discours du début à la fin sans perdre l’auditeur. Malgré quelques passages légèrement haletants et hésitants, on parvient à suivre attentivement les évolutions de chaque partie. On constate beaucoup de pesanteur dans son jeu, sans pour autant apparaître comme de la lourdeur. Bien que certaines fusées en arpèges n’aboutissent pas tout à fait, le pianiste parvient à faire parler les lignes et semble gagner en maîtrise au fur et à mesure de la pièce. Il termine avec La Valse de Ravel en proposant une version plus rigide que celle de Ho Yel Lee (jeudi 4 mai) puisqu’il joue nettement moins sur l’instabilité. Les mouvements s’avèrent ainsi un peu trop homogènes, mais sa qualité technique reste indéniable. Le concours s’arrête ici également pour lui.

A l’issue de cette demi-finale, le président du concours André Bourbeau a annoncé les concurrents retenus pour la finale qui aura lieu les mardi 9 et mercredi 10 mai à 19h30 à la Maison symphonique. Chacun des finalistes interprétera un des grands concertos du répertoire, accompagné par l’Orchestre symphonique de Montréal sous la direction du chef invité Claus Peter Flor.

 

Finale I : MARDI 9 MAI, 19 H 30

Albert CANO SMIT (Espagne – Pays-Bas)
Johannes Brahms – Concerto n°1 en ré mineur, op. 15

Zoltán FEJÉRVÁRI (Hongrie)
Bela Bartok – Concerto n°3, BB 127

Giuseppe GUARRERA (Italie)
Piotr Ilitch Tchaïkovski – Concerto n°1 en si bémol mineur, op. 23

 

Finale II : MERCREDI 10 MAI, 19 H 30

Yejin NOH (Corée du Sud)
Piotr Ilitch Tchaïkovski – Concerto n°1 en si bémol mineur, op. 23

Jinhyung PARK (Corée du Sud)
Sergueï Rachmaninov – Concerto n°2 en do mineur, op. 18

Stefano ANDREATTA (Italie)
Franz Liszt – Concerto n°2 en la majeur, S 125


Renseignements par ici: https://concoursmontreal.ca/fr/

 

 

 

 

 

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