crédit photo: Jérôme Daviau

Clôture du festival ODD Sound : le Philippe Côté Chamber 5tet enthousiasmant et l’Ensemble ODD Sound au répertoire singulier pour un heureux résultat

Quand ta blonde est occupée toute la fin de semaine par ses études, autant prendre le bord. Et quoi de mieux que d’aller écouter du jazz? Me voici donc à la soirée de clôture du second festival ODD Sound, avec une double affiche : en premier, le Philippe Côté Chamber 5tet qui propose un « jazz de chambre » influencé par le minimalisme et la musique contemporaine qui m’a enthousiasmé. Ensuite, l’Ensemble ODD Sound, une formation éphémère de dix talents québécois qui présentent leur composition. C’est très hétéroclite comme répertoire, mais ça donne un mélange fort intéressant et réussi.

 

Philippe Côté Chamber 5tet, minimaliste et contemporain

Philippe Côté a dirigé l’ONJ, il y a deux jours de cela, pour l’enregistrement du second volet de la trilogie des odeurs de Jacques Kubin Séguin. Ce soir, c’est son quintette que l’on retrouve dans l’invitante salle du Ô Patro Vys, dirigé par les mêmes personnes que le Dièse Onze à quelques pas de là.

Philippe Côté est aux saxophones et clarinette basse et à ses côtés, on retrouve une poignée de légendes montréalaises. À savoir, François Bourassa au piano, Erik Hove au saxophone, Guy Boisvert à la contrebasse et Guillaume Pilote à la batterie. Le répertoire de Côté se veut un croisement jazz entre minimalisme et musique contemporaine. C’est donc la permutation de quelques notes qui est la base des compositions de ce soir. Ça peut sembler aride de prime abord, mais il faut savoir rester ouvert à ce genre de contrainte.

Ce qui est paraît rapidement, c’est la grande complicité entre les membres de la formation, ils ont tous la bouche en forme de banane. Et les regards allumés qu’ils s’échangent ne trompent pas, ça a du fun en masse! Le pianiste François Bourassa livre une très belle performance ce soir, l’œil rieur et le doigté léger et inspiré, il se passe de quoi avec Philippe Côté. Ce dernier nous apprend d’ailleurs qu’ils ont enregistré un album en duo dernièrement à New York. C’est à venir possiblement à l’automne. À surveiller!

* François Bourassa au piano.

 

Et donc, ces compositions arides? Et bien, ça fonctionne totalement. Je me suis laissé rapidement emporter, c’est différent et rafraîchissant comme approche. Et ce n’est sûrement pas ce qui va décontenancer la belle brochette de musiciens du quintette, qui portent le répertoire vers de beaux sommets.

C’est donc une courte première partie très alléchante de seulement quarante minutes qui nous laisse avec la frustration d’en vouloir davantage.

Ensemble ODD Sound : un All Stars québécois au répertoire disparate pour de belles découvertes

Si l’on en croit la présentation de Jacques Kuba Séguin, rendu à la deuxième fois, c’est une tradition! Donc suivant la tradition du ODD Sound festival, voici cette année encore, l’Ensemble ODD Sound qui réunit une dizaine de talents jazz québécois qui présentent sept morceaux écrits par eux.

Et quand j’écris talents, je pèse mes mots : Caoilainn Power, Claire Devlin et Philippe Côté (saxophones), Rachel Therrien et Lex French (trompettes), Olivier Hébert (trombone), Samuel Bonnet (guitare), Gentiane MG (piano), Alex Le Blanc (contrebasse) et Alain Bourgeois (batterie). Chacun.e de ces musicien.ne.s mériterait quelques paragraphes de présentation que le cadre de cet article ne me permet pas de faire : je vous invite donc à faire vos recherches sur Sors-Tu? et Bandcamp pour découvrir ceux et celles que vous ne connaîtriez pas déjà, il y a de la bien belle musique à se glisser dans le cornet de l’oreille. On apprécie d’ailleurs l’effort de mixité de l’ensemble.

Ce qui surprend en premier, c’est la présence du guitariste Samuel Bonnet avec une guitare acoustique amplifiée ; ça peut sembler bizarre au premier abord et pourtant, ce magnifique son de guitare s’intègre parfaitement à l’ensemble et complète le son de la formation.

Le répertoire de ce soir est constitué de sept pièces composées par les musicien.ne.s de la formation. Forcément, ça donne un assemblage aux influences diversifiées et peut-être un peu croche mais qui fait aussi le charme du principe. Parce qu’entre les ambiances variées, il y a tout de même la cohésion de l’ensemble qui forme la colonne vertébrale de la soirée.

*Caoilainn Power au saxophone.

Entre le clin d’œil malicieux à Uzeb du titre Blues Salad d’Olivier Hébert, les solos parfois iconoclastes sur le Iuviana de Rachel Therrien ou le songeur Night Bus de Claire Devlin qui clôt la soirée, c’est un peu le grand écart mais l’exercice n’en est que plus intéressant, ce n’est pas tous les jours que l’on a dix interprètes qui présentent autant de matière à l’auditoire. On notera également les interventions de Lex French à la trompette et le doux et tendre solo de batterie d’Alain Bourgeois sur Walls made of Glass de Gentiane MG, les solos inspirés de Claire Devlin et Caoilainn Power aux saxophones avec deux styles différents et les interventions engagées et pertinentes de la part de tous les membres.

 

*Lex French à la trompette.

Sous un concept prétexte à exposer une dizaine de talents, l’ensemble ODD Sound a permis de confirmer ou de découvrir la vivacité de la scène locale avec des titres originaux qui nous amènent au-delà d’un répertoire convenu et trop entendu à la Real Book. Une belle initiative qui conclut le festival ODD Sound d’une manière singulière et qui nous donne hâte à l’année prochaine pour une troisième édition.

Grille des titres

  • Variation pour l’ensemble (Philippe Côté)
  • Sweet thing (Caoilainn Power)
  • Deux Rives (Alex Le Blanc)
  • Blues Salad (Olivier Hébert)
  • Walls made of Glass (Gentiane MG)
  • Iuviana (Rachel Therrien)
  • Night Bus (Claire Devlin)

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