Cigale – Jour 2 | Québec et son trésor caché

Chaque expérience de spectacle s’accompagne de son propre bagage personnel. Dans la foule samedi, des milliers de vécus différents se croisaient. Pourtant, un même commentaire revenait au sujet de Cigale, qui, en seulement quatre éditions, est devenu un rendez-vous incontournable : « C’est mon événement préféré de l’été ».

Cigale est un lieu pour tous : familles, amoureux, adolescents, adultes. Les amateurs de foules y trouvent leur compte, tout comme ceux qui préfèrent garder leurs distances. Il y a le fleuve pour ceux qui osent s’y baigner et les jeux d’eau pour les autres. Le calme du paysage se mêle à une alternance constante de musique, sans temps morts. L’équipe de Gestev, courtoise et posée, a réussi un véritable tour de maître.

Le 9 août, la musique résonnait déjà depuis l’après-midi, enchaînant les notes jusqu’à la fermeture. À notre arrivée, Phillip Phillips et son groupe ont offert un concert énergique, revisitant ses plus grands succès avec des arrangements inédits et un son brut qui traverse le cœur et ravive les souvenirs. Jonathan Roy a suivi avec un spectacle pop anglophone entraînant. Mention spéciale à ses choristes, dont les accompagnements mélismatiques ont ajouté une richesse vocale impressionnante.

La soirée se clôturait avec David Kushner. Sa voix grave et profonde, à mi-chemin entre Johnny Cash et Elvis, mais dans un registre pop contemporain, est sa marque distinctive. Il raconte sa foi, son abandon des études par passion pour la musique et comment, en seulement deux ans, TikTok l’a propulsé sur les plus grandes scènes du monde.

Pourtant, il se présente dans des arrangements simples et minimaux, accompagné de trames sonores, d’un guitariste et d’un batteur qui marque simplement les temps. Aucune virtuosité technique. L’artiste bouge peu, ses chansons suivent une structure répétitive et diction est souvent floue. Un nouveau morceau arrive, semblable au précédent, et pourtant la popularité est là. Effet du message religieux? Pouvoir des réseaux sociaux? Phénomène étrange : le public en redemande et chante toutes les paroles.

Peut-être est-ce la dimension autobiographique qui touche : « I am a small man, from a small town, that does what he can ». Son titre phare, Miserable Man, qui a lancé sa carrière, ne se distingue guère des autres. Mais quand il entame Daylight, la foule s’embrase : piano et chœurs préenregistrés créent l’atmosphère. Les mélodies sont simples, les grooves basiques. Pourtant, le public s’y reconnaît. Un mystère de plus dans cette ère où les réseaux sociaux peuvent propulser un inconnu au sommet.

Sous un autre angle, la journée avait été longue pour les festivaliers, et finir avec ce set plus « chill » calmait les ardeurs, comme une berceuse au terme d’une journée de plage.