Duran Duran

Chronique de fans #1 | Duran Duran et le spectre de la fanitude par Julie D.

Dans l’esprit de mettre en valeur la « fanitude » des passionnés de musique et de spectacles, Sors-tu? vous propose une toute nouvelle rubrique récurrente : la Chronique de fans! Sporadiquement, nous céderons donc la parole à une personne, anonyme ou pas, qui vous partagera le fruit de sa passion pour un artiste, un album ou un spectacle, avec un regard très personnel et subjectif. La parole cette semaine revient à Julie D. qui, en marge de la venue de Duran Duran au Centre Bell ce mercredi 20 septembre, nous parle de sa très longue passion pour la formation new wave de Birmingham!

Dimanche, 30 août 1987. Stade Olympique de Montréal. Michel Pagliaro, Duran Duran (tournée Strange Behaviour) et David Bowie (tournée Glass Spider). Mon premier grand concert dans un stade. Je porte une jupe et un manteau assorti en denim avec applique de dentelle blanche et des gants en tulle à motifs de petits pois noirs.

David Bowie, je l’apprécie mais je suis là pour Duran Duran (ce que je donnerais pour revoir Bowie aujourd’hui!).

C’est via ma découverte d’Arcadia — projet parallèle de Simon Le Bon, Nick Rhodes et Roger Taylor — donc assez tardivement puisqu’après les méga succès des albums Rio et Seven and the Ragged Tiger que je tombe dans la marmite Duran Duran. Je me suis plongée dans le catalogue passé des Fab Five et je suis devenue une Duranie (des DeadHead aux Swifties : l’appartenance à une communauté de fans n’est pas un nouveau phénomène).

Notorious est donc le premier album qui est sorti alors que j’étais devenue une fan en bonne et due forme. Quand j’écoute Notorious aujourd’hui, je suis surprise qu’une jeune ado ait tant aimé la musique de cet album (on est loin de la pop des Debbie Gibson et autre New Kids on the Block!).

D’accord, j’écoutais beaucoup leur musique, mais encore? Il y a tout un spectre à la « fanitude ».

Admiration, passion, fascination, obsession, communion, affection, fanatisme, dévouement.

Pour moi, c’était chercher, étudier, enregistrer, collectionner et s’attarder aux détails auxquels le commun des mortels ne s’intéressera pas. J’étais constamment à l’affût de magazines, entrevues, critiques, concerts, documentaires à cette époque pré internet où il fallait beaucoup de détermination pour dénicher du contenu.

Être membre du fan club officiel bien sûr. Correspondre avec d’autres fans du groupe. Connaître beaucoup trop de détails sur leur parcours, leur vie. Suivre avec intérêt la carrière de leurs blondes mannequins (allô Yasmin, Renée, Julie Anne).

  • Chercher le rouge à lèvres exact que Nick Rhodes porte dixit un magazine musical (et ne jamais le trouver dans un centre d’achat de la belle province).
  • Avoir une broche d’un serpent en argent COMME Simon Le Bon.
  • Passer un week-end avec une amie anglophone pour qu’elle me traduise TOUT ce qui se dit dans le documentaire Sing Blue Silver. J’étais d’ailleurs probablement une des élèves les plus motivées dans mes cours d’anglais au secondaire. J’ai regardé ce documentaire autant de fois que vos enfants ont visionné CocoMelon.
  • Acheter deux fois le même magazine où le groupe est en couverture et en garder un scellé dans son plastique protecteur. Acheter un album en cassette, CD et vinyle.
  • Aller au bureau de poste pour obtenir un mandat poste (pour payer le livre, le disque, l’abonnement au fan club), l’envoyer par la poste en Angleterre et attendre des semaines voire des mois avant d’espérer recevoir une réponse. Et quand j’y pense, ça me surprend d’avoir toujours reçu ce que j’avais commandé!
  • Reconnaître les vrais fans à un concert pendant Planet Earth ou Union of the Snake. If you know, you know.
  • Soumettre ma mère à des séances de visionnement de vidéos, concerts et documentaires. Après tout, elle m’avait bien « forcée » à regarder le Comeback Special d’Elvis de ‘68! Plus sérieusement, merci aux parents qui supportent leur progéniture (avec temps et budget) dans leur passion!
  • Enregistrer I Don’t Want Your Love chaque fois que je l’entend à la radio et remplir une cassette ainsi. Ne me demandez pas pourquoi, je ne pourrais l’expliquer (il y avait des CD à l’époque pour réécouter une chanson à répétition!).
  • Être fascinée à ce jour par la tournée, les camions, les autobus, l’arrière scène.
    • J’ai considéré un moment devenir roadie (très drôle pour ceux.celles qui me connaissent aujourd’hui et m’imaginent une minute monter et démonter des scènes avec une gang de roadies) ou encore ingénieure de son (je suis même allée visiter l’institut Trebas mais j’ai vite réalisé que j’allais probablement faire le son de plusieurs mariages avant la tournée d’un groupe d’envergure).

Je suis consciente que je ne représente pas non plus le type « plus grande fan ». Nous avons tous vu des reportages de personnes qui ont des pièces entières dédiées à leur idôle ou qui s’évanouissent à la seule vue de leur artiste préféré sur scène.

Il y a tout un spectre de fans et j’étais davantage du côté introspectif et recherchiste si je puis dire.

Prendre du recul selon l’époque

Puis, avec les années ‘90 sont arrivés Nirvana, Hole, Radiohead, Lush, Weezer, Beck, Oasis, Björk, etc. et mon obsession pour le groupe de Birmingham a fondu comme neige au soleil. J’ai jeté mon dévolue sur d’autres groupes. J’ai même presque désavoué mon passé de Duranie pendant une période.

Malgré tout, j’ai acheté les albums qui ont suivi Big Thing. Certains ont d’ailleurs eu un succès commercial appréciable comme The Wedding Album et Astronaut (avec Andy Taylor de retour le temps d’un album).

Et surprise, en 2011, Mark Ronson (un fan du groupe) a produit un de leurs meilleurs albums de la deuxième partie de leur carrière (All You Need Is Now). Il fallait un fan pour aller chercher l’essentiel du son Duran Duran après toutes ces années.

Est-ce que j’écouterais les albums qu’ils sortent aujourd’hui si c’était leurs premiers? Peut-être pas mais ce n’est pas important. Je les respecte, je ne les trouve pas “paresseux”, ce sont des musiciens articulés, ils continuent de créer et sortir des albums régulièrement. Aux côtés des hits radio à la The Reflex, il y a d’excellentes chansons représentant avec panache le courant new wave/nouveau romantique.

Les bonnes entrevues sont rares (on leur pose souvent les mêmes dix questions depuis 30 ans) mais lorsqu’ils rencontrent un bon interviewer, c’est toujours intéressant de les entendre parler de leur démarche musicale.

Ce qui n’a pas changé avec les années, c’est ce sentiment unique qui m’habite quand je me remets dans l’univers de Duran Duran. Nostalgie n’est pas le bon terme. Mon prochain spectacle après Duran Duran est Little Simz alors je ne suis pas restée accrochée aux années 1980 ou 1990 pour autant.

J’ai envie de citer Troula Dimonis : « Music is the closest thing we have to time travel. That is ultimately its sweetest power. »

Mercredi, 20 septembre 2023. Centre Bell de Montréal. Nile Rodgers (qui a, entre autres, remixé The Reflex pour en faire le succès radio que l’on connaît et produit Notorious) & Chic et Duran Duran. Je ne sais pas ce que je porterai (une blouse de style nouveau romantique peut-être?) pour mon 10e concert de D2 mais je retournerai dans le temps avec Simon, Nick, John et Roger et je serai transportée par la même émotion puissante et enivrante ressentie en 1987 alors que le rêve et l’inaccessible sont à la croisée du champ des possibles.

 

Quelques souvenirs sortis de mes archives

Gants et briquet pour Save a Prayer (concert de 1987)

 

Ceinture qui correspondait pour moi au look de certaines ceintures de Simon Le Bon

12” I Don’t Want Your Love (vinyle et mini CD); cassette avec seulement I Don’t Want Your Love qui y est enregistré; simple de Skin Trade (pochette bannie sauf au Canada et en France), macaron du fan club

Livre rare, 12” Do They Know It’s Christmas et la cassette vidéo de Sing Blue Silver que j’ai usée à la corde.

Je suis allée à la séance d’autographes chez feu Sam the Record Man et en voyant le livre, ils se sont exclamés qu’il était rare (oh yes!) et ont commencé à le feuilleter et le signer sur plusieurs pages.

Moi et mon chien baptisée… Arcadia

 

Bonus : Une petite playlist avec ça?

Une petite liste d’écoute pour se mettre dans le mood du spectacle, signée Julie D.!

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