Orchestre Métropolitain

Charmes anglais : L’orchestre métropolitain en état de grâce

L’Orchestre Métropolitain promettait un beau concert vendredi soir avec deux invités de marque : le violoniste Jonathan Crow que l’on ne présente plus (il est membre fondateur du Nouveau Quatuor Orford et est le concertmaster de l’orchestre de Toronto entre autres) ainsi que le jeune chef français, Alexandre Bloch, qui vient de succéder à Jean-Claude Casadesus à l’orchestre national de Lille et qui se produit un peu partout depuis quelques années. Le programme, composé de musique anglaise dans sa totalité, a transmis un vent de fraîcheur sur la Maison Symphonique.


Dans une ambiance décontractée et bon enfant, Alexandre Bloch a pris le micro au début du concert : « Je suis curieux de savoir combien d’entre vous ce soir sont venus pour la musique de Downton Abbey ». Après quelques mains timidement levées, le jeune chef a souri en les remerciant de leur franchise avant de présenter le programme avec beaucoup de simplicité.

À vrai dire, le choix de jouer une partie de la bande originale de la célèbre série anglaise fut excellent : cette musique, que l’on pourrait qualifier de « typiquement anglaise » est une bonne manière de démarrer un concert. Un peu hésitante dans les quelques premières mesures, l’interprétation fut plus rapide que pour la série mais cela permit d’en faire une pièce à part et non simplement de recopier ce que l’on a l’habitude d’entendre dans le générique.

Bloch a ainsi décidé de prendre quelques libertés dans les tempi qui furent d’agréables surprises et nous ont autorisé à écouter cette pièce d’une autre manière : et avouons-le, le thème de Downton Abbey est l’un des meilleurs génériques actuels.

On entendit ensuite le concerto pour violon de William Walton, compositeur anglais né en 1902. L’oeuvre, très dense et parfois obscure, peut paraître un peu hermétique pour un public de mélomanes amateurs. Walton était d’ailleurs bien souvent reconnu comme un compositeur très moderne et après Edgar Elgar, il a réussi à redonner ses lettres de noblesse à la musique anglaise. Son concerto pour violon, composé en 1939 pour Jascha Heifetz, l’un des plus grands violonistes du 20ème siècle, oscille entre mélodies sinueuses et traits de virtuosité brillante.

Photo par François Goupil.

Photo par François Goupil.

On a pu noter vendredi soir une belle complicité entre Jonathan Crow et Alexandre Bloch, portant une version plutôt classique mais pleine de sensibilité. Ils n’ont pas hésité à alterner passages rayonnants et moments plus intimes.

S’il y avait une petite chose à redire sur cette performance, ce sera la baisse d’énergie ressentie pendant un bon tiers du dernier mouvement qui peut facilement tomber dans le côté ennuyeux et perdre le public. En effet, on n’arrivait plus très bien à suivre le discours de la musique dans le passage central de ce long mouvement avant que l’activité ne revienne pour conclure avec beaucoup de brio. Dans l’ensemble, ce fut une prestation très agréable.

Edgar Elgar : d’une grande beauté

Mais le grand moment du concert fut la 1ère symphonie d’Edgar Elgar jouée en seconde partie. Longue de 50 minutes, ce monument de la musique anglaise est d’une beauté infinie et l’on peut dire que l’Orchestre Métropolitain et le chef invité lui ont rendu sa juste valeur.

Trop peu jouée au Québec, cette oeuvre mérite d’être écoutée — et plus d’une fois ! — tant on y trouve un maniement de l’orchestre incroyable. Ce n’est pas pour rien qu’Elgar fut très inspiré par Brahms lors de sa composition : on y retrouve beaucoup de couleurs de son mentor avec cependant des sonorités plus britanniques qu’allemandes.

La polyphonie des thèmes est riche mais pas trop complexe, les harmonies sont touchantes et larges mais pas tordues, la forme cyclique permet au tout d’être cohérent. C’est un vrai plaisir de se rendre aux concerts de l’OM à chaque fois : l’orchestre sonne comme un grand et les musiciens, impliqués et passionnés, font un travail remarquable.

Photo par François Goupil.

Photo par François Goupil.

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