Cendrillon (Grands Ballets)

Cendrillon du Ballet national d’Ukraine à Montréal | Une production en deça des attentes

Cette semaine à Montréal voit le retour du Ballet National d’Ukraine, une compagnie qui était déjà venue la saison passée et qui avait présenté Le mariage de Figaro. Cette fois-ci, c’est avec Cendrillon (sur une musique de Prokofiev), que le ballet a pris possession de la Salle Wilfrid-Pelletier. Rétrospective sur une production ambivalente.

D’emblée, l’arrivée d’un ballet basé en Europe de l’Est promet au public magie et émerveillement. Les traditions de la danse classique sont si anciennes qu’il y a toujours une connotation d’excellence accolée au nom de la compagnie. Du grandiose, il y en a certes eu, mercredi soir lors de la première. Mais pas que. Et pourtant, tout était réuni pour.

 

Bémol musical

Tout d’abord, les décors. Peints par Mariia Levitska une grande artiste du peintre de l’Ukraine, ils nous ont emportés d’entrée dans un univers loufoque et humoristique, mais aussi très poétique. Puis quelques secondes plus tard, les costumes des danseurs, colorés sans être grossiers.

Mais un premier aspect obsolète et plutôt gênant est venu de la musique, non pas interprétée en direct par un orchestre, mais sortant des enceintes de la salle et saturant à plusieurs moments du spectacle. Il manquait donc déjà un point essentiel au bon fonctionnement de la production puisque Prokofiev apparaissait bien fade.

La chorégraphie de Victor Litvinov, un ancien soliste de la compagnie, réussissait à mêler à la perfection classique et contemporain déjanté, opposant dès l’entrée le personnage de la douce Cendrillon à sa méchante belle-mère et ses exécrables belles-sœurs dans une gestuelle plus anguleuse et brouillon. Avec beaucoup d’humour, le chorégraphe s’est emparé du célèbre conte, contrastant avec grande facilité le personnage principal de la société qui l’entoure : même le prince n’échappe pas à une certaine caricature et porte en lui la préciosité ridicule de la noblesse.

Mais là où le bât blesse, et ce fut une grande surprise, c’est du point de vue de la technique et de l’interprétation. Étonnant de la part d’une grande école de la danse. Mais fort fut de constater qu’il y avait une faiblesse flagrante au niveau de la solidité (plusieurs danseuses furent proches de trébucher) et de la légèreté. Les mouvements manquaient de finition et de suspension, sans cesse éludés.

Mais c’est surtout la technique de base (pieds peu tendus, genoux pratiquement fléchis, peu de hauteur dans les sauts) qui interpela et déconcerta. Les moments d’ensemble furent très brouillons et difficilement compréhensibles, et seule l’étoile, Anastasiia Shevchenko dans le rôle de la fée réussit à nous éblouir lors de ses apparitions.

En résumé, Cendrillon est une belle production visuelle mais reste de niveau très insuffisant techniquement.

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