crédit photo: Camille Gladu-Drouin
Catherine Leduc

Catherine Leduc au Ministère | On attendait sa résurrection

Il aura fallu attendre huit ans entre les Un bras de distance avec le soleil et le tout récent Les jours où il neige à tous les jours, paru en avril. Cette critique, sept jours en retard, est en quelque sorte un hommage à cette attente (ou pas…). Le lancement de Catherine Leduc, le 15 mai 2025 dernier au Ministère, sera probablement meilleur dans tous les cas.

Oui, meilleur. C’était un show particulièrement solide.

La soirée commence net frette sec, pas de première partie, pile à l’heure. Patrick Lagacé et Madame auraient certainement apprécié s’ils s’intéressaient réellement à la musique émergente (en émergence depuis 11 ans déjà dans le cas de Catherine par contre).

La table est mise dès les premières mesures de la performance : on aura la chance d’assister à un show d’ambiances. La jasette dans la salle est mieux de se brocher la tuque. Rien de flashy, un patchwork de textures variées assemblé avec subtilité, un rythme aussi lent que langoureux et une touche d’audace introspective que le public saura apprécier. Chose rare d’ailleurs : pas beaucoup de monde de l’industrie dans la salle. Catherine est une musicienne exceptionnelle et ce sont d’autres musiciens exceptionnels qui s’en rendent le mieux compte. On peut croiser dans la salle une panoplie d’artistes de premier plan, une belle marque de respect.

Outre les beaux arrangements signés Matthieu Beaumont, éternel complice depuis l’ère Tricot Machine et accessoirement partenaire de la star de la soirée, on doit aussi ici faire mention des interventions. Généralement très drôles, souvent confuses, toujours attachantes, les prises de paroles de Catherine nous font sentir comme si on conversait avec une amie plus qu’avec quelqu’un en train de performer sur une scène. On dialogue silencieusement. Elle roast gentiment ses musiciens, se roast elle-même encore plus, mais toujours avec une bonne humeur contagieuse.

Les nouvelles chansons sont excellentes, mais les anciennes un peu rouillées par moment. On sent la volonté d’avoir solidifié les passages de Les jours où il neige à tous les jours, ça reste un lancement on s’en souviendra. Le tout reste néanmoins cohésif et la nostalgie en excuse pas mal. Huit ans à bouder son plaisir, c’est long pareil! Des chansons comme La fin ou le début ou (particulièrement) Vendredi Saint font du bien, on s’ennuyait, et les backvocals de la toujours fantastique Lysandre Ménard rendent le tout encore plus beau que dans nos souvenirs.

La soirée nous aura au final permis de visiter le cocon mental d’une des artistes les plus honteusement ignorées du paysage musical québécois. Une grande autrice aux commendes d’un ensemble musical audacieux et inventif qu’on gagnerait collectivement à mettre de l’avant plus le régulièrement possible.

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