Émile Proulx-Cloutier

Carte blanche colorée par… | Une série remplie de surprises à la Place des Arts

La Place des Arts de Montréal débutait, vendredi dernier, une série de six spectacles inédits, intimes et remplis de surprises à la Cinquième Salle. Ça s’intitule « Carte blanche colorée par… », et pour l’occasion, des artistes répondent à la proposition de Monique Giroux (d’ICI Musique) d’imaginer une soirée qui reflète leur vision de la chanson québécoise. Émile Proulx-Cloutier était le premier à se prêter au jeu vendredi dernier, en remplissant la « liste d’épicerie à Monique »!

Visiblement fébrile de nous dévoiler ce spectacle unique, ce moment intime qui ne fut volontairement pas capté pour la postérité — parce que c’est si magique quand ça reste entre nous! — le chanteur et comédien a décrit sa soirée de la meilleure des manières possibles :

Je me suis fait plusieurs cadeaux à moi-même, et ce soir, je les déballe devant vous!

Non seulement Emile nous présentait des chansons de son cru, mais il devait aussi monter un menu pour cette soirée en invitant un créateur émergent, un artiste ami, des collègues qui l’inspirent, mais aussi apporter un titre sur 33 tours qui a marqué sa vie, choisir une « chanson-jalousie » et nous partager un moment d’archive.

La soirée n’a pas manqué de moments marquants! Les liens entre les invités étaient finement tissés : Pierre Flynn est venu interpréter Jardins de Babylone, après quoi Dramatik a renchérit avec Babylone de Muzion, par exemple.

Le spectacle faisant honneur à la grande force de la parole et du langage, on constatait plusieurs moments sans musique. Emile Proulx-Cloutier a aussi tendu le micro à la slammeuse Marjolaine Beauchamp, et a brillamment mis la table pour permettre à Dramatik d’expliquer la « magie » de sa présence sur scène, l’ex-Muzion étant bègue dans sa vie de tous les jours, alors que le rap coule à flot lorsqu’il se trouve sur une scène. Comme un « super-pouvoir »!

* Dramatik et Émile Proulx-Cloutier. Photo par Mikaël Theimer.

Le féminisme a aussi laissé sa couleur sur cette carte blanche, que ce soit en soulignant la « puissance » de Monique Leyrac en partageant une vidéo d’archive de son interprétation enlevante de La Manikoutai, ou en interprétant son slam Force océane au milieu de la foule, avant de laisser la parole à Debbie Lynch White pour une prestation a cappella d’Une sorcière comme les autres d’Anne Sylvestre.  Au carrefour de l’importance du langage et du féminisme, on trouvait aussi Natasha Kanapé Fontaine et ses textes en innu, et son apport vocal subtil durant Maman, version audacieusement adaptée de la chanson-dialogue Mommy de Marc Gélinas et Gilles Richer, mais avec les rôles inversés. Ici, c’est l’enfant autochtone qui questionne sa maman à savoir pourquoi le français prévaut alors que la langue de ses ancêtres a disparu.

Photo par Mikaël Theimer

Mais il n’y avait pas que des moments émouvants et de la matière à réflexion dans ce spectacle hautement divertissant, et au final souvent très drôle. Invité à partager une chanson sur 33 tours, Emile Proulx-Cloutier a sorti des boules-à-mites un vinyle de Bobby Lapointe, roi des jeux de mots douteux. Également invité à partager un moment de ses archives, il nous a présenté sans complexe (mais beaucoup d’auto-dérision) son moment à l’écran dans le film Matusalem, alors qu’il n’avait pas encore 11 ans, et qu’on lui avait demandé de composer les paroles d’une chanson intitulée L’École m’écoeure. 

Bref, Emile Proulx-Cloutier s’est amusé ferme avec la forme de ce spectacle-concept, et nous a tissé un moment pour le moins unique dont on se rappelera longtemps.

Prochaine étape : l’artiste se prêtera aussi au jeu de l’entrevue, alors qu’il définira sa « charte des couleurs de la chanson québécoise » dans le cadre d’un balado à venir au courant du mois de février.

Par ailleurs, cinq autres artistes se prêteront au jeu au cours des prochains mois. Les prochains « artistes coloristes » à répondre aux demandes de Monique Giroux seront Catherine Major (27 février), Marie-Élaine Thibert (14 mars), Beyries (27 mars), Samian (3 avril) et Daniel Boucher (14 mai).

Tous les détails au sujet de la série Carte blanche colorée par… se trouvent par ici.

 


* Cet article a été produit en collaboration avec la Place des Arts.

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