Buck 65

Bluesfest d’Ottawa: La franchise de Buck 65

« Je vous promets une chose: je vous ai donné 100% de ce que j’avais à offrir ce soir… ce qui équivaut à environ 75% de ce que j’aurais à offrir un autre soir », a confié Buck 65 à son public, d’un franc-jeu désarmant, après plus de 60 minutes de spectacle couci-couça sur la scène Hard Rock du Bluesfest d’Ottawa.

Peu d’artistes pourraient se permettre d’admettre une telle chose aussi ouvertement. Mais quand on s’appelle Buck 65 et qu’on s’est forgé une relation aussi personnelle et transparente avec ses fans pendant 20 ans, ça change la donne.

D’un côté, les fervents de longue date s’apercevaient bien que derrière le performeur qui gambillait de son mieux dans un esprit « the-show-must-go-on », l’homme, lui, n’était visiblement pas au sommet de sa forme.

De l’autre, Richard Terfry fait partie de ces bêtes scrupuleuses et jugeait sans doute qu’il valait mieux évoquer cette « sorte de grippe intense » l’affectant depuis quelques jours, tout en remerciant la foule d’être avec lui, avec toute la sincérité qu’on lui connait. L’armada d’adeptes, qui ne semblait déjà pas en faire grand cas, a semblé apprécier cette franchise et redoublait d’ardeur pour lui exprimer l’admiration qu’elle lui voue.

L’humour à la rescousse

Vrai que la prestation s’est amorcée sur une drôle de note. Buck semblait plus ou moins à l’aise dans ses mouvements et compensait en exagérant la plupart de ses petits pas de danse habituellement comiques et fluides.

Comme si ses ennuis de santé n’étaient pas assez, le MC a aussi dû composer avec un larsen dans le moniteur pendant Superstars Don’t Love, et la chanteuse/choriste Marnie Herald (qui avait la jambe gauche dans un plâtre) peinait à garder le ton juste, possiblement en raison d’une mauvaise sonorisation sur scène.

Terfry a toutefois secoué ce faux départ en utilisant sa bouée de prédilection: l’humour. Profitant de la présence de John Fogerty sur la grande scène au même moment, Buck 65 a sorti un lapin de son chapeau en interprétant Wicked & Weird sur une trame musicale composée d’un échantillon de Run Through the Jungle (de CCR, le groupe de Fogerty), en boucle!

L’ingénieuse trouvaille lui a permis de changer l’énergie du spectacle, avant de renchérir avec la dynamique Dang!.

Les moments réussis sont principalement venus de titres du plus récent album 20 Odd Years: l’entraînante Gee Whiz, l’enfantine BCC et le truculent nouvel extrait Zombie Delight. 

Entre celles-ci, l’artiste a inséré quelques titres plus récents (voire « écrits il y a quelques jours ») parfois un peu brouillons, quelques rares classiques (Pants on Fire, Blood of a Young Wolf, 463 en rappel), le B-side fétiche Indestructible Sam et même un titre de son projet parallèle Bike for Three (All There Is To Say About Love).

Certains auraient sans doute apprécié l’ajout de certains titres marquants du vaste répertoire de Buck 65 (The Centaur, Kennedy Killed the Hat, Craftsmanship, Rough House Blues…) mais telle est l’approche de l’artiste: aucune chanson n’est intouchable, ce qui rend chaque spectacle unique.

 

La malédiction du Bluesfest

Décidément, Buck 65 est dû pour un rendez-vous réussi au Bluesfest d’Ottawa. Sa dernière visite au festival ottavien remontait à 2005, alors qu’une violente tempête avait saboté la prestation.

Suggestion aux organisateurs du Bluesfest: réinviter Buck 65 en 2012, question de briser le mauvais sort une fois pour toutes!

Souhaitons également à nos amis de Québec que Buck 65 sera en meilleure forme vendredi soir pour son concert à L’Impérial, dans le cadre du Festival d’été de Québec.

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