
Bluesfest d’Ottawa 2025 – Jour 1 | Magistral Father John Misty pour lancer le bal
Pour lancer son édition 2025, le Bluesfest d’Ottawa a programmé une enfilade d’artistes country sur la grosse scène principale, mais le vrai show à voir, c’était celui de l’excellent Father John Misty en fin de soirée sur la scène secondaire River Stage. Une exclusivité, qui plus est, puisqu’il s’agit du seul spectacle en sol canadien pour l’artiste.
Aussi ironique qu’exubérant, Josh Tillman incarne à merveille son alter ego. Fidèle à sa réputation, sa présence scénique à Ottawa mêlait posture de maître de cérémonie et sarcasme subtil. Le contraste entre les moments intimistes et les montées orchestrales servait très bien la variété du répertoire.
Father John Misty a un nouvel album à défendre, et le fera tout au long de la soirée. Pas qu’on allait s’en plaindre : Mahashmashana, paru en novembre dernier, est un petit bijou de songwriting intelligent et sensible, aux arrangements luxuriants mais accessibles. Commencer avec I Guess Time Makes Fools of Us All et Josh Tillman and the Accidental Dose donne d’emblée le ton : la soirée sera sous le signe d’un art pop vaste et théâtral, alternant humour et gravité, avec toutefois très peu de titre uptempo.
Ascension vers les classiques et frissons
Les fans de la première heure ne seront pas déçus pour autant. L’arrivée de Nancy from Now On, Chateau Lobby #4 et Mental Health les rassurent.
Le groupe — sept musiciens l’accompagnent, dont un saxophoniste particulièrement brillant — créait une nappe sonore riche, passant du funk de She Cleans Up au folk rock articulé de I’m Writing A Novel sans le moindre tracas. Les éclairages bien dosés soulignaient l’intensité émotionnelle sans sombrer dans le spectaculaire excessif. Les musiciens sont par ailleurs déployés en fond de scène, laissant vraiment tout l’espace au swag de Tillman, qui n’est pas sans rappeler un genre de fils spirituel Americana de Nick Cave, en un peu plus tragi-comique.
Quelques titres extraits de Mahashmashana pourraient paraître sur papier un brin excessifs dans un cadre en plein air. Mais Tillman est un maître dans l’art de captiver son public et se sort très bien de cette grille de chansons downtempo et le public d’Ottawa s’est montrés entièrement charmé.
Après une heure et demie, l’artiste a asséné le coup final de manière assez audacieuse :
il interprète la chanson titre de son album, Mahashmashana, qui occupe pourtant la première place dans l’ordre de l’album, et qui dure près de 10 minutes. Mais si les arrangements sont à couper le souffle sur l’album, ils deviennent encore plus imposant sur scène, atteignant un niveau d’intensité époustouflant qu’aucun rappel ne pourra égaler.
Le public restera tout de même là à en redemander, mais aucun retour ne sera accordé. Et c’est très bien ainsi : le spectacle de Father John Misty était parfaitement calibré, savamment réfléchi et interprété avec brio. Une fin de soirée vibrante, alliant satire mordante, lyrisme sincère et sophistication musicale, dirigée de main de maître par Tillman, qui allie l’humour doux-amer à l’émotion brute, avec toujours ce flair narratif unique. Un délice pour les fans.
Évidemment, le premier jour d’un festival est toujours l’occasion de butiner à la recherche de découvertes ou d’artistes qu’on connaît mais qu’on n’irait pas nécessairement voir en concert en dehors de ce contexte.
C’est le cas pour The Cat Empire, populaire et prolifique groupe australien, qui vient à Montréal aux deux ans environ. Entre deux autres prestations, pourquoi pas aller voir de quoi le groupe est capable à ce point-ci dans sa carrière, qui enchaîne les tournées à un rythme impressionnant depuis plus de vingt ans.
Le mélange de jazz, de reggae, de ska, de folk, de funk, et même d’effluves latino est évidemment très bien maîtrisé et fait sur mesure pour plaire à son public. Ça assure mais ça sent aussi la recette.
Le gros coup de coeur en terme de découverte en cette première soirée sera sans doute le Melbourne Ska Orchestra, collectif musical australien explosif, dirigé par le charismatique Nicky Bomba. Encore là, on y mélange le reggae, le jazz et des influences latines (des airs calypso, notamment) mais de façon beaucoup plus rafraîchissante.
Leur réputation ne ment pas : ils donnent des performances festives et souvent chorégraphiées, de manière assumée, dans le but de semer la fête, ce qu’ils réussissent haut la main.
Fait intéressant : le groupe rend hommage aux racines jamaïcaines du genre ska tout en y injectant une touche contemporaine et cosmopolite. Un feu roulant de groove et de bonne humeur.
Parmi les trois artistes country proposés sur la scène principale, on retenait la présence de The Red Clay Strays, groupe originaire d’Alabama.
Du peu qu’on a eu le temps d’entendre, le groupe fusionne habilement country, rock sudiste, rockabilly et soul gospel. Le chanteur Brandon Coleman évoque vocalement autant Elvis Presley que Chris Stapleton, surtout dans les moments plus rétros. Pas vilain.
Le Bluesfest d’Ottawa se poursuit jusqu’au 20 juillet. Hozier, The Dead South, Charlotte Day Wilson et Amigo The Devil font partie des artistes qui prendront part au festival vendredi soir.
Photos en vrac
Father John Misty
Melbourne Ska Orchestra
The Cat Empire
The Red Clay Strays
- Artiste(s)
- Bluesfest d'Ottawa, Cat Empire, DB Cohen, Father John Misty, Melbourne Ska Orchestra, The Red Clay Strays
- Ville(s)
- Ottawa
- Salle(s)
- Plaines LeBreton
Événements à venir
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Jour 3 | TURNSTILE, Pixies, Kurt Vile & the Violators, Men I Trust
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Jour 4 | Shania Twain, Alan Doyle, Wild Rivers, Big Freedia
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Jour 5 | Def Leppard, Tom Morello, The Decemberists
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Jour 7 | Green Day, The Linda Lindas, Les Shirley
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Jour 8 | Papa Roach, Daughtry, Lucius, Christone Kingfish Ingram
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