crédit photo: Marc-André Mongrain (Bluesfest d'Ottawa 2024)
Nas

Bluesfest d’Ottawa 2024 – Jour 10 | Nas clôt le festival avec une courte leçon de hip hop old school

Pour la dernière soirée de sa 30e édition, le Bluesfest d’Ottawa accueillait sur les Plaines Lebreton le rappeur new-yorkais Nas. Le légendaire pionnier du East Coast rap a servi une prestation courte mais solide, sans fioritures.

On peut comprendre le Bluesfest de faire de Nas l’une de ses têtes d’affiche. 2024 marque le 30e anniversaire de son chef d’œuvre Illmatic. À l’été 2023, Billboard publiait son palmarès des 50 plus grands rappeurs de l’Histoire, et Nas décochait la troisième position, tout juste derrière Kendrick et Jay Z, mais devant 2pac et Eminem notamment.

Et surtout, comme Billboard le souligne avec justesse, la longévité de Nas est admirable, lui qui lance encore avec régularité des albums fort respectés de la critique et de son public.

En somme, nouvellement quinquagénaire, Nasir Jones vieillit bien. Possiblement mieux que tous ses contemporains. Alors que Nas écrit des textes matures empreints d’empathie, de philosophie et de paix, Eminem sortait il y a deux jours un album juvénile et aigri, réactionnaire face à une société dont l’évolution ne l’enchante visiblement pas. Snoop Dogg, lui, fait des pubs de briquets, André 3000 joue de la flûte, alors que plusieurs des collègues des années 1990 ont soit trépassé ou rangé le micro pour de bon.

Nas est une influence directe d’Eminem, Marshall Mathers ne s’en cache. Et même s’il a été découvert et adulé cinq ans plus tôt que le rappeur de Détroit, on se surprend d’apprendre que Nas est plus jeune qu’Eminem: Nas a 50 ans, Mathers en a 51!

Bref, que de respect pour Nas et il mérite amplement sa place parmi les plus grands et les plus durables, et donc sa place sur la grande scène du Bluesfest, même s’il jouait sur une scène secondaire lors de sa dernière visite au festival en 2015. Et même si le Festival d’Été de Québec l’avait plutôt programmé au Parc de la Francophonie mardi dernier pour laisser la grosse scène des Plaines d’Abraham à Karkwa. Imaginez : le 3e meilleur rappeur de tous les temps fait figure de deuxième tête d’affiche après un groupe local. Finalement, le spectacle de Nas au FEQ n’a même pas eu lieu en raison de la météo. Celui de Karkwa oui, en revanche.

Bref, Nas avait le rôle d’artiste de clôture dimanche, et la foule n’était pas exactement aussi compacte que lors des deux dernières soirées. Les absents ont toujours tort, comme le dit l’adage. Parce qu’en matière de performance hip hop sans fioritures, Nas est encore et toujours un maître.

Dans la plus pure tradition du hip-hop, DJ Green Lantern se pointe sur scène pour réchauffer la foule, sans l’artiste. Le batteur Daru Jones est également présent. On ne nous a toutefois pas fait languir comme c’est malheurusement souvent le cas en introduction d’un show de rappeur à l’ego démesuré.  Nas, lui, se pointe en deux minutes, et s’assure d’installer une sympathique ambiance de party décontracté.

Get Down résonne sur les Plaines Lebreton, suivie de Street Dreams précédée d’un extrait du classique d’Eurythmics qui l’a inspirée.

On plonge rapidement dans l’album trentenaire, Illmatic, avec It Ain’t Hard to Tell et N.Y. State of Mind tôt dans le set. On constate alors rapidement que ce bon vieux Nas a encore le souffle des belles années! Life’s a Bitch, One Love et Halftime seront aussi interprétées pour le plus grand plaisir des adeptes de l’album qui a tout lancé.

Les classiques If I Ruled the World (Imagine That) de l’album It Was Written (1996) et Nas Is Like du troisième album I Am…. (1998) feront aussi voyager les fans dans les années 1990. « On se croirait dans les 90’s! », s’exclame alors Nas, avant d’ajouter « mais j’aime bien aujourd’hui, c’est aujourd’hui que ça se passe! »

Nas ne fait pas l’impasse sur les titres plus récents pour autant, trois singles de la trilogie King’s Disease seront jouées, dont Spicy, 40 Side et I’m on Fire, qui s’intègrent à merveille au reste.

La prestation sera toutefois plutôt courte, surtout pour une tête d’affiche et un show de clôture, avec à peine une heure, sans rappel. Avec aucun invité, ni grande mise en scène, c’était davantage une performance pour les puristes, les fans de l’artiste qui connaissent ses titres.

Les organisateurs du Bluesfest nous ont démontré ces dernières années qu’ils aiment bien conclure le festival avec un succès d’estime qui ne terminera pas les festivités sur les chapeaux de roue avec un gros party.  The Smile avait ce rôle l’an dernier, The National la précédente.

Une fois de plus, c’était un dimanche pour les mélomanes, et un peu moins pour les fêtards. On ne s’en plaindra certainement pas, surtout quand le reste de la programmation mise sur des Nickelback, Maroon 5 et 50 Cent.

 

fanclubwallet : une découverte locale indie pop

Plus tôt en soirée, on comptait aller voir le Winston Band et son party cajun à l’intérieur du Musée de la guerre, au sein du théâtre qui s’y trouve. Sauf qu’une panne de courant a empêché la tenue du spectacle, alors on s’est rabattu sur l’auteure-compositrice-interprète franco-ontarienne Geneviève Racette, qui interprétait principalement des chansons en anglais, dont Someone, la chanson qu’elle a lancé en duo avec Dallas Green (de City and Colour).  Ce dernier n’était évidemment pas présent pour le duo, mais la percussionniste Judith s’est occupé de chanter en duo avec Racette. Une charmante chanson en français intitulée Les lignes de ma main a aussi attiré notre attention.

Mais la découverte de la soirée était le groupe indie pop ottavien fanclubwallet, menée par la charismatique Hannah Judge.

Les chansons du groupe raviront les adeptes de bedroom pop, tout en pigeant de temps à autres dans des registres près de Beach House ou encore girl in red. Espérons qu’on puisse les voir à l’oeuvre à Montréal un de ces quatre.

 

Grille de chansons (Nas)

  1. Get Down
  2. Street Dreams
  3. It Ain’t Hard to Tell
  4. I’m on Fire
  5. N.Y. State of Mind
  6. Fever
  7. Nas Is Like
  8. Spicy
  9. My Girl (jouée par DJ Green Lantern)
  10. I Can
  11. Life’s a Bitch
  12. One Love
  13. If I Ruled the World (Imagine That)
  14. You’re Da Man
  15. Got Ur Self a Gun
  16. 40 Side
  17. Halftime
  18. The World Is Yours
  19. One Mic

 

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