crédit photo: Marc-André Mongrain
Jack Johnson

Bluesfest d’Ottawa 2022 – Jour 2 | Des crêpes aux bananes mais pas d’Interac(tions)

Jour de panique partout au Canada : le réseau de Rogers flanche, laissant des millions d’usagers sans données, et des milliers de marchands sans Interac. Ça se répercute jusque dans le monde des festivals…

Le FEQ nous envoie une communication urgente :

IMPORTANT : Festivaliers, prévoyez le coup et amenez carte de crédit et argent comptant. À cause de la panne généralisée, ce sont probablement les seuls moyens paiement acceptés sur nos sites ce soir!

Même ton de panique du côté du Bluesfest d’Ottawa, mais en anglais.

Ça pourrait être pire : à Toronto, The Weeknd a dû annuler son show… au Rogers Center.

Vous imaginez?

Un spectacle au ROGERS Center… annulé… en raison d’une panne du réseau ROGERS.

Au moins, à Ottawa, rien n’est annulé. Sauf les transactions Interac pour s’acheter une limonade ou des tacos.

D’ailleurs, en matière de modes de paiement, les signaux sont pour le moins confus.

Pas d’Interac, faut payer comptant ou crédit.

Mais sur les écrans, le festival se targue d’être un « cashless event », avec un beau logo Interac.

Et pendant ce temps, du côté des marchandises promotionnelles, là on accepte l’argent comptant et les cartes (avec un beau logo Interac) :

Toute cette confusion, et pas de réseau pour aller s’en plaindre sur les réseaux sociaux. Y’a de quoi rendre le monde fou furieux.

Mais vous savez qui ne s’en faisait pas avec ça ?

Jack Johnson.

Il est tout le temps chill, lui, Jack Johnson.

Ça se comprend.

Moi aussi, je serais chill si je dormais sur un matelas rembourré avec l’argent des redevances d’une chanson que j’ai écrite où je me vante d’avoir fait des crêpes aux bananes.

De toute façon, un adulte de 47 ans qui joue du ukulélé sur scène ne peut pas s’en faire avec grand chose dans la vie.  C’est inscrit dans les règles de l’État d’Hawaii. Si tu joues du ukulélé à Hawaii et que tu démontres le moindre signe de stress, ils t’expulsent de l’île et tu dois revenir à San Diego à la nage. C’est la loi. Look it up.

Ceci dit, il a toujours été chill, mais son niveau de détente est assez élevé même selon ses propres standards. Debout, guitare (ou ukulélé) à la main, il joue ses chansons, tout sourire, sans interagir outre mesure avec le public, ni faire preuve d’un dynamisme particulier.

Il semble particulièrement amusé par son acolyte Zach Gill, claviériste assez doué merci et accordonéiste sur quelques chansons (qui sonnent presque mieux avec de l’accordéon). Zach Gill est nettement plus charismatique que Jack Johnson. Il apporte vraiment sa touche au spectacle. Une chance qu’il est là.

Mais ça ne fait rien. Jack, on l’aime tous. Il joue bien, même si ses chansons sont faciles à jouer. Il chante bien aussi… même si ses chansons sont faciles à chanter.

L’important, c’est qu’on veut l’entendre chanter Banana PancakeBetter Together, Good People avec les petits rebonds reggae qu’on apprécie de lui. Et il le fait. Avec le sourire. Et un tempo souvent ralenti par rapport aux versions endisquées.

Il est chill, Jack. On l’aime bien comme ça.

 

Le rock nostalgique canadien et la modernité autochtone

Ailleurs sur le site, le groupe indie rock canadien The New Pornographers ont pigé dans presque tous leurs albums lors d’une très bonne heure de power rock indé avec des titres comme The Laws Have ChangedChampions of Red WineThe Bleeding Heart Show et Mass Romantic. On revisitait avec eux une bonne grosse vingtaine d’années de rock de qualité, qui avait marqué les esprits dans les bonnes années de la can-rock scene, quand Broken Social Scene, Metric et Stars étaient les groupes à la mode.

Plus tard en soirée, Jeremy Dutcher a aussi fait bonne figure en présentant ses chansons où il modernise la culture wolastoq de ses ancêtres et sa langue. On se rappelera particulièrement de son interprétation de Sakomawit, qu’il avait jouée aux Junos en 2019, mais aussi d’une relecture d’une Humble song qui lui a été apprise, et d’une toute nouvelle chanson au cours de laquelle il a admirablement réussi à faire chanter un refrain au public dans une langue autochtone.

Avec tout ça, on a eu très peu de temps pour voir Tami Neilson à l’oeuvre : à peine le temps de deux chansons. Mais on peut au moins vous confirmer une chose : elle sort un album intitulé Kingmaker le 15 juillet prochain, et c’est vraiment un petit bijou de folk, de blues et de chanson rock, bien varié et inspiré.  Et on fait tirer une copie vinyle juste par ici.

Le Bluesfest d’Ottawa se poursuit samedi avec une programmation passablement country. On en profitera pour prendre une pause bien méritée, se faire des crêpes aux bananes et faire comme si c’était le week-end (parce que c’est vraiment le week-end) et y retourner dimanche pour Garbage et Alanis Morissette, deux jours avant que le tandem ne se produise au Centre Bell !

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