BleuBleu 2025 – Jour 2 | Du beau temps et une légende de 83 ans

Les rues sont sèches aujourd’hui, le 21 juin, sur Carleton. Le soleil plombe. Il vente un peu trop pour que puisse se tenir l’annuel concours de ricochets sur l’eau (remis à lundi), mais les gens profitent du site et de sa périphérie pour se baigner, pêcher ou day-drink quelques pintes au Naufrageur. Dans notre cas, c’est direction marché des artisans, une curation d’artistes, artisans et boutiques du coin qu’offre BleuBleu à ses festivaliers. On a acheté un très beau collier de chez le Chic Recyc, puis on s’est assis devant le DJ set de CYR en sirotant un p’tit jus.

Mais le véritable attrait de la journée, c’est la scène du quai, désormais érigée et prête à recevoir post-déluge. Et n’y foulera pas les planches n’importe qui, aujourd’hui : Madame Édith Butler, rien de moins. La grande. La légende.

Je sais que ma présentation d’elle sonne un peu comme une pub de Ford F150, mais c’est juste pour bien faire comprendre la place que la dame occupe au panthéon du cool de la musique acadienne, de la musique néo-brunswickoise et de la musique québécoise.

C’est un peu ça, la vraie force du BleuBleu. De permettre à des générations de se côtoyer dans l’allégresse et de mettre sous un nouveau spotlight, devant un nouveau public, des figures mythiques de notre mémoire musicale. Zachary Richard l’an dernier. Édith Butler cette année.

Une Édith dans une forme olympienne pour une dame de 83 ans, d’ailleurs. J’ai 35 et je dois prendre un puff de cortisol si je fais trop d’exercice, et madame Butler, elle, chante à pleine voix, joue de la guitare, joue de la planche à gratter, joue du triangle, et surtout, joue de l’harmonica comme une Jim Zeller en robe.

« J’étais au japon, une fois, et je suis tombé sur un livre qui parlait des plus grands harmonicistes du monde. Je l’ai acheté, me disant que j’allais pouvoir m’inspirer des meilleurs et peut-être apprendre de nouvelles techniques. Qui c’est que j’vois-tu pas dans une page en l’ouvrant? MOI. » nous raconte-t-elle avant de partir à rire et de se faire aller le ruine-babines.

Des anecdotes, en voulez-vous, en v’là, avec Édith.

« On a écrit cette chanson-là, La 20, dans le temps où la pancarte sur le bord de l’autoroute rimait déjà; Sainte-Eulalie, Saint-Valère, Saint-Albert, Trois-Rivières. À c’t’heure ils ont rajouté Victoriaville sur le panneau. Une maudite chance que c’était pas là avant. Ça aurait scrappé la rime. »

* Photo par Louis Matthey

Après, madame Butler a quand même 83. C’est sûr que y’a d’autres anecdotes plus confuses et des moments où elle semble un peu perdue dans la structure de ses chansons, mais elle peut à chaque fois compter sur la force tranquille qui l’accompagne sur scène et joue le rôle de phare dans la nuit en cas d’oublis ou d’accrocs: Loup Thibaut.

Le guitariste, arrangeur et dans ce cas-ci, genre de chef d’orchestre, est tout sourire tout au long du spectacle, guidant le band et sa chanteuse à travers toutes les transitions et tous les cues. Je sais pas si c’est lui qui a fait les arrangements de la version murder ballad de À la claire fontaine qu’ils ont joué, d’ailleurs, mais ça rentre en crousse. Jamais n’aurais-je cru entendre une toune qu’on chantait en pré-maternelle devenir aussi poignante.

Savez-vous qui d’autre était tout sourire tout au long du spectacle, peut-être même plus que Loup? Le monsieur en avant de moi dans la foule. Il a passé l’entièreté de la performance à regarder le public plutôt que la scène, le sourire fendu jusqu’aux oreilles, lâchant ponctuellement quelques « j’en reviens pas » et « ben voyons donc », ébahi qu’il était à la vue tant de jeunes qui dansent et chantent au rythme des pièces de la reine de Paquetville.

On vous comprend, monsieur. C’est vrai que c’était beau.

  • Petite note pour mentionner le moment où madame Butler s’est choquée contre des jeunes qui parlaient dans la foule. Ma lecture de la situation, c’est que c’était une mise en scène et elle niaisait. Mais je n’en suis pas 100% sûr. Dans tous les cas, le point reste valide, farmez vos djeules quand la madame chante.
  • Note supplémentaire pour les gros nerds (comme moi): le violoniste qui accompagne le band, c’est Tommy Gauthier. Un musicien qui jouait souvent avec Antoine Dufour, il y a genre 20 ans, dans le temps où les vidéos de Candyrat Records amassaient des millions de views sur Youtube.

* Photo par Louis Matthey

Marc à Paul à Jos en première partie

Mais qui est donc cet énorme gaillard, tout de cuir vêtu, longs cheveux poivre et sel, petite mandoline à la main qui a l’air deux fois plus petite vu l’ampleur du bonhomme qui la tient?

C’est Marc. Marc, à Paul. Paul, lui, était à Jos.

Pour les gens qui suivraient pas ou qui ne viendrait pas d’une région aussi éloignée que la mienne où en utilise encore parfois ce système de dénomination: Marc à Paul, c’est une vieille façon traditionnelle de clarifier de quel Marc on parle en disant de qui il est le fils. Dans ce cas-ci, Marc, fils de Paul. Pis dans les cas où ça clarifiait pas encore assez la situation, on rajoutait le grand-père.

Marc, à Paul, à Jos.

« On s’en câlice-tu, Josh. Le show était comment? »

Premièrement, j’aimerais désormais que vous m’appeliez Josh à Vince à Jacques.

Deuxièmement, fair enough.

Le show était très bon. Mandoline, basse, guit. Rythmes à la limite du bluegrass et de folklorique, avec, étrangement, des relents de métal, le tout dans un chiac impeccable. Marc (à Paul à Jos) est ingénieur de jour, dans la grand’ ville, mais il revient dans ce bout des temps à autres pour jouer de la musique. C’est d’ailleurs comme ça que les fondatrices du festival l’ont découvert, alors qu’il faisait une gig au Naufrageur à côté.

« C’était trop bon, fallait qu’on l’invite à BleuBleu, pas le choix. » annoncent-elles en ouverture.

Du flair. Elles ont du flair.

* Photo par Louis Matthey

Honeydrip et Ouri en DJ sets

Si hier, il n’y avait pas taaaaant foule pour High Klassified, aujourd’hui, y’a du monde à messe sous la tente de la plage pour Honeydrip et Ouri.

Notre théorie de « les gens sont pas venus vendredi à cause de la tempête » semble avoir été fondée.

Après, je vous mentirai pas, c’est difficile d’écrire une critique d’un DJ set. Mais je peux vous dire ceci:

  • Les transitions entre Honeydrip et Ouri furent d’un smooth spectaculaire.
  • Les gens dansent en tabarouette.
  • Y compris nous.
  • Fait pas chaud dehors, mais sous la tente, c’est chaud.
  • La sélection musicale est 10/10.
  • Je pense que Honeydrip porte une chaîne faite par Déchaînée, qui vendait ses créations au marché des artisans plus tôt.
  • Toute est dans toute.

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