Blanche Neige et le Miroir

Blanche Neige et le Miroir des Grands Ballets Canadiens | Jouer avec un classique

C’est dans une relecture fort contemporaine qu’Étienne Béchard présente Blanche Neige et le Miroir, dernière pièce des Grands Ballets Canadiens présentée à la Place des Arts jusqu’au 26 octobre. Malheureusement, la soirée était parsemée d’éléments inégaux, nous laissant tantôt bouche bées et tantôt à la limite de la déception.

Au lever du rideau, le Miroir se tient immobile. Face à nous, accompagné d’une trame à la sonorité robotique et d’une narration décousue, il entame le ballet de manière intrigante. Interprété avec brio par Étienne Delorme, cet être mystérieux vêtu d’un masque métallique et d’un complet noir marie agilité et fluidité, étant tantôt le confident de la Reine, tantôt son plus grand ennemi.

Ouvrir la soirée sur un tableau si particulier laissait présager une relecture très contemporaine et épurée d’un conte connu de tous. Et plus la soirée passait, plus cela se confirmait. La Reine, interprétée par Maude Sabourin, a ensuite fait son entrée accompagnée de Blanche Neige version enfant. L’interprétation de Sabourin est toujours sublime, laissant pleinement vivre ses personnages tant dans son corps que dans son visage. Ses lignes magnifiques étaient mises en valeur dans ses nombreux pas de deux ainsi que dans les numéros de groupe où elle exécutait de magnifiques portés à l’aide des autres danseurs.

blanche neige cr sasha onyshchenko4Photo par Sasha Onyshchenko.

Les pas de deux étaient tous magnifiquement chorégraphiés, créant d’intéressantes qualités de mouvement entre les danseurs, utilisant le sol autant que les airs pour des portés magistraux et des transitions flottantes. Les numéros de groupe étaient toutefois quelque peu inégaux. Que ce soit par une synchronisation pas toujours à point ou simplement des formations et des mouvements vus cent fois par le passé, certains moments semblaient s’éterniser.

Les costumes et la scénographie générale n’étaient malheureusement pas à tomber par terre. La palette complètement monochrome était peu attrayante à l’oeil, avec pour seule exception le manteau de Chavalant et les pommes rouges. Pourquoi le manteau? Je ne saurais dire. Les décors, un emboîtement de panneaux géométriques à relief, n’apportaient absolument rien à la pièce, hormis un endroit où se cacher pour les danseurs.

blanche neige cr sasah 02Photo par Sasha Onyshchenko.

Les danseurs principaux ont tous fait un travail magnifique. Célestin Boutin, qui interprétait Chavalant (mieux connu sous le nom du Chasseur dans le classique) ne cesse jamais d’épater par sa grace, sa force et sa fluidité. Tuesday Rain Leduc, ayant interprété Blanche Neige, dégageait toute la candeur et l’énergie qu’on associe à ce personnage. La Sorcière, interprétée par Vanesa Garcia-Ribala Montoya, était sublime, mais aurait pu être un peu moins propre dans son état. Ce personnage, associé à la laideur et à la jalousie, ressemblait à une magnifique sirène envoûtante, un choix qui rendait la Sorcière beaucoup trop proche de la Reine.

Pour ceux et celles qui sont particulièrement attachés aux 7 Nains, attention à vous. Vous serez étonnés de voir 7 personnes en morphsuit noir ressemblant plus à des ombres malignes qu’à des hommes de petite taille à la bouille sympathique allant piocher des pierres précieuses dans la vallée. La fin prend également au dépourvu. Blanche Neige, se faisant ressusciter par Chavalant porte maintenant un masque métallique et se joint aux hommes-miroirs.

Jouer avec les classiques peut être un jeu dangereux et ce ne sont malheureusement pas tous les éléments du spectacle qui auront relevé le défi.

À l’affiche de la Salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts du 22 au 26 octobre 2025. Détails et billets par ici.

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