Bénévolat à La Licorne | Une amitié touchante entre deux opposés
Amaryllis, jeune étudiante en science à l’université, rend visite une fois par semaine à Anthony dans un pénitencier pour lui donner bénévolement des cours de français. Tout oppose les deux protagonistes, ils vont pourtant apprendre à se connaître et être confrontés à la réalité de l’autre, plus ou moins malgré eux, entre deux exercices de français. À l’affiche du théâtre La Licorne jusqu’au 23 février, la pièce Bénévolat, écrite par Maud De Palma-Duquet, transporte le public dans cette salle de pénitencier et lui permet d’assister à l’évolution des deux personnages et de leur relation.
Deux opposés confrontés
Les deux personnages de la pièce sont totalement différents, ce qui rend leur rencontre et leurs échanges d’autant plus intéressants. Amaryllis est une jeune étudiante en sciences, studieuse, intelligente et ambitieuse. Anthony est un détenu, il n’a jamais fini son secondaire 1 et est persuadé de n’être qu’un «cave». Ils vont tous les deux avoir des idées reçues sur l’autre, leur personnalité, leurs envies et leur parcours. Certaines de ces idées vont s’avérer exactes, mais ils se rendront rapidement compte qu’ils ne comprennent et ne connaissent pas aussi bien l’autre que ce qu’ils croyaient.
Les deux personnages sont bien plus complexes et profonds que l’idée qu’on pourrait se faire d’eux à première vue. La pièce montre de façon brillante la complexité du monde et de la vie. Afin d’avoir accès aux pensées internes des deux personnages, des petits moments d’apartés vont être faits, on entendra Anthony parler au répondeur de sa mère entre les leçons. Et on entendra les pensées anxieuses d’Amaryllis, qui retrace certaines interactions qu’elle a pu avoir en y ajoutant ses pensées internes. Ces moments permettent au public de mieux comprendre les deux personnages, leur vie et leurs angoisses et de s’attacher davantage à eux.
Tout est dans les détails
Sur scène, le décor est simple, une fenêtre se trouve derrière une table qui est entourée de deux chaises. Un décor simple et terne, les personnages se trouvent dans une salle de visite d’un pénitencier. Cette simplicité fonctionne très bien, le public comprend où se trouvent les personnages sans problème, et n’est pas distrait par trop de choses, il peut se concentrer sur les personnages, leur gestuelle et ce qu’ils ont à dire.
Les tenues des deux protagonistes sont quant à elles plus complexes et intéressantes, elles permettent au public d’en apprendre un peu plus sur qui sont les personnages. Anthony porte un bas de jogging gris, un vieux pull sur lequel on peut voir des dessins enfantin, des chaussettes blanches et des claquettes. On comprend que son apparence n’est pas sa priorité, c’est un détenu. Malgré le fait qu’il soit prisonnier, son pull aux dessins enfantins lui donne un côté doux, innocent, un peu simplet. Il n’a pas fini de grandir, il n’est jamais vraiment devenu adulte. En ce qui concerne Amaryllis, sa façon de s’habiller et de se tenir montre que c’est une personne studieuse, sérieuse, adulte. Ses cheveux sont attachés en une queue de cheval plaquée, elle porte une chemise et un veston. Sa tenue semble stricte, cela va avec la discipline que la jeune femme semble appliquer à sa vie, tout est calculé, tout est en ordre.
Les tenues des personnages permettent également de montrer au public que ces deux personnes viennent de deux classes sociales totalement différentes. Alors qu’il porte de vieux vêtements, elle porte des vêtements neufs, repassés, de marque, ils ne viennent pas du même monde.
Des performances à couper le souffle
Bien que la pièce a de nombreux moments comiques, qui ont su déclencher de nombreux rires dans le public, certains passages sont très forts en émotions. Ces moments un peu plus profonds et touchants sont renforcés par les excellentes performances des deux acteurs.
Mathieu Richard, interprète de Anthony, saura couper le souffle du public lors de moments plus intenses, notamment quand son personnage se laisse emporter par la colère. Autre que la puissance des passages colériques, certains moments semblent réellement douloureux pour le personnage, la voix brisée, les larmes aux yeux, il se confie sur sa vie, des passages émouvants qui n’ont pas laissé le public indifférent.
Amaryllis est interprétée par Stéphanie Arav, l’actrice réussit avec brio à faire ressentir l’angoisse, le doute, la peur et la tristesse que ressent par moment son personnage. Ses yeux rougis dans lesquels on peut voir briller des larmes, son souffle court à cause de l’angoisse, le public oublie qu’en face de lui c’est une actrice et non pas juste Amaryllis et ses émotions.
Les performances des deux acteurs transportent le public tout au long de la pièce et lui permettent de tenir aux personnages, le public semble réellement être soucieux de ce qu’il va arriver ensuite. La pièce, avec son côté de comédie dramatique, saura faire rire le public et l’émouvoir, plusieurs membres du public ont d’ailleurs fini la représentation les larmes aux yeux.
Bénévolat est à l’affiche de La Licorne jusqu’au 23 février 2024. Billets et informations par ici.
- Artiste(s)
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- Ville(s)
- Montréal
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- La Licorne
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