crédit photo: François Goupil – Orchestre Métropolitain
Orchestre Métropolitain

Beethoven et le destin de l’Orchestre Métropolitain | Contrastes précis et réussis

Interpréter les neuf symphonies de Beethoven en l’espace de quatre jours : voilà le colossal défi que s’est lancé l’Orchestre Métropolitain, dirigé par Yannick Nézet-Séguin, la semaine dernière. Sors-tu? a assisté aux brillantes interprétations des 4e, 5e et 8e symphonies ce dimanche.

Il est 11h. La Maison symphonique n’est guère remplie, l’heure et le programme peut-être un peu moins alléchant que celui de d’autres concerts du marathon expliquent cela. Nézet-Séguin s’approche du micro et annonce le ton de la matinée : les pièces seront jouées « sous le signe du contraste ». On l’aurait compris de toute manière, l’orchestre a excellé dans ce domaine.

Après une sympathique interprétation de Ré_silience, courte œuvre de la compositrice actuelle Cristina García Islas (s’inspirant ouvertement de la Symphonie n° 8 de Beethoven et de son usage du métronome), qui laisse entrevoir une préférence pour l’ambiance au profit de mélodies marquantes, à la manière d’un Gustav Holst, c’est l’heure de passer aux choses sérieuses.

* Photo par François Goupil – Orchestre Métropolitain.

Comme le clair-obscur

Il faut attendre le quatrième mouvement de la Neuvième symphonie avant que la joie n’explose dans l’orchestre; dans la Huitième, dit « la petite symphonie », il ne faut attendre que quelques secondes après l’introduction.

Les hauts de l’orchestre ne sont pas si forts, mais les entrées, elles, sont précises, surtout pour les cordes qui détiennent la partition la plus compliquée. La légèreté de la composition donne l’impression qu’on gambade dans un champ au printemps.

Pas l’interprétation la plus marquante du programme, mais la Huitième symphonie est ce genre d’œuvre beethovénienne un peu trop « classique » pour laisser de l’espace à un jeu brillant et singulier.

* Photo par François Goupil – Orchestre Métropolitain.

Premier grand contraste avec la Quatrième symphonie, dont le premier mouvement, Adagio / Allegro vivace, est un véritable miroir du premier mouvement la Huitième symphonie avec ses airs aventureux et ses attaques espacées. L’OM s’adapte encore parfaitement au genre particulier de la symphonie.

Yannick Nézet-Séguin, malgré une combinaison entre les airs puissants et lyriques dans la symphonie, semble plus contenu que Payare, en mettant en parallèle les deux maîtres de la baguette montréalais.

Le destin frappe enfin à la porte

Après l’entracte vient l’heure de la Cinquième symphonie, au thème principal qui se retrouve probablement dans le gratin des airs les plus connus de l’histoire de la musique classique (vous voyez, ce thème-là : « pa, pa, pa, paaa »!). Le motif d’entrée est interprété trop rapidement, d’un avis personnel. Certains préfèrent laisser la quatrième note, le mi bémol, résonner une ou deux secondes de plus afin de faire comprendre le caractère si dramatique de l’œuvre que le public s’apprête à entendre. Comme dans l’enregistrement de la Philharmonique de Vienne et de Carlos Kleiber, vraie référence immortalisée en 1974.

Les nuances sont quant à elles superbes : le Scherzo laisse place au pianissimo le plus maîtrisé de l’orchestre dans la matinée alors que l’OM n’a jamais été aussi puissant pendant le concert que durant l’interprétation de l’Allegro final.

« On se revoit à 3h! », dit Yannick Sézet-Séguin après la fin de la Cinquième symphonie, invitant le public à revenir à la Maison symphonique dans quelques heures pour la clôture du cycle, Beethoven choral.

* Photo par François Goupil – Orchestre Métropolitain.

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