
Avec pas d’casque au Petit Champlain | Pour toutes les oreilles
Un concert pensé pour toutes les oreilles. Celles qui entendent trop fort. Celles qui se couchent tôt. Celles des enfants qui gigotent, ou des parents mélomanes dont les soirées sont rarement compatibles avec l’horaire des spectacles.
Le Théâtre du Petit Champlain s’est joint à cette belle initiative en ouvrant ses portes en après-midi dans ce cas-ci à Avec pas d’casque le samedi 3 mai dernier, dans le cadre des Concerts pour toutes les oreilles, une série née à Québec qui collabore avec des salles établies pour proposer des concerts familiaux, inclusifs, portés par des artistes d’envergure. Une démarche précieuse où l’art cherche l’oreille disponible, et où la rencontre entre le public et les artistes devient le cœur de l’expérience.
Ce n’est pas un spectacle pour enfants. C’est un spectacle avec les enfants. Le groupe présente ses pièces comme s’il s’agissait d’un répertoire pour petits, mais ce sont les mêmes chansons, celles qui évoquent un singe, un ours, un loup-garou. Tout est offert tel quel, dans une douceur complice, avec cette signature sonore linéaire, presque onirique. Les morceaux s’enchaînent comme de petits films mentaux : humour discret, minimalisme vibrant, tendresse continue.
Dès les premières notes, un climat apaisant s’installe. Lumière tamisée. Musiciens tranquilles, posés. Avec pas d’casque, pour cette tournée, c’est un quatuor… à cinq. Cinq hommes qui s’installent comme s’ils avaient toujours été là. La musique respire, habite l’espace avec pudeur. Sur un banc, un petit humain de trois pommes, les pieds dans le vide, le regard captif, fait corps avec la scène. Personne ne dérange. Chacun se sait chanceux d’être là.
Le groupe, né de la rencontre entre Stéphane Lafleur (voix, guitare) et Joël Vaudreuil (batterie), s’est étoffé de Nicolas Moussette (basse, lap steel), Mathieu Charbonneau (claviers, euphonium) et Simon Trottier (guitare, basse). Ensemble, ils tissent des paysages sonores modulaires, texturés, empreints d’une poésie chuchotée. La voix, au registre restreint mais assumé, glisse d’une note à l’autre avec justesse et intimité. Les tons cuivrés de l’euphonium ajoutent une ampleur enveloppante et les envolés du lap steel berce et fait rêver.
À mesure que le concert avance, l’intensité monte. Lentement. Les éclairages s’animent, un peu. La batterie reste contenue, mais pourrait rugir à tout moment. Dans Flamboyons, la ligne de basse attire l’oreille : un ostinato délicat, perché dans l’aigu, qui maintient l’ensemble comme une colonne vertébrale tendre.
Lors de Spirographe, certains enfants s’impatientent. Mais l’atmosphère d’accueil est telle que rien ne déraille. Même ces instants de flottement s’intègrent au paysage sonore, électro-éclaté, traversé de petites voix aiguës qui bondissent en stéréo dans la salle.
Avec pas d’casque, c’est une musique calme, texturée, poétique. Les corps restent immobiles, mais l’émotion circule librement. On écoute. On absorbe. On suit ce petit train sonore qui trace une route sans précipitation, soutenu par des accords qui durent, qui laissent la place aux textures, à la respiration.
Puis vient La journée qui commence est flambant neuve — le public chante. Les plus jeunes s’exclament, ils l’auraient volontiers entendue deux fois. D’autres titres familiers résonnent : Si on change les équipes ce n’est plus une revanche, et cette ligne qui reste en tête : Faut accepter le mystère.
Tout est assumé. Simple. Ça pourrait être compliqué, mais ça reste limpide. Le temps s’étire. Le silence devient musique. Le mystère est là, tranquille.
- Artiste(s)
- Avec pas d'casque
- Ville(s)
- Québec
- Salle(s)
- Théâtre Petit Champlain
- Catégorie(s)
- Acoustique, Canadien, Country, Folk, Francophone, Québécois,
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