As is (tel quel) au Théâtre Jean-Duceppe | Une pièce franche et directe

Présentée d’abord au Centre du Théâtre d’Aujourd’hui en 2014, la pièce As is (tel quel) écrite et mise en scène par Simon Boudreault, est maintenant montée au Théâtre Duceppe de la Place des Arts. Sors-tu.ca était présent à la grande première jeudi dernier. Excellents comédiens dans un décor impressionnant, humour et dureté face à la réalité, mise en scène originale et dynamique, tout y est malgré quelques failles. Retour sur une pièce franche et directe.


As is (tel quel)  met en scène Saturnin, un jeune universitaire de 20 ans sans expérience, qui se retrouve à travailler à l’Armée du rachat, un centre de tri communautaire, pour l’été. Jean-François Pronovost incarne d’ailleurs parfaitement la caricature de l’intellectuel trop gentil. Engagé dans un milieu où l’abus de pouvoir et les inégalités sociales règnent, il essaie de résoudre les conflits au sein des employés et finira toujours par envenimer la situation. Une histoire simple et bien construite.

 

Personnages minces, bonifiés par les acteurs

Tous plus clichés les uns que les autres, les personnages finissent par manquer de couleur, attirant plus la pitié que la compassion au final. Tony, le patron ex-danseur du 281 devenu has-been et escroc. Diane, l’ancienne toxicomane prostituée en manque d’amour. Celui qui se fait appeler Pénis, éternel adolescent bon à rien, mais plein de volonté. Sa mère Johanne, femme frustrée insatisfaite ou encore Richard, l’alcoolique en désintoxication qui a tout perdu. Ils ont beau être comiques et illustrer le propos, ça manque parfois de subtilité.

Cette légère lacune est toutefois éclipsée par le jeu des acteurs, qui ajoutent à ces personnages une tout autre dimension. L’interprétation de Tony par Denis Bernard et de Richard par Félix Beaulieu-Duchesneau notamment, sont dignes de mention. Les scènes où ceux-ci dialoguent avec Saturnin font partie des moments forts. Le contraste entre le jeune étudiant et les énergumènes qui l’entourent crée une excellente dynamique.

Là où Simon Boudrault a accompli un travail sans faute, c’est à la mise en scène. On se retrouve au sous-sol de l’Armée du rachat où sont empilés des objets de toute sorte pour créer le fameux « tas » à trier. Allant jusqu’au plafond, les comédiens y grimpent, sortent de sous les meubles ou encore arrivent par l’arrière de la salle.

De son écriture juste et habile, l’auteur et metteur en scène arrive à bien traiter l’intégration au travail ainsi que le fossé qui existe entre la classe ouvrière et intellectuelle. On passe rapidement du rire à la tristesse, parfois même en musique. Lorsque les personnages chantent leur misère par contre, ils le font trop longtemps.

As Is est une pièce véridique, illustrant tel quel des individus laissés pour compte, victime de préjugés en société et les conflits dans lesquelles ils vivent. À quelques détails près, une excellente réflexion des plus divertissante.


* As It (Tel Quel) sera à l’affiche du CNA, à Ottawa, du 28 au 31 octobre 2015. Détails par ici.

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