1984
Le spectacle tiré du roman culte d’anticipation 1984 de George Orwell s’empare de la scène du Théâtre Denise-Pelletier du 9 novembre au 7 décembre 2016. Adaptation des auteurs britanniques Robert Icke et Duncan Macmillan, cette œuvre phare d’Orwell est traduite par Guillaume Corbeil et mise en scène par Édith Patenaude, deux jeunes créateurs de plus en plus aguerris, passionnés autant par la force manipulatrice de Big Brother que par celles de l’art scénique et du septième art. La pièce met en évidence la société de surveillance, la réduction des libertés individuelles, mais aussi les mécanismes mis en place par l’homme pour cadenasser la pensée. Coproduit par le TDP et le Trident, 1984 a reçu un accueil fort éloquent à sa création dans la ville de Québec la saison dernière.
Dans un régime dirigé par Big Brother, Winston Smith (Maxim Gaudette) est chargé de réécrire l’Histoire dans le cadre de son travail au ministère de la Vérité. Il demeure à chaque instant susceptible d’être traqué par la police de la pensée. Malgré cela, il tente de comprendre la motivation de la dictature totalitaire mise en place. Il commence à écrire un journal afin de laisser une trace de la vérité. Amoureux de Julia (Claudiane Ruelland), il rêve comme elle d’un soulèvement. Tous deux croient fermement à cette Fraternité de résistants que dirige clandestinement le charismatique O’Brien (Alexis Martin). O’Brien est-il le seul espoir pour que Winston échappe aux châtiments, prix à payer pour ses crimes envers le parti ?
Publié en 1949, 1984 est le plus célèbre roman de son auteur et est devenu un incontournable pour qui s’intéresse à la dystopie et la science-fiction. La lumière que jette George Orwell sur le monde est crue. C’est pour ce roman qu’Orwell invente le concept de Big Brother, une autorité suprême qui surveille constamment la population tout en réduisant ses libertés au minimum. Depuis, le terme est passé dans le langage courant pour désigner métaphoriquement toute forme de surveillance par l’autorité au pouvoir.
« C’est à se demander si 1984 n’est pas plus vibrant d’actualité aujourd’hui qu’au moment de son écriture. Orwell réagissait alors aux pouvoirs totalitaires en place. Il ne devait pas s’imaginer qu’il était à ce point visionnaire dans son intuition de l’écran comme moyen ultime de contrôle de la pensée. La télévision, alors, n’existait même pas », souligne Édith Patenaude.
Aujourd’hui, on le sait, les écrans sont omniprésents, le Big Data et ses algorithmes occupent le cyber espace touchant directement à notre vie privée, les dictatures sont encore présentes dans de nombreux pays… En 2016, le spectacle 1984 ne peut manquer de résonner chez le spectateur familier du roman – tous ceux qui l’ont lu ne l’ont jamais oublié – et chez les adolescents à l’âge de se définir et de se positionner face au conformisme, à la pensée unique et la rectitude qui constituent une menace insidieuse à la liberté de pensée et la capacité de réfléchir.