crédit photo: Yanick Macdonald
Affaires intérieures

Affaires intérieures à l’Espace Go | Une expérience unique

Dans la pièce Affaires intérieures, la comédienne Sophie Cadieux, l’artiste multidisciplinaire Mélanie Demers et la compositrice et chanteuse Frannie Holder allient leurs talents pour présenter un spectacle qui sort de l’ordinaire. La pièce aborde des questions existentielles et philosophiques, pour essayer de comprendre ce qu’il se passe à l’intérieur, sous la surface. Ces questions sont abordées sur un ton comique et sous la forme d’une courte comédie musicale. Affaires intérieures est à l’affiche de l’Espace Go jusqu’au 11 février, et les spectateurs n’en ressortiront pas indifférents.

Une mise en scène intrigante

Lorsque le public entre dans la salle, avant même que la pièce ne commence, son attention se porte sur le décor se trouvant devant lui. De grandes boules roses et poilues flottant dans le ciel et recouvrant une partie du sol de la scène. Une fois la pièce commencée et les projecteurs allumés, le décor est davantage visible, mais ne prend pas nécessairement pour autant tout son sens. Ces boules roses, cette moquette assortie, les personnages semblent évoluer dans un lieu inconnu. Cela pourrait être une planète inconnue, l’intérieur d’un corps humain, une grotte atypique, les possibilités sont nombreuses et ce sera au public de choisir quelle interprétation lui convient le mieux.

* Photo par Yanick MacDonald.

La lumière renforce l’impression de se trouver en profondeur, certaines boules roses dans le fond sont éclairées, ce qui forme comme un passage. Si tout n’était pas dans les tons roses, on pourrait être sûr de se trouver dans une grotte, profondément sous terre. La lumière permet de rendre la scène très grande, mystérieuse, avec de nombreux recoins et coins sombres. Une chose est sûre, on se trouve en terre inconnue.

À plusieurs reprises, les actrices vont se mettre à chanter ou à danser, ce qui rajoute un côté comique à la pièce et ce qui l’empêche de n’être qu’un questionnement philosophique et angoissant. Ces moments de danse et de chant arrivent souvent sans prévenir, et permettent au public de laisser échapper un rire et de faire descendre la pression.

Des questions existentielles

Les personnages vont s’interroger sur la question des frontières, celle de ce qu’est le vide, le néant, de ce que les humains représentent et la place qu’ils prennent dans l’univers, le bruit que chaque chose fait, et bien d’autres encore.

Toutes les questions abordées n’ont pas nécessairement de réponses, certaines ne sont là que pour évoquer l’angoisse de l’existence, la peur du néant, la douleur qui vient avec le simple fait d’exister.

Les questionnements et les sujets abordés ont un côté très philosophique, les différents membres du public ne vont pas comprendre et intégrer les idées proposées de la même façon. L’œuvre est très subjective et laisse à chacun l’opportunité de se faire sa propre idée.

Une oeuvre féministe

Au-delà du fait que le projet a été créé par trois femmes, Sophie Cadieux, Mélanie Demers et Frannie Holder, et que de nombreuses femmes ont été impliquées afin que le projet voie le jour, dont, entre autre, l’assistante à la mise en scène Anne-Marie Jourdenais ou la scénographie de Geneviève Lizotte, l’oeuvre en elle-même à un côté féministe.

* Photo par Yanick MacDonald.

Au cours de la pièce, la condition des femmes va être abordée. Tout comme la peur que certaines femmes peuvent ressentir à l’idée de sembler faibles si elles sont douces et aimantes. La pièce parle également des femmes qui regrettent d’avoir des enfants, ou de celles qui ont besoin de plus d’espace pour elles en dehors de leur vie familiale, un sujet qui, bien que plus évoqué aujourd’hui, reste assez tabou.

Tout au long de la représentation, la pièce va être abordée avec un regard très féminin, les féminins des mots vont davantage être utilisés que leur masculin. C’est comme ça qu’on va entendre «Soeur», «maman», «elle», plutôt que «frère», «papa» ou «il», alors que grammaticalement « le masculin l’emporte sur le féminin», ici l’inverse semble être fait.

La pièce reste une œuvre complexe et très conceptuelle, certaines choses se comprennent mieux avec un peu de recul. Tous les membres du public ne seront pas marqués par les mêmes passages et ne tireront pas la même chose de la pièce en sortant de la salle. Mais Affaires intérieures est une expérience unique et intéressante, qui lie les talents des trois femmes derrière sa création.

Affaires intérieures est à l’affiche de l’Espace GO jusqu’au 11 février 2024. Détails et billets par ici.

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