AC/DC

AC/DC au Stade Olympique de Montréal | L’inextinguible flambeau

Il ne se fait pas tellement plus classique comme soirée rock’n’roll qu’AC/DC au Stade.


Sans surprise, les bornes Bixi sont vides devant le Stade Olympique, mais le stationnement fourmille de pickups et de SUV. Dans le hall du gros édifice, les spectateurs affluent, souvent vêtus d’un combo jean/t-shirt du groupe, et gueulant en caps lock des « AAAAAACiiiii/Diiiiiiiciiiiiii, wouuuuuu! » et autres cris de testostérone pas très précis. Plusieurs dames se sont mises sur leur trente-six, version CHOM FM, c’est-à-dire « rockeuse cinquantenaire sexy ». On sent d’ores et déjà que les hits du groupe auront un succès boeuf auprès d’un public aussi enthousiaste avant même d’être vraiment sur place.

Il faut dire que pour tous les défauts qu’on puisse lui trouver – notamment sa laideur, sa froideur et sa réputation tout-à-fait justifiée de poubelle sonore – le Stade Olympique donne au moins l’impression nette d’assister à un grand rassemblement. Ça titille l’agoraphilie. Même dans un Centre Bell rempli à rebord, il n’y a jamais 40 000 spectateurs, comme ce fut le cas lundi soir au Stade. Quarante-mille signes de « devil », ça fait beaucoup.

À vue de nez, une personne sur quatre portait des petites cornes lumineuses sur la tête. Genre 10 000 paires de cornes dans le Stade. Ça fait beaucoup de petites pointes lumineuses lorsque tombent les lumières de la salle, vers 20h45, sous un tonnerre d’applaudissement. Ça n’allait pas être le seul tonnerre de la soirée, évidemment.

 

Comme si le temps s’était arrêté

Après une intro complètement crackpot impliquant un alunissage, un météorite projeté par un volcan lunaire, un train interstellaire qui file à vive allure et une explosion digne d’un film catastrophe, les vieux rockeurs ont pris la scène sur l’air de Rock Or Bust, chanson titre de leur plus récent album.

Ça a beau être du nouveau matériel, on a l’impression que les bonhommes n’ont pas changé d’un iota depuis… toujours.

  • Brian Johnson ressemble toujours à Robert Charlebois coiffé de ce que les Anglais appellent une « newsboy cap » – son look classique – et il chante toujours comme une corneille.
  • Angus Young ressemble toujours à Yves Corbeil sur le crack, et se fait toujours aller la petite patte de côté en se déplaçant latéralement à petits bonds. Il ne fait pas ses 60 ans dans son habit d’écolier en culottes courtes.
  • Avec sa chevelure douce, Cliff Williams ressemble de plus en plus à Manon Massé, et fait toujours des drôles de faces en jouant de la basse.

Mais surtout, AC/DC sonne comme AC/DC. Même dans le fouillis sonore du Stade, où l’on peine à différencier Hell Ain’t a Bad Place to Be de Shoot To Thrill tant l’écho tonitruant de la structure de béton résonne mal, on finit par s’y retrouver. Parce que les riffs d’Angus Young et la voix nasillarde de Brian Johnson ont marqué l’imaginaire collectif comme peu de groupes hard rock ont réussi à le faire.

Il est vrai que malgré tout son bon vouloir, Johnson n’arrive plus à atteindre les notes aigües de Thunderstruck, notamment, mais la vraie star de toute façon, c’est davantage Angus, qui multiplie les solos de guitare et donne tout un show de grimaces et de petites manoeuvres rock’n’roll (comme un solo de guitare avec sa cravate). Une présence physique très demandante.

Angus Young dans toute sa splendeur. Photo par Shanti Loiselle.

Angus Young dans toute sa splendeur. Photo par Shanti Loiselle.

Bémol à souligner : on a noté beaucoup de temps morts entre les chansons. Ce n’est pourtant pas un show à la Lady Gaga où les musiciens changent de costumes à tout bout de champ. On se demandait bien ce qu’ils faisaient derrière les rideaux pendant ces longues secondes d’inactivité. « Pour moi, ils se boostent à l’Ensure », de suggérer un spectateur derrière nous. C’est pas très gentil. (Mais si ça se trouve, c’est peut-être vrai…).

Avec autant de hits fédérateurs, AC/DC peut toutefois se permettre ce genre de bris de momentum. Parce qu’il suffit d’un riff d’Angus pour repartir la machine.

Toutes les démesures permises en terme de mise en scène ont été incluses : les pétards, les flammes, les canons pendant For Those About To Rock (We Salute You), la grosse cloche durant Hells Bells, la prostituée gonflable géante dans Whole Lotta Rosie, une pluie de confettis pendant le solo de Let There Be Rock, et quoi encore.

C’est gros, intense, un peu cliché et prévisible mais jamais ennuyant, un peu comme un gala de lutte. Ça sent la sueur et les hot-dogs, la bière et l’huile à moteur.

C’est AC/DC au Stade, quoi.

Grille de chansons

Rock or Bust
Shoot to Thrill
Hell Ain’t a Bad Place to Be
Back in Black
Play Ball
Dirty Deeds Done Dirt Cheap
Thunderstruck
High Voltage
Rock ‘n’ Roll Train
Hells Bells
Baptism by Fire
You Shook Me All Night Long
Sin City
Shot Down in Flames
Have a Drink on Me
T.N.T.
Whole Lotta Rosie
Let There Be Rock

Rappel
Highway to Hell
For Those About to Rock (We Salute You)

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