crédit photo: Marc-André Mongrain
Festival Acadie Rock

Acadie Rock 2022 | Quand la Reine acadienne règne sur son royaume

Il y a de ces images qui marquent l’histoire d’un festival. La bonne artiste, au bon moment, dans le bon contexte… Comme Lisa Leblanc, qui trône sur les épaules de Serge Brideau, jouant du banjo et entonnant « Aujourd’hui, ma vie c’est d’la marde » les cheveux mouillés de sueur, entourée de quatre drag queens, ses amis des Deuxluxes et Jeremy Dutcher. Le pinacle dont tous les événements acadiens rêvent…

C’est ce qui est arrivé lundi soir au Parc riverain de Moncton. Pour le retour d’Acadie Rock. Pour le grand spectacle du 15 août, jour de fête nationale pour les Acadiens. Avec une météo parfaite.

Les astres étaient alignés pour une soirée mémorable, et c’est pas mal ce qui s’est passé.

Lisa Leblanc, reine du disco chiac et disons-le, reine de l’Acadie tout court, donnait un spectacle prime time devant une foule bondée et enthousiaste à souhait, sur le site pouvant contenir jusqu’à 7000 personnes.

La fierté de Rosaireville, petite communauté à une centaine de km au nord de Moncton, présentait pour la première fois dans son patelin le contenu de son plus récent album Chiac Disco, paru plus tôt cette année. Des titres comme Pourquoi faire aujourd’hui et Gossip semblent déjà être des classiques familiers pour les fans.  Mais il y avait aussi quelques bons vieux hits comme Kraft Dinner et J’pas un cowboy, ainsi que quelques titres anglophones dont You Look Like Trouble (But I Guess I Do Too), et sa décoiffante reprise d’Ace of Spades de Motorhead, qui a, contre toute attente, occasionné un moshpit (dont un gars en est ressorti le nez en sang!).

 

Ça brassait dans la cabane ! Les ballons de plage à l’effigie du festival revolaient partout, et les festivaliers chantaient toutes les chansons en choeur, ça y allait par là !

Puisqu’elle était entourée de ses bon.nes ami.es, on a eu droit à plusieurs moments spéciaux, comme Le Menu acadien chanté par les drag queens Sami Landry et Chiquita Mére, ou encore Tite gêne avec Anna Frances Meyer à la flûte traversière et Jeremy Dutcher (!) aux choeurs et à… hum, l’enthousiasme débordant !

Et cette scène d’anthologie décrite ci-haut, en premier paragraphe.

Un délicieux party chaotique, mais mené de main de maîtresse par une Lisa Leblanc en pleine possession de ses moyens, et soutenue par un band sur la coche.

Acadie Rock n’aurait pas pu rêver à une meilleure façon de célébrer le 15 août !  Ce sera dur à battre pour les prochaines années !

Les Hôtesses et Laura Niquay

Ah, en lisant ce premier paragraphe, il serait logique d’imaginer que ce soit la conclusion de la soirée…

Même pas.

Après Lisa, Les Hôtesses d’Hilaire montaient sur scène afin de clore les festivités.

Ça se peut-tu qu’il y ait du monde sans emploi ou qui se câlissions (sic) de leur job icitte à soir?

Le chanteur des Hôtesses, Serge Brideau, se doutait bien que les fêtards qui restaient pour voir le dernier show à 23h30 un lundi soir étaient pour le moins téméraires. D’ailleurs, il souligne avec raison que le 16 août devrait être un jour férié : « Hangover Day », suggère-t-il. Pas fou, ça mérite qu’on y réfléchisse…

Dans un registre passablement plus champ gauche que Lisa Leblanc, Les Hôtesses d’Hilaire ont donc eux aussi présenter des chansons toutes nouvelles pour la première fois devant une foule extérieure, à Moncton, dont Washed Up Rock Band (juste après avoir dû gérer une panne de clavier qui a coûté une bonne dizaine de minutes au set des Hôtesses, heureusement bien comblé par une improvisation inspirée) et Safe to Say (avec les queens de la soirée).

Eux aussi, ils ont su intégrer leurs classiques, comme une version longue et planante de MDMA, l’accrocheuse et subversive Post Ta Shit, et Super Chiac Baby, durant laquelle le guitariste Mico Roy s’est permis un petit solo de guitare avec une caisse de bières Alpine vide sur la tête, style Buckethead version acadienne.

Le band a aussi profité de sa fête nationale pour revisiter, très très brièvement, « une chanson acadienne traditionnelle »… soit Les Violons d’Acadie d’Alain Morisod & Sweet People ! En voulez-vous du sarcasme ?

En somme, trop courte prestation, qui s’est ironiquement terminée avec Une bonne bouteille de vin en chuchotant presque pour ne pas trop brusquer ceux et celles qui souhaitent faire respecter le couvre-feu de minuit-trente… On en aurait pris plus !

Plus tôt en soirée, Laura Niquay a offert une très belle prestation avec ses chansons folk-grunge en Atikamewk, on a manqué Les Deuxluxes (pour aller manger hors du site), mais on a pu faire la découverte du groupe à tendance disco néo-brunswickois Spoutnique, qui infuse son disco de deep house et de post-punk.

Tout ça au terme du traditionnel Grand tintamarre qui a tonné dès 17h55, tradition oblige ! Petits et grands ont déambulé durant une vingtaine de minutes, en partant du parterre devant le Centre culturel Aberdeen en destination du Parc riverain, en faisant sonner clochettes et trompettes pour rappeler au monde qu’ils existent, et que la francophonie canadienne n’a pas l’intention de se taire !

Ce sera un peu plus tranquille demain, alors qu’Acadie Rock se poursuit avec un petit set de Jacques Surette aux Brumes du Coude à 16h, et une soirée de poésie au Centre Culturel Aberdeen en soirée. Un menu digne du fameux « Hangover Day » réclamé par Serge Brideau…

Un autre gros show extérieur gratuit au Parc Riverain se trame toutefois pour mercredi soir avec Les Louanges, Klô Pelgag, Les Hay Babies, Menoncle Jason et le Winston Band !

On vous revient jeudi, avec un résumé de ces deux soirées !


 

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