Critique spectacle: Rachid Badouri à Montréal
Samedi 14 mars 2009 – Théâtre St-Denis 1 (Montréal)
Même si le Québec n’est plus autant plongé dans la crise des accommodements raisonnables qu’en 2007, le premier one-man à saveur multiethnique de Rachid Badouri, Arrête ton cinéma!, demeure toujours aussi couru et pertinent.
Le principal intéressé nous en a fait la démonstration hier soir, au Théâtre St-Denis 1, alors qu’il a fait rire et vibrer les 2200 spectateurs réunis pendant près de trois heures.
Il faut dire qu’au-delà des blagues et imitations raciales (de bon goût, faut-il préciser) qui meublent le contenu du spectacle, il y a également la prestance de Badouri qui nous tient en éveil. Soutenu par des effets d’éclairage qui transforment de temps à autres le spectacle en mini vidéoclips vivants, la prestation de Rachid tient de la performance.
Décidemment, il sait danser, le Rachid. Et il s’en sert allègrement. Il nous raconte que toute sa vie, il a voulu être Michael Jackson et c’est sans surprise qu’il nous prouve qu’il sait très bien l’imiter lors d’un numéro qui est consacré au «Roi de la pop» déchu.
Toujours dans le retour vers le passé, Badouri nous ramène également à l’époque de ses premières sorties dans les discothèques, à son époque de «fresh» et à son premier emploi : agent de bord.
Ce numéro est sans doute le plus réussi de tout le spectacle. Il se révèle alors comme un excellent conteur, tout en faisant bon usage de son aise avec la gestuelle et effleure du même coup un sujet plutôt singulier : le point de vue d’un agent de bord d’origine berbère après le 11 septembre 2001!
Son hommage au cinéma en toute fin de spectacle (d’où provient le titre du spectacle; on le comprend un peu tard) et les récits de son voyage familial dans le Maroc d’origine de son père font également partie des bons numéros où les multiples talents de l’humoriste s’amalgament à merveille.
Le tour du monde
À l’image de sa Belle Province natale (il est né à Laval), Rachid Badouri mijotent les diverses cultures auxquelles il se frotte, et se plaît à en caricaturer les différences tout en soulignant au fond ce qui les rassemblent toutes.
Son imitation d’un personnage vietnamien en vaut presque à elle seule le prix d’admission. Il imite aussi les accents français, africains et bien sur, arabes sans le moindre problème.
Il utilise également sa famille, qu’il affectionne visiblement, comme personnages, tout particulièrement son père, à qui il doit une expression récurrente dans le spectacle: «Salopard!». Les adeptes de Badouri en ont fait un culte, au point où il est possible de s’acheter, durant l’entracte, un chandail de Rachid Badouri sur lequel il n’est inscrit que ce mot.
Les spectateurs présents au Théâtre St-Denis samedi soir dernier ont d’ailleurs eu le privilège de rencontrer le vrai papa de Rachid, ainsi que sa mère, tous deux présents dans la salle. L’humoriste ne s’est pas gêné à les présenter à la fin du spectacle et la foule les a accueillis avec toute la chaleur que l’on réserve à des personnages qui ont frappé notre imaginaire.
En rappel, Rachid Badouri s’est assuré de faire rester le public en place pour ensuite tendre le micro à une poignée d’humoristes de la relève. Finale plus ou moins réussie, mais le geste de profiter de son succès pour tenter de donner un coup de main à la relève est fort honorable.
- Artiste(s)
- Rachid Badouri
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre St-Denis
- Catégorie(s)
- Humour,
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