Critique théâtre | Scratch au Théâtre la Licorne
Scratch c’est une histoire de poux et de cancer. C’est surtout un plongeon en plein cœur de l’adolescence avec toute la fougue et les questionnements qui viennent avec. Autour du thème du deuil, le récit se construit habilement, donnant la parole à des personnages forts et d’une belle sincérité. Comment doit-on traversé une telle épreuve lorsqu’on a seulement 15 ans, comment laisser partir la femme ou la sœur qu’on a tant aimée?
Anna du haut des ses quinze ans a les hormones dans le tapis, comme on dit, elle rêve d’embrasser un homme. Par contre, la jeune adolescente à un petit quelque chose de différent… Elle a la tête infestée de poux! Ses parents, des artistes à l’esprit bohème, ne veulent pas utiliser de produit chimique pour débarrasser leur fille de cette invasion.
Il n’y a pas que les indésirables qui se cachent à travers ses cheveux qui rendent la jeune fille différente, la mère d’Anna est atteinte d’un cancer, elle va sans doute mourir. Scratch! Tout s’écroule, tout le monde est affecté par la nouvelle. Son père éperdument amoureux de sa femme, sa tante – qui a une passion pour les boîtes de mouchoir toujours pleines – sa meilleure amie et même le poète sans talent engagé pour préparer les repas de la malade. Tous seront chamboulés par l’annonce de cette terrible maladie. Tous voudront raconter leur histoire à leur manière, mais c’est à travers les yeux d’Anna que nous assisterons à tout cela, c’est son histoire et celle de personne d’autre qui se jouera devant nos yeux.
Lorsqu’une histoire est réellement touchante, il en faut peu pour atteindre sa cible. Un décor très sobre habite la scène, un grand lit et quelques chaises et des poutres en bois nous laissent imaginer les différents espaces. Un grand mur à l’arrière tapissé de papier collant. Ces rubans blancs sont un peu à l’image des partis de sois qu’on se fait arracher quand quelqu’un d’important pour nous meurt, des partis de sois qu’on se fait arracher quand il faut devenir un adulte. Ou comme Madeleine, la meilleure amie d’Anna, qui tente d’y ajouter un peu de couleur. Une toile qui ne demande qu’on lui raconte son histoire et que l’on y colore la tristesse.
La force des mots de l’auteur Charlotte Corbeil-Coleman et la mise en scène rythmée de Sébastien David nous font aller au-delà des paroles, creuser là où on se sent incapable d’aller, incapable de dire. L’interprète d’Anna, Émilie Cormier, nous offre une adolescente pleine de désarroi à qui l’on voudrait dire que tout va bien aller. Quoique par moment on ressente une certaine retenue chez la comédienne qui ne semble pas se laisser aller, un trop grand contrôle de ses émotions.
D’un autre côté, le jeu tout en retenu de Monique Spaziani et Henri Chassé, les parents de l’adolescente, parvient à émouvoir avec très peu de mots. Avec sobriété et tendresse, les amoureux se font leurs adieux. Tout le contraire de Micheline Bernard, la tante, et de Marie-Ève Milot — en meilleure amie inséparable — les deux actrices débordent d’énergie et d’une forte envie de vivre qui fait du bien et apporte un petit vent de fraicheur à la pièce. Sans oublier, l’accent chantant de Robin Joël Cool en poète raté et attachant qui promène sa prose maladroite tenter d’apporter son réconfort. Cherchant le moyen de réconforter l’adolescente désemparée, même si ce moyen n’existe sans doute pas.
Scratch est empli des ces contradictions qu’apporte le deuil, les grands moments de tristesse et de fous rires qui sont toujours là malgré tout. Chose certaine, la pièce apporte un regard différent et intéressant sur l’adolescence et la mort. À force d’entendre parler de poux, il y a de fortes chances pour que vous vous grattiez le fond de la tête en sortant de la salle!
- Artiste(s)
- Scratch
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- La Licorne
Vos commentaires