Critique | Alt-J au Théâtre Corona de Montréal
Les quatre jeunes hommes britanniques du phénomène Alt-J étaient de retour à Montréal lundi soir, six mois après leur passage discret au Café Campus et quatre mois et demi avant Osheaga. Cette fois, on retrouvait Alt-J dans un Théâtre Corona Virgin Mobile qui affichait complet depuis des lunes (en grande partie des jeunes hipsterettes hystériques de 18-20 ans), au beau milieu d’une ahurissante histoire à succès.
Les quatre timides garçons d’Alt-J doivent être doués en ski nautique. Au sens figuré, bien sur ; comme dans « l’art de se faire tracter par un bateau qui file à vive allure ».
La carrière d’Alt-J a pris des proportions impressionnantes en peu de temps. Leur embarcation est partie pour la Gloire (avec un grand G), moins d’un an après la parution du premier disque. Il ne serait donc pas si surprenant de les voir se casser la gueule sur scène. Ou du moins, de ne pas être à la hauteur.
Pourtant, musicalement, les quatre talentueux musiciens assurent et reproduisent assez fidèlement le contenu de leur excellent album An Awesome Wave, l’une des meilleures parutions de 2012, tous genres confondus.
La voix de Joe Newman, parfois harmonisée avec celle du claviériste Gus Unger-Hamilton, s’impose parfaitement au-devant d’une musique bien dosée et joliment interprétée. Comme sur l’album, les mélodies complexes et efficaces sont accentuées par un jeu de batterie très inventif de Thom Green, qu’il fait bon voir à l’oeuvre en personne.
Lorsque la musique se fait douce (Tessellate, Mathilda), Alt-J installe bien l’ambiance. Et lorsque ça devient plus percutant (Fitzpleasure, Breezeblocks et Taro au rappel), Alt-J lève le ton. La grille de chansons est d’ailleurs parfaitement calibrée pour les besoins de la cause. Pas surprenant qu’ils reprennent toujours la même d’un soir à l’autre en tournée.
Les éclairages (assez élaborés) ajoutent du dynamisme à la prestation du groupe, qui occupe la scène de façon encore un peu timide et maladroite. Ça compense aisément, surtout dans un environnement comme celui du Théâtre Corona. Sage décision, d’ailleurs, de ne pas avoir transféré le concert au Métropolis – à l’instar de Tame Impala et Edward Sharpe and the Magnetic Zeros – en dépit de la forte demande pour les rares billets.
Trop court?
Au final, le groupe aura joué tout l’album, sauf quelques interludes, ainsi qu’une nouvelle/chanson hors-album (Hand-Made), Buffalo qui est tirée de la trame sonore de Silver Linings Playbook, et une étonnante reprise a capella de A Real Hero de College (que l’on retrouve sur la trame sonore du film Drive), toutes deux au rappel.
Dans la ligne d’attente pour récupérer les manteaux au vestiaire (il était à peine 22h15), on n’entendait que du bien, à l’exception du classique: « c’était beaucoup trop court! » Vrai que 50 minutes, c’est peu pour un groupe aussi adoré qu’Alt-J.
Mais avec un seul album à leur actif, constitué de compositions aussi bien définies, comment auraient-ils pu jouer plus longtemps ? Quand même pas en ajoutant des solos de guitare ou Dieu sait quel autre truc de remplissage de show…
Court et intense, c’est parfait pour une formation en début de carrière. De toute façon, on pourra les revoir dans quatre mois et demi, à Osheaga. Et si l’on se fie la réaction de la foule, ils risquent de revenir nous visiter souvent, les jeunes Brits.
Grille de chansons
Intro
(Ripe & Ruin)
Tessellate
Something Good
Buffalo
Dissolve Me
Fitzpleasure
Matilda
Bloodflood
Ms
Breezeblocks
Rappel
Hand-Made
A Real Hero (reprise de College, a capella)
Taro
- Artiste(s)
- alt-J
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Théâtre Corona
- Catégorie(s)
- Indie Rock,
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