crédit photo: Pierre Langlois
Destroyer

Destroyer au Foufounes Électriques | 24 ans de chansons avec un artistes au sommet de son art

Allons-y de quelques confidences en commençant. Je suis un énorme fan de Destroyer, ce qui teintera fort probablement mon jugement, mais à en croire la réaction de celleux qui m’entouraient, je ne dois pas non plus être complètement à côté de la plaque. Mon amour du projet musical de Dan Bejar remonte à il y a quand même quelques années, comme probablement pour plusieurs à Kaputt, album qui est à mon avis, et je n’en démorderai pas, l’un des meilleurs de l’histoire canadienne, au même titre que Jaune, Funeral ou Harvest. Dan’s Boogie, petit dernier du Vancouvérois autour duquel s’axe la présente tournée, ne m’a pas non plus déçu, étant l’un de ses meilleurs des dernières années et figurant dans mon actuel top 3 de l’année (aux côtés de FKA twigs et Bad Bunny si vous vous demandiez).

Donc, tout ça pour dire que j’arrive hier, le 9 mars 2025, aux Foufounes électriques avec un mélange de hâte et d’appréhensions. Appréhensions, oui, parce qu’on s’entend que c’est particulièrement rare de se retrouver devant un groupe qui sonne bien dans un salle plutôt faite pour trasher que pour écouter de la musique plus contemplative. J’aurai toutefois été agréablement surpris à ce niveau : même si on retrouve sept musiciens sur scène, avec presque l’entièreté de l’espace occupés par divers instruments et autres bidules sonores, le son est limpide, évolutif et laisse une place d’honneur à la voix de Dan, portée tout croche comme à l’habitude par son éternel SM57.

destroyer foufounes electriques montreal 2025 04

Son évolutif, et tant mieux, parce que l’artiste et ses musiciens exploreront la majorité de sa carrière à travers l’heure et demie que durera le spectacle. Des débuts freak folk noisy (Streethawk: A Seduction et Destroyer’s Rubies), aux élans synthpop de ken avec l’alternatif contrapuntique plus standard que l’on associe de manière générale au projet, tout y passera dans un ensemble qui parviendra néanmoins à rester cohérent tout au long de la soirée, notamment grâce au remarquable travail d’arrangements. Pas de Joseph Shabason, déjà, pour ses nombreuses trames de saxophone sur le plus vieux matériel, ici remplacé avec habilité par une trompette amplifiée et distordue, avec le reste de l’ensemble qui se réinvente bien de la même façon.

destroyer foufounes electriques montreal 2025 10

Le spectacle part en force, donnant le ton avec l’excellente The Same Thing as Nothing at All, pièce coîncidemment d’ouverture du dernier opus de Destroyer. Les synthés s’y font majestueux, avec Dan qui prend son temps pour s’installer et prendre ses aises sur le peu d’espace qui lui est consacré. Comme à plusieurs reprises, il n’hésite pas à s’agenouiller lors des séquences instrumentales, pour laisser ses musiciens lui voler momentanément la vedette, une attention que l’on apprécie. Sans attendre, on continue dans les trames de claviers proéminentes le temps d’un détour vers Have We Met (avec le hit It Just Doesn’t Happen) et ken (Tinseltown Swimming in Blood). La magnifique Time Square y passe aussi, à mon plus grand plaisir, avant que Bejar ne reviennent vers ses chansons plus actuelles, reprenant ici sa chanson hautement culinaire avec Fiver, Bologna, aux côtés de la Torontoise Jennifer Castle.

destroyer foufounes electriques montreal 2025 06

Le leader parle peu, laissant plus de place à sa musique, et peu s’en plaindront. Le spectacle gagne ainsi un rythme rapide, sans pauses, qui fait du bien. Je suis du genre à rapidement garder patience passé 30-35 minutes d’un spectacle, et me surprendrai moi-même à ne regarder mon téléphone qu’après une bonne cinquantaine de minutes. Il faut dire que la qualité de l’interprétation aide beaucoup. Cue Synthesizer sera certainement l’un des points forts de la soirée, le bassiste s’y faisant particulièrement impressionnant en utilisant une whammy bar posée sur son instrument, chose qu’on voit plus ou moins souvent.

destroyer foufounes electriques montreal 2025 12

Vers la fin du spectacle, Bejar revient vers son nouveau matériel. Il enchaîne la rythmiquement exigeante Cataract Time, qui sera allongée de plusieurs minutes via un moment toutefois un peu longuet de noise ambiant à la trompette, et Hydroplaning Off the Edge of the World, question de remettre de l’énergie dans la foule. Moment un peu étrange : le touffu chanteur aura besoin de lire ses textes, ou tout du moins jouera avec des feuilles de papier durant l’entièreté de la pièce. Le mystère (hydro)plane.

destroyer foufounes electriques montreal 2025 08

Il conclut après avec un tout petit remerciement en prélude au comclusif throwback Suicide Demo for Kara Walker, un choix surprenant, mais qui fait bien le travail. Courte sortie de scène, rappel oblige, puis on aura droit à trois classiques puisés dans un répertoire plus vieux avec Rubies et Chinatown, terminant sur un titre, Streethawk I, de 2001 quand même, prouvant encore une fois que le gars en est pas à ses premiers efforts.

destroyer foufounes electriques montreal 2025 03

La soirée se conclut à l’image du reste : de manière expéditive, mais sans que ce soit rushé, avec de l’énergie, sans non plus virer punk, et avec un Dan Bejar bien frontal, bien qu’entouré d’un groupe particulièrement solide. Belle façon pour le diffuseur Blue Skies Turn Black de poursuivre les célébrations de ses 25 ans d’existence en bonne compagnie!

 

Vos commentaires