
Wet Leg au MTELUS | Un retour plus fort en muscle qu’en endurance
Trois ans après avoir donné leur premier concert à vie au Canada lors de leur passage à Osheaga en 2022, Wet Leg était de retour à Montréal pour un concert très attendu, comme en témoignait le prix des billets en revente. Avec en poche le très solide mosturizer paru en juillet dernier, ses hits frondeurs, et les innombrables séquences vidéo de la décomplexée Rhian Teasdale en power-frontwoman, les attentes étaient hautes. En terme de puissance, on peut difficilement être déçu-es de cette performance… même si le cardio n’est peut-être pas encore à la hauteur du muscle.
À leurs débuts en 2022, Wet Leg était considéré comme un charmant petit groupe britannique issu de la prolifique scène post-punk, principalement axé autour d’un duo de jeunes femmes au songwriting efficace et à l’attitude rafraîchissante, Rhian Teasdale et Hester Chambers. À Osheaga 2022, on les trouvait plus ricaneuses que frondeuses, plus DIY que pro, plus slacker-rock que puissantes punk rockeuses. Ça faisait tout le charme du groupe. Le succès inattendu de leur savoureuse chanson Chaise longue, doublée de la popularité de Wet Dream en faisait une des découvertes les plus amusantes de cette année-là.
Puis, elles sont un peu disparues du radar.
Soudainement en 2025, elles reviennent, avec une direction artistique plus assumée. Chambers est désormais plus discrète qu’elle ne l’était, du moins sur le plan de la représentation. Teasdale, elle, sort de sa coquille, et devient l’image forte de Wet Leg, avec son sex appeal évident, mais aussi, surtout, sa propension à montrer les biceps, à défier le regard, à bomber le torse comme une superhéroïne prête à en découdre. Elle se fait badass, guerrière style Mad-Max, portant souvent des épaulettes usées sur ses photos de presse, ou un attirail de boxe lors des perfos télévisées.
Le charme DIY et l’indie rock insouciant fait maintenant place à une attitude punk plus assumée et un son au mordant plus affirmé, un tournant marquant pour cette ère moisturizer, qui ajoute une dimension vraiment intéressante au projet Wet Leg.
Lorsque Wet Leg entre sur scène à 21h15, on sent d’emblée que ça va botter des postérieurs : le groupe prend immédiatement possession de la scène et ouvre avec un titre percutant du nouvel album, Catch These Fists. Riffs incisifs, batterie claquante, l’énergie est installée. Wet Dream suit tout de suite, le groupe veut vraiment mettre le public dans sa petite poche sans tarder.
Il n’y aura pas de flafla ce soir. L’absence de décor est notable. On ne fait pas dans la fioriture, si ce n’est qu’une machine à bulles lors de l’interprétation de 11:21, des effets stroboscopiques intenses lors d’Angelica, et un usage quasi-excessif de la machine à glace sèche tout au long de la soirée.
Ça frappe fort, avec coup sur coup Too Late Now et Being in Love du premier album, puis liquidize et jennifer’s body du nouveau. Le groupe a du mordant, la chanteuse captive et assure. Son chant semble plus juste qu’à ses débuts, et relativement puissant, mais voilà où le bât blesse : progressivement, on perd un peu le chant de Teasdale au fur des chansons. La justesse vocale y est, la puissance s’estompe.
Rien de bien grave toutefois, la musique demeure bien mordante, surtout sur des titres comme pillow talk, sans doute la plus heavy du jeune catalogue de Wet Leg.
D’autant plus que la grille de chansons est bien construite. On vous racontait ci-haut le début avec deux titres forts. La finale était aussi bien planifiée. Chaise Longue était bien évidemment le clou de la soirée avec son refrain emblématique, créant un moment où le public, collectif, s’abandonne à la chanson, la récite, la vit. Mais ce n’était pas pour autant la dernière chanson interprétée. Les nouveaux classiques mangetout et CPR venaient clore la performance comme il se doit.
Pas de rappel. Merci bonsoir. Il est 22h25 et on sort du fumoir à humains qu’est le MTELUS en été.
C’est donc dire que Wet Let a joué 19 chansons en 70 minutes : une proposition plutôt punk, surtout que les interventions entre les chansons se faisaient rares et brèves, et que, tel que mentionné plus haut, les éléments de décor étaient minimalistes pour ne pas dire pratiquemet inexistants.
À la sortie de la salle, c’était le seul bémol qu’on entendait dans les habituels murmures post-show sur le trottoir de la rue Ste-Catherine : la durée. « On en aurait pris un peu plus », ou « même pas de rappel, rien! », ou même « heille il est encore vraiment de bonne heure, on va-tu aux Foufs? ». Mais Wet Leg a deux albums à son actif, et 19 des 24 chansons endisquées ont été jouées. À quoi peut-on s’attendre de plus, si ce n’est que des reprises de remplissage?
Ça revient à se poser la question : Wet Leg est-il un band punk au succès pop, ou un band indie pop avec un son légèrement punk?
Le battage médiatique autour du groupe laisse entendre qu’elles sont parties pour la gloire, et qu’elles tentent de faire leur niche comme groupe rock grand public. Mais leur proposition sur scène est plus épurée, concise et axée sur l’énergie enivrante d’un bon show de guitares. C’est comme un band qu’on devrait voir aux Foufs, mais qui est assez populaire pour remplir aisément le MTELUS.
N’oublions pas que Wet Leg est encore un jeune groupe, qui existe plus sérieusement depuis moins de cinq ans. Il reste encore de l’expérience à cumuler avant de savoir réellement dans quelle chaise (longue) elles devraient s’installer.
Mary in the Junk Yard
La première partie était assurée par une jeune formation britannique nommée Mary in the Junkyard, dont on a eu l’occasion d’entendre quelques chansons à notre arrivée sur les lieux. Un rock alternatif à l’énergie brute, rappelant tantôt du vieux Blonde Redhead ou leurs contemporaines Been Stellar et English Teacher.
Belle petite découverte.
Grille de chansons
catch these fists
Wet Dream
Too Late Now
Being in Love
liquidize
jennifer’s body
Supermarket
Ur Mum
Oh No
davina mccall
don’t speak
pillow talk
pond song
Angelica
11:21
u and me at home
Chaise Longue
mangetout
CPR
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