
12 hommes en colère au Théâtre Outremont | Disséquer les certitudes
Créée en 1954 par Reginald Rose pour la télévision américaine, 12 Angry Men a été immortalisée au cinéma par Sidney Lumet en 1957, s’imposant depuis comme une œuvre majeure du théâtre judiciaire. Soixante-dix ans plus tard, le texte de Rose n’a pas pris une ride. Sa pertinence demeure troublante, comme en témoigne l’adaptation scénique québécoise qui sera présentée dans 32 villes à travers le Québec et dont la première officielle se tenait samedi soir au Théâtre Outremont, à Montréal.
La pièce explore la difficile quête de consensus d’un jury composé de douze hommes appelés à se prononcer à l’unanimité du sort d’un jeune homme issu d’un quartier défavorisé, accusé d’avoir tué son père violent. Est-il coupable et destiné à la chaise électrique, ou existe-t-il un doute raisonnable quant à sa culpabilité ?
À peine le huis clos amorcé, un vote préliminaire est précipité, au grand soulagement du juré #7 (Sébastien Dodge), davantage préoccupé par le match de baseball pour lequel il a des billets que par le sort du jeune accusé. Il espère que tout le monde pense comme lui : coupable, et qu’on en finisse. Mais l’unanimité n’est pas atteinte : onze jurés votent coupable, un hésite.
Ce doute raisonnable est exprimé par le juré #8 (Claude Prégent), qui incarne avec justesse un homme animé non par la volonté de convaincre, mais par celle de comprendre. Il ne prétend pas connaître la vérité, mais estime qu’un doute subsiste et demande qu’on prenne le temps d’examiner les faits. Et ce doute, dans un monde avide de réponses rapides et tranchées, devient subversif. Rapidement, les jurés les plus catégoriques s’acharnent sur lui, non pas au nom de la justice, mais portés par leurs préjugés, leurs blessures ou leur lassitude. Ils tentent de faire taire le dissident, sans chercher à comprendre ses doutes.
Avec la finesse d’un homme profondément intègre, le juré #8 réussit néanmoins à exprimer ses premiers doutes. Lorsque ses premiers arguments échouent, il propose de se rallier au verdict d’un vote secret. Ce moment de bascule, libéré de la pression sociale, révèle un autre vote « non coupable » : le juré #9 (Jean-Pierre Chartrand). Il est touché par le courage du juré #8 de défier l’opinion dominante et veut en savoir plus sur ce doute qu’il ose exprimer. C’est le véritable déclencheur d’un mouvement, un passage d’un paresseux consensus à la recherche sincère de vérité.
La mise en scène d’Alain Zouvi, qui doit composer avec douze personnages aux personnalités marquées, est sobre, efficace et évite tout artifice inutile. Elle laisse toute la place au texte et au jeu des comédiens, sans jamais alourdir le propos.
D’ailleurs, chapeau bas à cette équipe d’acteurs. Même si la finale est connue, tous les jurés finissent par reconnaître qu’un doute raisonnable subsiste, la tension demeure intacte et le jeu d’acteur, très crédible.
Alors que certains jurés finissent par entendre raison, sensibles aux nombreuses démonstrations qui révèlent que certaines preuves sont bien plus fragiles qu’elles n’en avaient l’air, d’autres, profondément convaincus de la culpabilité, doivent opérer un glissement difficile : passer de l’émotionnel au rationnel. C’est notamment le cas des jurés #7 (Sébastien Dodge), #3 (Hugo Giroux) et #10 (Étienne Pilon), dont les convictions et résistances sont alimentées par des préjugés, des blessures personnelles et une désinvolture. Ce glissement intérieur, tout en nuances, exige une grande finesse d’interprétation, et les acteurs y parviennent avec brio.
Cette production rappelle avec force que penser librement, écouter sincèrement et juger équitablement sont des actes toujours aussi fragiles… mais essentiels.
La pièce 12 hommes en colère poursuit sa tournée à travers le Québec jusqu’au 13 décembre. Pour réserver vos billets, c’est par ici.
12 Hommes en colère
Texte de Réginald Rose
Traduction et mise en scène Alain Zouvi
Avec: Ariel Ifergan (juré #11), Jean-Pierre Chartrand (juré # 9), Claude Despins (juré # 9), Hugo Giroux (juré # 3), Sébastien Dodge (juré # 7), Maxime Isabelle (juré # 5), Marc-André Poliquin (juré # 12), Philippe Thibault-Denis (juré # 1), Claude Prégent (juré # 8), Étienne Pilon (Juré # 10), Olivier Berthiaume (juré # 2) et Jean-Bernard Hébert (Juré # 4).
Prochaines représentations de 12 hommes en colère
- Gatineau – Maison de la Culture | 19-20 septembre
- Rougemont – Théâtre de Rougemont | 26 septembre
- Valleyfield – VALSPEC | 27 septembre
- Val-d’Or – Théâtre Télébec | 1er octobre
- Amos – Théâtre des Eskers | 2 octobre
- Rouyn-Noranda – Théâtre du Cuivre | 3 octobre
- Ville-Marie – Théâtre Du Rift | 4 octobre
- Ahuntsic – Espace le vrai monde | 16 octobre
- Laval – CO-MOTION | 17 octobre
- L’Assomption – Théâtre Hector-Charland | 21 octobre
- Sorel – Marché des arts Desjardins | 25 octobre
- Saint-Jérôme – Théâtre Gilles-Vigneault | 26 octobre
- Drummondville – Maison des Arts Desjardins | 28 octobre
- Lasalle – Théâtre Desjardins | 2 novembre
- Sherbrooke – Centre Culturel | 4 novembre
- Mégantic – Salle Montignac | 5 novembre
- Shawinigan – Culture Shawinigan | 7 novembre
- Saguenay – Théâtre C | 8 novembre
- Sainte-Foy – Salle Albert-Rousseau | 9 novembre
- Saint-Hyacinthe – Centre des Arts | 13 novembre
- Joliette – Centre culturel Desjardins | 15 novembre
- Alma – Alma Spectacles | 19 novembre
- Dolbeau | 20 novembre
- Chibougamau – Auditorium La Porte-du-Nord | 21 novembre
- Roberval | 22 novembre
- Victoriaville – Le Carré 150 | 26 novembre
- Trois-Rivières – Culture 3R | 29 novembre
- La Tuque – Complexe culturel Félix-Leclerc | 30 novembre
- Amqui – Diffusion Mordicus | 4 décembre
- Sainte-Anne-des-Monts – La Salle Comble | 5 décembre
- New Richmond | 6 décembre
- Terrebonne – Théâtre du Vieux-Terrebonne | 9 décembre
- Sainte-Marie-de-Beauce – Salle Méchatigan | 13 décembre
- Artiste(s)
- 12 hommes en colère
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