Tripping Daisy

Big Shiny Tounes – EP 30 | Nadine Mathurin nous parle de son amour pour Tripping Daisy [balado]

Pour ce 30e épisode du balado Big Shiny Tounes, on célèbre en grande pompe le retour inespéré de Tripping Daisy, groupe culte de la scène alternative des années 1990, que plusieurs considéraient comme un one-hit wonder. Mais pas Nadine Mathurin… À travers une conversation passionnée avec elle, l’épisode explore l’impact marquant de l’album I Am An Elastic Firecracker (1995), la pertinence de cette tournée anniversaire, et les raisons pour lesquelles Tripping Daisy mérite d’être redécouvert aujourd’hui. Le groupe s’arrête à Toronto (Lee’s Palace) ce vendredi 9 juillet et au Théâtre Fairmount de Montréal samedi.

Pour Nadine Mathurin, I Am An Elastic Firecracker est un album fondateur. Elle se souvient de l’avoir écouté en boucle à l’âge de 11 ans, bien avant même de posséder un lecteur CD, grâce à une cassette d’époque qu’elle conserve encore précieusement. L’annonce de la tournée a ravivé une passion intacte : au point de planifier un aller-retour à Toronto pour ne pas manquer la prestation du 9 juillet. « C’est un des albums que j’ai le plus écoutés de ma vie », avoue-t-elle, en assumant pleinement son amour pour ce groupe longtemps resté en marge du panthéon grunge.

Un disque culte, mécompris mais essentiel

Sorti en juin 1995 — le même mois que Jagged Little Pill d’Alanis Morissette et le premier album des Foo Fighters — I Am An Elastic Firecracker est décrit comme un album psychédélique, émotif et surprenamment mature. Malgré le succès du single I Got a Girl, Tripping Daisy a rapidement été classé parmi les one-hit wonders aux yeux du grand public. Pourtant, l’épisode du balado démontre que l’album regorge de pépites sous-estimées : la montée dramatique de Piranha, la délicatesse de Step Behind, la sophistication de Trip Along et surtout l’ambitieuse Prick, décrite par Nadine Mathurin comme « leur chef-d’œuvre », en raison notamment d’un solo de guitare épique de feu Wes Berggren.

La tournée du 30e anniversaire propose une interprétation intégrale de l’album, dans l’ordre des pistes — un choix qui va à l’encontre de la tendance actuelle de garder les « hits » pour les rappels. Cette fidélité à la forme originale permet aux fans de revivre l’expérience comme à l’époque : « Quand Rocketpop part, c’est comme si je repartais ma cassette », soulignais-je. Le visuel des concerts, lui aussi, reste psychédélique et immersif, avec projections multicolores et jeux d’ombres rappelant les débuts du groupe, selon ce que Nadine a vu sur YouTube au fil de ses recherches.

 

Un groupe marqué par la perte… et la résilience

Tripping Daisy s’était dissous en 1999 à la suite du décès de leur guitariste Wes Berggren, cofondateur du groupe. Comme le souligne Nadine, la complicité artistique entre Tim DeLaughter et Wes était au cœur du son du groupe. La fin de l’aventure a laissé des blessures profondes chez les membres, en particulier chez DeLaughter. Mais depuis quelques années, motivé entre autres par ses enfants qui voulaient voir le groupe en concert, le chanteur a entamé une série de réunions ponctuelles au Texas, avant d’annoncer cette véritable tournée anniversaire.

Tripping Daisy n’a jamais totalement cadré dans le moule du grunge. Moins sombre, moins agressif, le groupe proposait une musique joyeuse, colorée, imprégnée de psychédélisme et de vulnérabilité. Tim DeLaughter ne chantait pas la rage ou la haine, mais l’amour, l’insécurité, le rêve et la perte. C’est d’ailleurs cette douceur qui les rendait si uniques et peut-être moins pris au sérieux à l’époque. Aujourd’hui, leur son et leur démarche sont souvent comparés à ceux des Flaming Lips — un parallèle d’autant plus pertinent que DeLaughter fondera plus tard The Polyphonic Spree, un collectif orchestral et excentrique dans la même veine.

 

Un culte mérité… et un retour attendu

En marge de I Am An Elastic Firecracker, l’épisode aborde aussi les albums suivants, dont Jesus Hits Like an Atom Bomb (1998), un disque jugé en avance sur son temps et salué aujourd’hui pour ses audaces sonores. Longtemps ignoré, cet album est réhabilité par Nadine comme un chef-d’œuvre sous-estimé qui aurait mérité davantage de reconnaissance. Le groupe, désormais plus mature et recentré sur sa mission créative, ne cherche plus à plaire aux radios, mais à célébrer son parcours et ses fans.

Pour ceux et celles qui ont grandi avec Tripping Daisy, la tournée actuelle est bien plus qu’un simple événement nostalgique. C’est une occasion de réentendre en direct un album marquant, dans une ambiance intime et chaleureuse. Nadine résume bien ce sentiment : « Ce que je veux, c’est vivre ça avec du monde qui vont capoter autant que moi. »

Les fans pourront assister au concert le 9 juillet à Toronto (Lee’s Palace) ou le 10 juillet à Montréal (Théâtre Fairmount). Des vinyles réédités des trois principaux albums — Bill, I Am An Elastic Firecracker et Jesus Hits Like an Atom Bomb — sont également disponibles en prévente.

* Big Shiny Tounes, un balado animé par Marc-André Mongrain, est disponible sur toutes les plateformes d’écoute via Sors-tu.ca. 

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