
Festivoix de Trois-Rivières 2025 | Bad Religion aux commandes d’une soirée punk rock forgée dans la pluie et la rébellion
Il y a une magie particulière qui opère lors d’un show de festival sous une pluie battante. Les curieux et les moins motivés se dispersent, cherchant un abri, laissant derrière eux le noyau dur des vrais dévoués. Samedi 28 juin dernier au Festivoix de Trois-Rivières, le ciel s’est ouvert, mais au lieu de gâcher la soirée punk rock annuelle, le déluge a agi comme un filtre. Il a balayé l’indifférence pour ne laisser qu’une congrégation de croyants, trempés jusqu’aux os, rassemblés à la scène du Fleuve pour ce qui ressemblait moins à un concert qu’à un pèlerinage.
La soirée a toutefois commencé sur une note un peu croche avec les vétérans californiens de Pulley. Montés sur scène à 20h15, leur performance manquait du mordant et de l’énergie brute qu’on attend d’un groupe chargé de lancer les hostilités. Par moments, on avait moins l’impression d’assister à un spectacle professionnel qu’à une session de jam entre amis, avec une ambiance de « on verra bien ce qui arrive ». Le chanteur Scott Radinsky, une figure fascinante qui est aussi un ancien lanceur de la Ligue majeure de baseball, et ses comparses semblaient chercher leurs repères. L’étincelle est finalement arrivée avec leur toute dernière chanson, Working Class Whore, qui a instantanément réveillé la foule. C’était un aperçu alléchant de ce qui aurait pu être, nous laissant sur notre faim et espérant plus de fougue de la part de vétérans de cette trempe.
Juste au moment où l’énergie menaçait de s’éteindre, Bigwig a pris d’assaut la scène vers 21h15 et a complètement relancé la soirée. Le groupe était le défibrillateur dont la foule avait besoin. Ça faisait un bail que le quatuor du New Jersey n’avait pas mis les pieds en sol québécois, et la foule les attendait de pied ferme. Toute l’énergie qui manquait au début a été comblée en un instant. Alors qu’ils entamaient leur set de 60 minutes, un moment parfait de festival s’est produit. Bigwig a joué une toune particulièrement rapide et heavy, le mosh pit a explosé, et comme par magie, la pluie torrentielle s’est arrêtée net. Le chanteur, en riant, a déclaré que la chanson était si lourde qu’ils avaient « brisé la pluie ». La foule a rugi d’approbation. Ils ont maintenu la cadence avec des classiques adorés des fans comme A War Inside, Sellout et Girl in the Green Jacket et la foule hurlait chaque parole. Ce n’était pas un set parfait. On les entendait discuter de la prochaine chanson vers la fin, ce qui a ralenti le rythme, mais ce petit défaut ne pouvait rien enlever à la force brute de leur prestation.
Puis, à 22h30, le moment que toute l’assemblée attendait est arrivé. Après l’annulation de leur tournée d’automne pour des raisons de santé, l’anticipation pour le retour de Bad Religion était immense, et ils ont livré l’une des performances les plus vitales de leur carrière récente. Pour les avoir vus en Europe il y a quelques semaines, je peux affirmer avec certitude qu’il y avait quelque chose de différent hier soir. Les membres du groupe avaient visiblement beaucoup de fun, de larges sourires illuminant leurs visages. Les « grands-papas du punk rock », comme on les appelle affectueusement, ont déchaîné un set endiablé et surprenamment long de 90 minutes, qui s’est terminé sur le coup de minuit.
Choisir parmi un répertoire de quatre décennies n’est pas une mince affaire, mais ils ont offert une classe de maître. Ouvrir avec Recipe for Hate était une excellente mise en bouche, et conclure avec l’hymne iconique American Jesus a mené le festival à son apogée. Bien que le spectacle ait misé sur leurs classiques, des morceaux plus récents comme My Sanity et True North s’intégraient parfaitement, prouvant que leur matériel moderne n’a rien à envier au reste. En retour, la foule a tout donné. Chaque mot de chaque chanson a été chanté à l’unisson par un immense chœur passionné, célébrant le retour de ses idoles. Bad Religion a prouvé qu’il n’est pas juste un groupe nostalgique; les musiciens sont aussi pertinents et puissants que jamais.
Même si la soirée a connu un départ un peu chancelant, elle a rapidement trouvé son rythme pour se transformer en quelque chose de vraiment mémorable. Ce fut un témoignage du pouvoir tenace et défiant du punk rock. Bigwig et Bad Religion n’ont pas seulement donné un spectacle; ils ont présidé un événement qui a transformé une météo misérable en un badge d’honneur. Chapeau au Festivoix de comprendre son public et d’organiser une soirée qui, malgré ses imperfections, a été une expérience absolument inoubliable.
- Artiste(s)
- Bad Religion, Big Wig, pulley
- Ville(s)
- Trois-Rivières
- Catégorie(s)
- Punk,
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