Sungazer au Club Soda | Un déluge de notes et du fun!
À la blague, Adam Neely, le bassiste vedette de Sungazer, disait que les musiciens étaient payés à la note et que la faillite arrivait à grands pas ! Comme on a pu le constater ce samedi, Sungazer est un groupe particulièrement bavard, mais qui sait cependant garder un sens mélodique très groovy, avec quelques respirations et beaucoup d’interaction avec son public pour un concert instrumental à saveur fusion jazz progressif très agréable.
À l’origine, Sungazer est un duo d’électro-jazz fondé en 2014 composé du bassiste et YouTuber Adam Neely et du batteur Shawn Crowder. Ce soir, la formation est complétée par le saxophone alto de Jared Yee et la guitare de Joshua De La Victoria.
Les musiciens arrivent sur scène dans un uniforme très coloré à base d’orange fluo qui rappelle les tenues de chantier, mais avec des touches genre tie-dye sur les extrémités qui rendent ça bizarre et plutôt agressant à l’œil. Après une première courte piste enregistrée, le temps que le groupe s’installe sur scène, le déluge de notes commence avec une basse particulièrement présente, au son qui va de l’infrabasse genre dubstep au son d’un vieux synthé Moog, mais aussi un son moderne plutôt clinquant.
Adam Neely est appuyé par son comparse Shawn Crowder, un batteur à la précision métronomique, qui sait appuyer les compositions complexes en ayant toutefois le bon goût de ne jamais sombrer dans l’excès de cymbales ou de démonstrations. La guitare de Joshua De La Victoria ajoute un côté harmonique au groupe en restant plutôt effacé, même s’il sait nous livrer quelques solos enflammés.
Jared Yee, au saxophone alto, est lui très présent, assurant la partie mélodique ou ajoutant des harmonies aux interventions de ses comparses. Il passe beaucoup de temps accroupi devant ses pédales à régler ses effets. Le colosse nous offre des interventions senties et montre qu’il a su s’intégrer au sein de la formation, toujours en phase avec les propositions des autres musiciens.
Adam Neely s’impose comme le leader charismatique du groupe et se transforme régulièrement en animateur de foule, plaisantant sur les capacités de son batteur ou en réussissant l’exploit de faire danser tout le Club Soda sur une mesure en 7/8.
La scène, particulièrement dépouillée grâce à l’absence de retour de scène, permet au groupe de se tenir près du public et de se déplacer sans entrave pour plus d’interaction et de convivialité. Cependant, le recours systématique à l’usage de pistes enregistrées amène un côté artificiel où tout est programmé et peu de place est accordée à l’improvisation et aux heureux accidents. D’autant plus que les nappes de synthé, les quelques voix enregistrées ou les boîtes à rythmes n’apportent que peu d’intérêt aux titres et que la virtuosité des musiciens pourrait sacrifier ces parties sans gêne.
Après un déluge de notes pour agrémenter leur composition à saveur de fusion jazz-progressif, le groupe revient sur scène pour une reprise du Mahavishnu Orchestra avec le titre Vital Transformation, sans piste enregistrée et, comme de raison, la magie opère davantage au sein du groupe.
Sungazer a su remplir le Club Soda et a livré la marchandise avec ses compositions complexes et virtuoses, tout en sachant les laisser respirer, avec plein de clins d’œil et d’interaction, pour un concert à la fois amusant, surprenant et impressionnant.
On peut retrouver Sungazer et Portraits à Québec le samedi 19 janvier à La Source de la Martinière, et à Toronto le mardi 21 janvier au Axis Club.
L’album Against the Fall of Night de Sungazer est sorti en septembre dernier :
La logorrhée guitaristique de Portraits
En ouverture de la soirée, on retrouve Portraits, un groupe progressif instrumental de guitaristes techniques où l’on retrouve Joshua De La Victoria, également présent avec Sungazer, et Joseph Anidjar, un guitariste montréalais. Le groupe est complété par Jacob Umansky à la basse et Troy Wright à la batterie.
Avec la jeune génération de guitaristes prodiges qui ont assimilé et maîtrisé toutes les techniques avancées et l’harmonie la plus complexe, comme Tosin Abasi (Animals as Leaders), Tim Henson (Polyphia), ou dans une certaine mesure, Cory Wong et Jacob Collier, j’ai souvent l’impression d’assister à une démonstration de virtuosité, avec un déluge de notes sans fin et sans respiration. C’est fort impressionnant, mais je décroche très rapidement.
Avec Portraits, ce fut le cas. Des enchaînements incessants de volées de guitares, toutes plus impressionnantes les unes que les autres, qui donnent un concert finalement très linéaire, aussitôt oublié une fois qu’ils sont sortis de scène. Au-delà des compositions excessivement complexes aux signatures rythmiques improbables, définitivement, trop, c’est comme pas assez.
Leur dernier album est Buy High est disponible sur Bandcamp.
Photos en vrac de Portraits
- Artiste(s)
- sungazer
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Club Soda
- Catégorie(s)
- Instrumental, Jazz, Progressif,
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