Orchestre à vents de musiques de films

L’OVMF présente Batman Batman à la salle Marguerite-Bourgeoys | L’univers sonore du Chevalier noir

Hier soir, à la salle Marguerite-Bourgeoys, l’Orchestre à vents de musique de film (OVMF) nous a plongés dans l’univers sombre et captivant de Danny Elfman, compositeur des bandes originales de Batman (1989) et Batman Returns (1992), réalisés par Tim Burton.

Dans une salle comble, les musiciens sont montés sur scène, chacun vêtu d’un chandail arborant l’effigie de Batman. Certains d’entre eux, ainsi que des choristes, étaient déguisés en Joker, incarnant les versions emblématiques de Joaquin Phoenix, Heath Ledger ou Jack Nicholson. Juste avant le début du spectacle, un écran géant s’est rétracté dans le plafond, provoquant une certaine déception chez quelques spectateurs qui espéraient voir le film projeté en parallèle avec la musique.

Les amateurs du Chevalier noir ont ainsi eu droit à une prestation purement musicale. La soirée débute avec Roof Fight, la deuxième pièce du premier Batman. Dès les premières notes du marimba, une sorte de xylophone, on perçoit immédiatement la touche gothique et singulière propre à Elfman et Burton. Vers la fin de la pièce, on ressent toute la puissance de l’orchestre : à une minute exactement, les cuivres se joignent à l’ensemble, résonnant jusqu’au fond de nos sièges. Cette partie de la partition, un leitmotiv associé à Batman, revient chaque fois que le héros apparaît à l’écran, à l’image de La Marche impériale de Darth Vader. La première moitié du spectacle est donc consacrée au premier film de Batman, tandis que la seconde explore Batman Returns.

Un des éléments qui a particulièrement charmé la foule, outre la performance des musiciens, était la contextualisation de chaque morceau par Jocelyn Leblanc, le chef d’orchestre. Avant chaque pièce, il expliquait son lien avec les scènes du film, aidant ainsi les spectateurs à se replonger dans les moments marquants et à s’imprégner pleinement de l’univers de Gotham City, même sans support visuel.

Outre sa direction minutieuse, Jocelyn Leblanc a également enrichi la soirée grâce à ses commentaires sur des instruments méconnus. Au milieu du spectacle, il a présenté le cimbasso, un instrument de cuivre très rare, produit en quantités limitées dans le monde. Le cimbasso, avec son timbre ultra grave et sa capacité directionnelle, offre une sonorité unique parmi les cuivres, ce qui permet de souligner des notes précises, comme dans The Final Confrontation, la pièce de clôture du premier Batman.

La deuxième partie de la soirée débute après un bref entracte, plongeant cette fois le public dans une ambiance encore plus sombre. Cette atmosphère reflète les thèmes explorés par Burton et Elfman dans Batman Returns, notamment à travers la psychologie tourmentée du Pingouin, incarné par Danny DeVito. Dans cette seconde moitié, le piccolo joue un rôle notable : il imite les sons stridents des griffes de Catwoman. Jocelyn Leblanc a fait preuve d’ingéniosité en adaptant cette partie de la partition, normalement jouée par des violons, absents ici puisqu’il s’agit d’un orchestre à vent.

La prestation s’est conclue par un rappel des plus surprenants : les premières notes de la série animée Batman de 1966 ont retenti, déclenchant rires et applaudissements dans la salle. Bref, même sans support visuel, la musique de Danny Elfman réussit encore à incarner avec brio l’esthétique et l’univers enchanteur de Tim Burton. Cette performance donne envie de revoir Batman Returns – un film qui, justement, se déroule pendant le temps des Fêtes.

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