Danser Beethoven au Grand Théâtre de Québec | Les grandes symphonies chorégraphiées
C’est un spectacle qui tourne depuis plusieurs années au Québec : Danser Beethoven propose des interprétations chorégraphiées des Symphonie n˚5 et Symphonie n˚7 du grand compositeur allemand, et a déjà attiré des milliers de personnes depuis sa création. Mercredi dernier, la salle Louis-Fréchette du Grand Théâtre de Québec accueillait cette représentation en tournée.
Première partie : Symphonie n˚5
Avec cette création, le chorégraphe états-unien Garrett Smith souhaitait traduire en danse cette symphonie qu’il considère comme « un hymne à l’individualité », une œuvre en quatre mouvements écrite par Beethoven au début du 19e siècle.
Cette première partie du spectacle propose une interprétation de ballet classique agrémenté de mouvements contemporains. On observait non seulement un manque de synchronisation entre les danseurs eux-mêmes, mais aussi un décalage entre les mouvements et le tempo de la musique. Connaissant les prouesses des danseuses et des danseurs des Grands Ballets, on peut concevoir que cette dissonance était voulue, mais pourquoi ? Sans explication, ce choix chorégraphique ne venait ni soutenir le propos, ni dialoguer avec l’œuvre de Beethoven.
Au début du spectacle, les costumes consistent en des justaucorps sombres et suggèrent le théâtre japonais bunraku, où des comédiens habillés de noir insufflent ses mouvements à une marionnette. Ici, plusieurs scènes d’ouverture se succèdent avec trois personnes sur scène : deux danseurs qui soutiennent une danseuse principale. On retrouvera ce motif récurrent, soit le chiffre trois, tout au long de cette chorégraphie signée par Smith. Un clin d’œil aux trois brèves notes suivies d’une longue qui ouvrent cette célèbre symphonie.
Au fur et à mesure du spectacle, les justaucorps se trouvent remplacés par ces tutus rigides devenus une signature de cette création de Garrett Smith. Les gestes semblent engoncés et brimés par ce vêtement qui manque de souplesse. Bien que certains mouvements des danseurs intègrent un jeu chorégraphique avec ce tutu, force est d’admettre que le choix semble en désaccord avec la grâce et l’intensité de la 5e symphonie. Point positif toutefois, les tissus choisis sont de belle facture et renvoient des reflets chauds et veloutés, d’une couleur semblable au décor.
Vers la fin de la représentation, les projecteurs allumés soudainement prennent les spectateurs par surprise ; effet de lumière fort désagréable pour les personnes au parterre, qui se voient aveuglées de plein phare après une ambiance jusque-là tamisée.
Ces détails, additionnés les uns aux autres, viennent desservir la création de Garrett Smith. Celle-ci, tout en proposant une lecture personnelle et revisitée du grand classique symphonique, ne parvient pas à convaincre entièrement.
* Photo par Sasha Onyshchenko.
Deuxième partie : Symphonie n˚7
Cette chorégraphie de l’allemand Uwe Scholz (1958-2004) est devenue anthologique au fil des années. Sa finesse et sa précision géométrique font d’elle une création toujours jouée aujourd’hui à travers le monde.
Ici encore, les costumes ne laissent pas indifférents : très serrés, les maillots blanc et bleu suivent un patron semblable pour les danseuses et pour les danseurs, à tel point que les corps féminins et masculins se confondent à certains moments, un choix intéressant. Cette androgynéité du costumes n’empêche pas, somme toute, une répartition assez classique des gestes dansés, en duo hommes-femmes.
La synchronisation parfaite des gestes sur le tempo, la souplesse des mouvements, des pirouettes et des arabesques sont admirables et traduisent à la fois l’énergie et la délicatesse de la Symphonie n˚7, mais aussi du travail chorégraphique de Scholz. La compagnie des Grands Ballets a offert une magnifique performance avec cette deuxième partie.
* Photo par Sasha Onyshchenko.
Un orchestre absent
Depuis la création de ce spectacle, la compagnie des Grands Ballets Canadiens est habituellement accompagnée par l’Orchestre des Grands Ballets qui joue les œuvres de Beethoven. Cette double présence artistique permet de conjuguer la performance des musiciens à celle de la compagnie, en plus d’ajouter la force de la musique en direct aux mouvements des danseurs.
Néanmoins, pour cette itération présentée à Québec, la musique était préenregistrée. Certes, le programme ne mentionnait pas la présence de musiciens, mais la description ne précisait pas non plus de crédits d’enregistrement.
Cette imprécision laissait donc le doute persister jusqu’au dernier instant pour les personnes familières avec le spectacle original. Une petite déception qui donne le sentiment d’une demi-performance. De plus, le système de son et les balances sonores peu puissantes ne rendaient pas toute sa grandeur aux immenses œuvres de Beethoven. Cette disparité a été moins palpable toutefois pour la deuxième partie de la représentation.
Informations pratiques
Danser Beethoven s’inscrivait dans les nombreuses représentations de danse proposées par le Grand Théâtre pour 2024-2025. De la danse contemporaine au classique, la programmation affiche encore six spectacles d’ici la fin de la saison. Consultez ce lien pour en savoir plus (en activant le filtre « Par catégories » à « Danse »).
Symphonie No 5 (Complete)
Chorégraphie : Garrett Smith
Musique : Ludwig van Beethoven
Scénographie : Michael Mazzola
Costumes : Monica Guerra
Éclairages : Marc Parent
Symphonie No 7
Chorégraphie : Uwe Scholz
Musique : Ludwig van Beethoven
Assistante au chorégraphe : Roser Munoz
Adaptation : Ivan Cavallari
Décors et costumes : Uwe Scholz
Éclairages : Marc Parent
- Artiste(s)
- Danser Beethoven, Les Grands Ballets
- Ville(s)
- Québec
- Salle(s)
- Salle Louis-Fréchette (Grand Théâtre de Québec)
- Catégorie(s)
- Ballet, Danse,
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