crédit photo: Jérôme Daviau
Nada Surf

Nada Surf au Studio TD | Entre nostalgie et nouveautés, des titres sur la coche

Ça faisait longtemps que Nada Surf ne s’était pas arrêté dans la métropole après les annulations dues à la Covid 19. C’était fort plaisant de les retrouver enfin lundi dernier devant un public de jeunes et de moins jeunes, jouant aussi bien des vieux titres de Let Go que du dernier album Moon Mirror avec une touchante honnêteté.

On a souvent résumé Nada Surf à un groupe avec un seul succès, le titre Popular. Et pourtant, il faut réécouter leurs premiers albums High / Low et the Proximity Effect pour y trouver plein de perles pop plus ou moins énervés. C’est sans doute leurs problèmes de maison de disque qui ont fait que le groupe est resté en deuxième ligne, même si le chef d’œuvre Let Go sorti en 2002 leur a offert une plus grosse couverture. J’avoue avoir quelque peu décroché à partir de The Weight Is a Gift (2005) alors que les titres perdaient de leur piquant au profit d’une pop toujours de qualité mais plus générique.

C’est avec plaisir que l’on retrouve le groupe sur scène avec le meneur et principal compositeur Matthew Caws au chant et à la guitare et Ira Elliot est à la batterie, au chœur et à la bonne humeur contagieuse. Louie Lino a rejoint le groupe récemment en 2020 et est au clavier et au chœur.

Suite à un problème de visa, Daniel Lorca, le bassiste d’origine aux longues dreadlocks n’a pu se rendre en sol canadien et était remplacé au pied levé par Ed Valauskas. Valauskas avait déjà fait quelques remplacements lors de précédentes tournées de Nada Surf. Et franchement, il a très bien rempli son rôle, avec un jeu plus posé et un son plus rond et alors que Lorca est plus abrasif et rentre dedans, mais cela convenait bien aux morceaux plus pop des derniers albums du groupe.

Crevons l’abcès tout de suite, la sonorisation était loin d’être à la hauteur du groupe : j’avais l’impression d’assister au balance de son pendant les deux tiers du concert! Si on peut comprendre que le mix doit s’ajuster pendant les premiers titres pour compenser l’acoustique d’une salle pleine, c’est bien moins excusable rendu au douzième titre. On a donc eu droit la plupart du temps à une batterie qui sonnait bizarre, une basse au son fluet, une guitare au volume inconstant, une voix avec de la reverb, pas de reverb, beaucoup trop de reverb, plus de reverb… La gestion des chœurs était à l’avenant, des fois les micros étaient ouverts et plus souvent qu’à son tour, ils étaient inaudibles.

En faisant abstraction du son, c’est avec plaisir et un brin nostalgique que j’ai eu grand plaisir à réentendre l’ouverture du concert avec Inside of Love et Hi-Speed Soul tiré de Let Go. Comme beaucoup, j’ai entonné quelques refrains mais avec une mémoire défaillante et des paroles approximatives…

C’est tout de même une belle brochette de titres que nous livre le groupe, puisant dans des titres moins joués que dans les incontournables de Let Go comme Killian’s Red, Treading Water ou Blonde on Blonde. Les titres plus récents sont bien troussés très pop refrain / couplet et on notera Mathilda, un titre dédié aux hommes qui se sont fait souvent écœurés car éloignés des standards du «vrai» mâle, pas assez sportif, la voix pas assez grave et aux physiques plus androgynes. Merci bien!

La machine Nada Surf tourne toujours à plein régime mais je me demande encore pourquoi avoir ajouté un clavier à la formation? Je n’ai rien à reprocher à Louie Lino mais avons-nous vraiment besoin de ces nappes envahissantes de synthés dans une groupe à guitare? Peut-être qu’avec un mix top-notch, la question ne se serait pas posée aussi nettement.

J’aurais facilement pris l’intégralité des albums the Proximity Effect et de Let Go mais il en fallait pour tous les goûts et je me suis donc passé de Firecracker ou Mother’s Day et même de l’indispensable 80 Windows. On a tout de même eu Hyperspace et une version plutôt molle de Zen Brain.

Étonnamment, le concert a amené un public de personnes qui ont l’âge d’avoir trippé sur Let Go à sa sortie et des jeunes dans la vingtaine qui connaissaient les paroles des titres récents comme Second Skin et Losing. Est-ce leurs parents qui leur ont fait découvrir ou bien Nada Surf est-il toujours pertinent chez les jeunes amateurs de pop?

En rappel, on a eu droit à l’incontournable Popular et à la ballade Always Love. Le groupe a terminé avec une finale parfaite : une version non sonorisée de Blizzard of ’77 avec la guitare acoustique de Caws et les chœurs du groupe et de tout le public. « I miss you more than i kneeeeewww! »

 

La belle découverte Office Dog en ouverture

En ouverture de la soirée, c’est le groupe néo-zélandais Office Dog qui nous a fait le plaisir de la découverte.

Si les deux premiers titres joués naviguent entre stoner et pop, la filiation avec Nada Surf est rapidement apparue. C’est un power trio comme le fut longtemps Nada Surf avec des titres bien écrits aux accents pop mais plus fougueux et qui hésitent entre shoegaze et post-rock. Pour quelques titres, une musicienne s’ajoute à la formation pour les chœurs et pour jouer du clavier ou de la guitare acoustique.

Malgré un son désastreux, encore pire que pour Nada Surf, avec un chant loin d’être impeccable (comme s’il ne s’entendait pas correctement), leur trente minutes de présence sur scène ont ouvert mon appétit d’en entendre davantage avec des compositions originales et attirantes.

Leur dernier album Doggerland est paru 20 septembre 2024.

 

Liste des titres

  1. Inside of Love
  2. Hi-Speed Soul
  3. In Front of Me Now
  4. Blankest Year
  5. Friend Hospital
  6. Fruit Fly
  7. Killian’s Red
  8. Intel and Dreams
  9. Come Get Me
  10. Losing
  11. Treading Water
  12. Mathilda
  13. Zen Brain
  14. Second Skin
  15. Looking for You
  16. New Propeller
  17. See These Bones
  18. Blonde on Blonde
  19. Open Seas
  20. Something I Should Do
  21. Hyperspace

 

Rappel:

  1. Popular
  2. Always Love
  3. Blizzard of ’77

Vos commentaires