crédit photo: Pierre Langlois
Jessica Pratt

Jessica Pratt et sa grande messe onirique à La Tulipe

En apparence, Los Angeles peut ressembler à un paradis ensoleillé et scintillant. Les palmiers, les gens magnifiques et le soleil infini abondent, mais le rêve californien a aussi un côté sombre. C’est ce qui intéressait Jessica Pratt alors qu’elle travaillait sur son dernier album, Here in the Pitch. En cette soirée de début d’automne, l’auteure-compositrice-interprète était à La Tulipe pour nous présenter son œuvre.

Le tout a bien commencé puisque Otto Benson nous a offert un set court et assez intéressant pour faire taire les jaseux présents dans la salle qui, petit à petit, se sont mis à lui prêter attention.

Par la suite, celle que tous et toutes attendaient s’est présenté sur scène en compagnie de quatre musiciens. La foule s’est immédiatement tu et semblait suspendue à ses lèvres, sans doute que l’ambiance onirique de sa musique force une écoute plus sérieuse.

Début de performance en douceur avec la pièce World On a String, nostalgique à souhait et Get Your Head Out que l’on croirait tout droit sortie d’une trame sonore de film noir. Les amoureux se collent car les œuvres de l’artiste sont profondément intimistes. Comment résister à celle qui nous clame que notre péché est celui de l’amour dans les étoiles / en attendant que l’amour y soit aligné (« our sin’s the lovin’ kind / In the stars waiting ’til love’s aligned »).

Puis la pièce Better Hate nous rappelle qu’il y a un fond de bossa dans cette musique. Pratt accorde le présent au passé avec une alchimie qui frôle le sublime, le genre de musique qui fait surgir des souvenirs du passé comme lorsque nous étions enfants en promenade les soirs d’été et qu’on sortait la main à l’extérieur pour sentir la résistance du vent à travers nos doigts.

Tout au long du set, la section rythmique insuffle une pulsation discrète aux mystérieuses mélodies de Jessica Pratt, la texture rêvée où la chanteuse dépose son phrasé velouté. Dans la salle, la qualité d’écoute est exceptionnelle. La Californienne serait-elle une grande prêtresse prêchant au chœur de ses disciples ?

Tout au long de cette soirée, Pratt nous a exprimé, à travers ses pièces, sa fascination pour le contraste entre la lumière et l’obscurité. Ses chansons minimalistes expriment une grandeur étrange et fascinante.

S’il y a des musiques qui nous font croire que la beauté incarnée existe, celles de Jessica Pratt en fait partie. La blonde californienne nous a fait vivre un moment hors du temps présent.

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