Green Day

Osheaga 2024 – Jour 2 | Green Day et le retour du vieux rock à Osheaga

Jusqu’à ce samedi soir, Arcade Fire était la seule tête d’affiche rock présentée à Osheaga depuis 2018 (alors qu’Arctic Monkeys partageait le haut de l’affiche avec Florence & The Machine et Travis Scott). Le festival, qui mise de plus en plus sur de gros noms pop, remédie cette année à cette carence en vitamine R (pour Rock, vous l’aurez compris) en prescrivant une bonne grosse dose de nostalgie punk grâce à la présence de Green Day au parc Jean-Drapeau.

C’était un pari un peu à l’inverse des tendances : miser sur un band rock des années 1990 pour vendre des passes d’Osheaga. Et pourtant, le samedi aura été la première des journées à afficher complet.

Il faut dire que Green Day a un cachet particulier. C’est un groupe qui a réussi un rare exploit : marquer les esprits de la génération X avec Dookie, puis la garder dans son filon pour trois autres albums, avant de séduire cette fois-ci une nouvelle génération, les millénariaux, avec American Idiot, et les entraîner eux aussi à leur tour dans un filon de deux ou trois autres albums.

Si bien qu’en se présentant sur une scène en 2024, ils peuvent à la fois plaire aux quarantenaires en soulignant le 30e anniversaire de Dookie, et aux Y en célébrant les 20 ans d’American Idiot.

C’est ce que la présente tournée propose : un double anniversaire, qui permet aux fans d’entendre les deux albums en intégral lorsque le groupe joue en arénas. En festivals, c’est un peu plus varié que ça. N’empêche que les X ont été servis avec du Dookie tôt dans la performance : Basket Case, Longview et When I Come Around, évidemment, mais aussi She, In the End et Welcome to Paradise.

C’est dynamique, ça s’enchaîne sans accroc, Billie Joe est tout en voix pour un homme dans la cinquantaine, et l’énergie se transmet super bien.

Une fois les X comblés, on passe aux Y : un immense poing gonflable tenant un coeur-grenade en sang (la pochette d’American Idiot, si vous n’aviez pas compris) prend d’assaut l’arrière de la scène, et on pourra entendre Know Your Enemy (avec la présence surprise d’une fan dénommée Sandrine qui viendra chanter aux côtés de Billie Joe), American Idiot, Boulevard of Broken Dreams et même la très longue Jesus of Suburbia.

Tout ça est merveilleux, mais Green Day étire un peu trop le plaisir et se lance ensuite dans la suite logique de son concert rétrospective chronologique en proposant quelques nouvelles chansons qui essoufflent un peu le set.

Rien de bien grave, parce que la foule est bien réchauffée (comme si la météo ne l’avait pas déjà fait!) et le party demeure assez bien pogné jusqu’à la fin.

Pour un groupe punk, le moins qu’on puisse dire est que Green Day demeure l’une des valeurs sûres du rock, une rare formation fédératrice surtout en spectacle, maintenant que Billie Joe et sa gang semblent avoir leur vie (et leur santé) sous contrôle. Rien à redire pour un trip nostalgique.

Pour ajouter à la saveur Big Shiny Tunes de la soirée, The Smashing Pumpkins occupaient l’autre grosse scène juste avant Green Day.  Le révérend (!) Billy Corgan est plutôt concentré sur l’interprétation des chansons, s’adressant très peu (ou pas du tout) à la foule, avec les membres originaux Jimmy Chamberlain et James Iha à ses côtés ainsi que les collègues de tournée Jack Bates à la basse, Kiki Wong aux guitares d’extra et Katie Cole au chant.

Leur performance débute de manière un peu rude avec les titres The Everlasting Gaze et Doomsday Clock, des deux albums du début des années 2000, suivis d’une étrange reprise de Zoo Station d’U2. Rien pour aider, le chant de Corgan tient difficilement la route sur les plus familières Today et Tonight Tonight, mais ce n’est rien que Disarm ne viendra pas arranger. Les musclées Bullet With Butterfly Wings, Cherub Rock et Jellybelly démontreront que les Pumpkins ont encore la dégaine des belles années, sans compter la splendide et fédératrice 1979.

Du bon boulot dans l’ensemble, mais moins convaincant que leur dernière présence au Centre Bell, et moins réussi que la prestation de Green Day, pour le même effet escompté.

Évidemment, la journée de samedi ne se résumait pas qu’à deux têtes d’affiche de rock nostalgique, sans compter la présence de Rancid qu’on a malheureusement raté.

Il y avait aussi beaucoup de jeunes artistes à découvrir, dont la charmante chanteuse soul pop Olivia Dean, qui aurait mieux sa place au Festival International de Jazz de Montréal, et évidemment, la spectaculaire prestation du phénomène Chappell Roan, qui a pour ainsi dire « brisé Osheaga »…

… mais ça, je laisserai la plus jeune collègue Pauline Gérard vous en parler amplement.

Osheaga se conclut dimanche avec SZA, Justice, Jungle, Amyl & The Sniffers, Hamza, Alvvays et plusieurs autres. Une autre grosse journée suffocante et à guichets fermés en vue!

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