crédit photo: Andres Amaya

Swing au Théâtre Fairmount | Plus qu’un rappeur

Le Bruxellois Swing a donné samedi une belle quoiqu’un peu courte performance au Théâtre Fairmount, le confortant à sa place d’artiste particulièrement complet et prometteur.

Spectacle programmé pour 21h, même si deux premières parties (annoncées nulle part) viendront repousser la performance de Swing pour 22h25.

Le rappeur, vêtu d’un très joli bonnet multicolore, gagne la scène et interprète Maladresse, single qui avait laissé entrevoir à la fin de l’été dernier le début d’une autre aventure. « Autre », parce que Swing est tout sauf un néophyte du rap belge : Siméon Zuyten, de son vrai nom, a rappé pendant près de dix ans au sein de l’Or du Commun, trio hip-hop de Bruxelles immensément talentueux. L’Or du Commun est en pause depuis près de deux ans, ce qui a permis à Swing de pleinement se concentrer sur ses aspirations en solo.

Le dernier passage du collectif s’était d’ailleurs aussi déroulé au Théâtre Fairmount, il y a de cela cinq ans. Swing est maintenant seul face à la bête.

En marge

Swing est accompagné sur scène par un (excellent, en passant) batteur : « Ce soir, c’est mon batteur, mais je suis surtout son chanteur », dit-il après avoir interprété Kobe. Une reconnaissance extrêmement rare dans l’univers du rap, la plupart de ses artisans désirant s’offrir l’entièreté de la lumière des projecteurs en spectacle.

Swing s’éloigne donc des codes de certains rappeurs imbus d’eux-mêmes, mais propose à la fois des compositions versatiles, tirant vers le R&B, la soul, l’électro et autre. Swing rappe, Swing est à l’aise, mais Swing chante aussi. Beaucoup. Presque la moitié du temps, en fait. C’est pour ça, plus qu’un rappeur.

L’artiste, souriant, respire la bienveillance sur scène, et n’hésite pas à livrer sans faute les textes les plus personnels de son album Au revoir Siméon, comme Mafia, Mosaïque ou Vision. Et dans ces fameux textes, Swing ne va jamais revendiquer qu’il collectionne filles, argent et drogue. Jamais. Il n’est pas de cette école-là. La musique comme thérapie, pas comme prétexte à la rage.

« Est-ce qu’il y en a qui étaient là à l’époque d’Alt F4? », lance l’artiste, avant d’interpréter N. et S’en aller, titres de son deuxième EP, paru en 2020. Le public, majoritairement composé d’hommes dans la vingtaine, est particulièrement réactif face à ces superbes morceaux.

Petit pincement au cœur, par contre, qu’une seule chanson de Marabout (le premier projet solo de Swing en carrière), Rivage, soit parvenue à se faufiler dans la setlist du spectacle. Marabout est non seulement le meilleur projet de sa carrière d’un point de vue personnel, mais aussi l’un des meilleurs projets de rap belge des dix dernières années (écoutez Corbeaux et Richesse, et voyez par vous-mêmes).

« Je veux ce soir que ça sente le swing, ça sent beaucoup trop bon là », dit le rappeur après .WAV, voulant que l’ambiance monte encore d’un cran. Les pogos, sans être mémorables, restent agréables ce soir. Après No Future et 2Yeux, Swing quitte la scène sous les applaudissements. Le Fairmount scande « balançoire » en boucle (surnom affectueux donné au rappeur au cours de sa tournée dans la province, parce qu’une « swing », au Québec, ça ne veut pas dire la même chose), avant que Swing ne revienne en rappel interpréter Gris et Melanome.

Swing est sans doute l’un des rappeurs les plus sous-estimés de Belgique actuellement. Au vu de sa dernière parution, il est évident que l’artiste est encore en recherche de son identité artistique. Il doit encore mettre le doigt sur le son qui le caractérise le mieux.

Mais dès que ce sera fait, il faudra rapidement monter dans le train. Bruxelles arrive (une nouvelle fois).

Grille de chansons

  1. Maladresse
  2. Kobe
  3. N.
  4. S’en aller
  5. Gigi
  6. Brousse
  7. .WAV
  8. Vision
  9. Reykjavik
  10. Rivage
  11. Un seul ciel
  12. Mafia
  13. Mosaïque
  14. No Future
  15. 2Yeux

Rappel

  1. Gris
  2. Melanome

Photos en vrac

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