Festival Accès Asie 2024 | Anqi Sun et la dépression politique

L’an dernier, l’auteure-compositrice-interprète montréalaise d’origine chinoise Anqi Sun était du public du festival Accès Asie, principalement pour encourager un ami. Le 10 mai prochain, ce sera à elle de fouler la scène à l’occasion de la 29e édition du festival multidisciplinaire suivie du collectif de musique électronique Amwaj.

Chaque année au mois de mai, le mois du patrimoine asiatique, le festival Accès Asie prend d’assaut des dizaines de salles de la métropole. En 28 éditions, ce sont plus de 1000 artistes originaires du continent asiatique et de sa diaspora qui ont défilé dans les divers lieux choisis par le festival. Arts de la scène, arts visuels, médiatiques, littéraires, culinaires : Accès Asie ratisse large.

Ce printemps, les performances et activités se dérouleront sur exactement un mois, du 2 mai au 2 juin. Sors-tu? s’est entretenu avec la chanteuse Anqi Sun, qui participera à un plateau double à la Sala Rossa le 10 mai prochain aux côtés du récemment fondé collectif Amwaj, avec qui elle partage d’ailleurs un collaborateur.

« En regardant la programmation du festival, je me suis dit, wow! Je veux aller voir tous les shows, rigole l’artiste. Je suis vraiment fière d’y participer. » La soirée du 10 mai sera doublement spéciale pour Anqi Sun, car il s’agit aussi d’un lancement d’album : son premier en carrière, Jiā. Un son avant tout électronique, mais qui emprunte aussi au folk chinois, question de faire écho au pays où elle a vécu jusqu’à ses 21 ans.

Un album-parcours

En marge de sa performance au Festival du printemps du Quartier chinois l’an dernier, Anqi Sun a remarqué au fil des conversations une méconnaissance quant au bassin d’artistes asiatiques à Montréal. « J’ai l’impression que plusieurs personnes ignorent qu’on est une tonne d’artistes ici à avoir notre matériel individuel, partage-t-elle. Pas juste quelques groupes qui font de la musique asiatique. »

Elle souligne à grands traits l’importance en termes de représentation d’un festival comme Accès Asie. « Et les artistes sont tellement passionnés et excités, ajoute la chanteuse. Non seulement de montrer leur travail, mais aussi d’ajouter une nouvelle voix à l’art d’ici. »

Un objectif louable cependant fragilisé par le passage de la Covid-19, où la diaspora asiatique de Montréal a été victime d’un nombre incalculable d’actes haineux. « À ce moment-là, j’ai réalisé que le monde n’était plus vraiment sécuritaire, exprime Anqi Sun. J’ai pris conscience de traumas que je ne savais même pas que j’avais. »

Crédits photo : Dan Yang.

Cette période lui a inspiré la première partie de l’album Jiā, qui paraîtra environ un mois après le concert. La seconde partie, disponible plus tard dans l’été, demande now what?

Ce sont des chansons écrites dans la dernière année à propos du futur, de cette tentative de passer à autre chose. En fait, l’album est le cheminement de ma dépression politique [rires].

Jiā a tout d’un album-concept, et sa mise en scène se chargera de le montrer. L’auteure-compositrice-interprète s’est entourée de l’artiste visuelle Parsa Fard pour « raconter l’histoire » de l’opus.

Le collectif Amwaj, en seconde partie du lancement, mise aussi sur une expérience visuelle riche grâce à des visuels générés en temps réel. Formé du musicien syrien-canadien Firas Nassri (qui a produit trois chansons sur Jiā), de la chanteuse irano-canadienne Naghmeh Shafiei et de l’artiste visuel Jonathan Hardy, le collectif présentera l’œuvre immersive Les fantômes qui nous habitent, entre musique électronique et sonorités orientales. Une proposition sonore « spéciale et profonde », à en croire Anqi.

La programmation complète du festival Accès Asie ainsi que les billets sont disponibles ici.


* Cet article a été produit en collaboration avec le Festival Accès Asie.

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