Che Malambo

Che Malambo à la Place des Arts | La danse percussive des gauchos argentins

Le malambo est la deuxième danse nationale en Argentine, juste après le tango. Il tire ses origines, remontant au 17e siècle, de la tradition des gauchos, ces cowboys argentins qui se mettaient au défi en s’exprimant par la cadence virile de leurs talons de bottes et de leurs tambours. Pour un seul soir, ils étaient 12 descendants des gauchos, exclusivement mâles, sur la grande scène de la salle Wilfrid-Pelletier avec ses 3 000 places et la testostérone dans le plafond.

La compagnie Che Malambo, qui nous visitait pour la première fois, a été fondée en 2005 par le danseur et chorégraphe français Gilles Brinas qui la dirige toujours, tout en étant l’un des interprètes. L’ex-danseur du Ballet de l’Opéra de Lyon, aussi bien que chez Maurice Béjart, est allé recruter jusqu’à Buenos Aires même, tant il était fasciné par cette danse percussive fougueuse, exaltante et hyper-virile, qui a traversé les siècles.

Une énergie foudroyante

Avec le résultat que depuis 2016 seulement, la compagnie a performé dans une centaine de villes de 11 pays d’Europe, d’Asie, du Moyen-Orient et des Amériques. Che Malambo est même restée une semaine à Londres, comme à Berlin et à Cologne, et a offert 60 représentations en trois mois à Paris. Partout, l’énergie foudroyante des danseurs fait salle comble avec son jeu de pied précis et extrêmement vigoureux appelé zapateo. On dirait d’eux qu’ils sont mi-hommes mi-chevaux.

*Photo par Maria Radvanska.

Le spectacle commence dans le noir par un retentissant cri primal collectif, suivi aussitôt par une roulade de 12 tambours éclairés de rouge. Les danseurs sont tous vêtus de noir, la lumière se reflétant sur leurs visages endurcis et leurs bras nus. Les tambours, qu’ils soient de peau ou de bois, sont omniprésents. Même les bâtons seront utilisés comme éléments de percussions entre les mains de cette horde sauvage à la rythmique effrénée.

Percussion organique

La puissance du choc des talons sur le sol est déjà en soi une percussion organique. Une musique vivante donc, qui s’ajoute à celle des bombos ou tambours, et celle, spectaculaire, que procurent les boleadoras, ces lassos munis d’une petite pierre à leur extrémité qu’ils manient avec une adresse incroyable, les faisant tournoyer, parfois même en double, dans des figures lumineuses rappelant le meilleur des arts du cirque.

Les cris puissants que les danseurs émettent en s’exécutant, la tête haute et le regard perçant, donnent place occasionnellement à des chants primitifs inspirés de la solitude des gauchos veillant sur les troupeaux de la Pampa argentine. Des chants plaintifs, rappelant les polyphonies corses. Le spectacle illustre bien la solitude des cavaliers dans les plaines à perte de vue, avec une alternance de solos rythmés par le galop des chevaux de jadis.

*Photo par Diana Smithers.

Une performance très physique

La troupe, pour nous faire plaisir plus personnellement, a même entonné à la fin quelques mots de la chanson Moi, mes souliers de Félix Leclerc. Visiblement, le public montréalais a adoré.

Ainsi, leur performance, très physique, véritable démonstration de bravoure masculine, prend constamment de nouvelles formes parfaitement synchronisées, éliminant tout risque à caractère répétitif. Le spectacle d’une heure vingt sans entracte ne distille pas l’ennui une seule seconde, tout au contraire. Il faudra que la compagnie Che Malambo revienne nous voir, mais plus longtemps cette fois.

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