Sacre du Printemps de Roger Bernat à l’Agora de la danse | Soirée immersive à ne pas rater
C’est avec le Sacre du printemps de Roger Bernat que se lance la saison 2018 de l’Agora de la danse. Au cours de cette soirée, les membres du public se feront danseurs, acteurs ou resteront spectateurs. Quelle que soit l’option choisie, ces 45 minutes en immersion dans l’univers de la danse contemporaine valent le détour.
À l’entrée de la salle de spectacle se croisent public averti et spectateurs de passage. La réception d’écouteurs mettra à ses derniers la puce à l’oreille : un spectacle de Roger Bernat n’est pas vraiment un spectacle classique. On est à l’opposé du public passif admirant les prouesses physiques et artistiques de danseurs charismatiques.
Photo par BLENDA
Un spectacle vécu du point de vue des artistes
Nous entrons dans une grande pièce noire du sol au plafond. Une ligne blanche délimite un espace central, bordé de 4 tableaux noirs. Nous attendons, écouteurs vissés aux oreilles, incertains des prochaines étapes. Soudain, une voix artificielle invite au mouvement. Le spectacle commence enfin…
Au départ gênés, conscients de notre propre corps, nous hésitons. Allons-nous vraiment prendre la main d’un inconnu ou le prendre dans nos bras? Courir à travers la pièce? La réponse est oui pour certains, non pour d’autres… Dans tous les cas, ces 45 minutes passeront très vite.
Basée sur la version de Pina Bausch du Sacre du printemps (1975), une voix artificielle dicte au public la marche à suivre pour interpréter cette œuvre chorégraphique emblématique. Réglée sur des canaux différents, chaque paire d’écouteurs donne ainsi des informations différentes aux membres de l’assistance. Les successions de consignes organisant déplacements et actions, font naître peu à peu le ballet sur la musique d’Igor Stravinsky. Au fur et à mesure que la pièce avance, la crainte du regard de l’autre disparaîtra pour laisser place à l’engouement venu d’une cohésion de groupe. Tous ensemble, nous vivons alors, de l’intérieur, le fameux Sacre du printemps.
Le Sacre et Roger Bernat
Roger Bernat est un metteur en scène d’origine catalane. C’est depuis 2008 qu’il crée des spectacles participatifs où le public est le protagoniste principal de la soirée. Avec cette démarche, aucune soirée ne se ressemble, puisqu’elles sont complètement tributaire de qui choisira de se présenter ce soir-là. Comment le groupe réagira-t-il ? Suivra-t-il les instructions ? Dans ses spectacles, Roger Bernat repousse ainsi les limites du théâtre et de la danse en invitant son public à interpréter lui-même le spectacle. Il pousse alors son public à s’interroger, se rebeller, explorer son imaginaire et son rapport au mouvement. Dans l ‘oeuvre de Stravinsky, une communauté participe au rituel annuel visant à sacrifier l’élue dans l’espoir de récoltes fructueuses l’année suivante. Le parallèle entre le rituel lui-même et le spectacle est intéressant. Dans les deux cas, le rituel/spectacle n’existera qu’à condition d’une adhésion générale par le groupe.
L’ambiance conviviale et ouverte nous a charmé. Il est important de mentionner que si nous recommandons la participation active au spectacle, celle-ci n’est pas indispensable. C’est le sourire aux lèvres que nous quittons l’édifice situé rue de Bleury, regrettant de ne pouvoir revenir assister à l’une des trois autres représentations à venir les 13 14 et 15 septembre prochains.
- Artiste(s)
- Le Sacre du printemps (École des Sables), Roger Bernat, Tanztheater Wuppertal Pina Bausch
- Ville(s)
- Montréal
- Salle(s)
- Agora de la danse
- Catégorie(s)
- Danse, Performance,
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