Orchestre Symphonique de Montréal

Série Jeux d’enfants | L’OSM des merveilles rencontre Alice

Personnages loufoques et univers saugrenus, bras minuscules et jambes à rallonge, numéros de cirque, de marionnettes et de danse… Bienvenue dans le monde fantastique d’Alice au Pays des merveilles, accompagné par l’Orchestre Symphonique de Montréal, sous la baguette d’Adam Johnson.

L’orchestre, uniquement éclairé de petites lumières, nous propose tout d’abord d’embarquer dans la douce féérie avec Gaspard de la nuit de Ravel pour nous introduire aux rêves d’Alice. Alors que cette dernière s’endort profondément auprès d’un arbre mort après avoir sorti ses cartes à jouer, un lapin blanc vêtu d’une redingote et d’une montre à gousset surgit à ses côtés. Réveillée en un sursaut, Alice lui court après, au rythme de Short Ride in Fast Machine de John Adams, sur un chemin semé d’embuches. Elle parvient finalement à traverser ces obstacles, tout en souplesse, puis, accompagnée de deux danseurs et des Sensations confuses de Jean Lesage, elle « tombe pendant plusieurs minutes dans un trou et ne [se fait] même pas mal ! ».

S’ensuivent alors les métamorphoses d’Alice devenant tout en un coup minuscule et gigantesque. On notera d’ailleurs la transformation très drôle et réussie des déguisements, permise par les marionnettistes. Ne comprenant pas ce qui lui arrive, notre jeune aventurière fond en larmes et déverse son chagrin en deux grands rubans azur. Cette mare de larmes très poétique est illustrée par Shoka « Sumidagawa » de Jean-Pascal Beintus, et le 2ème mouvement du Concert Românesc de Ligeti. Suite à cela, Alice écoute attentivement les conseils avisés du ver à soie – ce dernier trônant sur un champignon géant, deux danseuses à ses côtés et une épaisse fumée blanche se dissipant autour d’eux. La Berceuse de L’oiseau de feu de Stravinsky et le 4ème mouvement de la Suite de danses de Bartók accompagnent à merveille ce nouvel univers.

Après des acrobaties et des danses effrénées, Alice pénètre chez le chat du Cheshire avec la magnifique Gnossienne n°3 de Satie. S’ensuit l’installation du buffet du thé chez les fous avec de magnifiques et farfelus jeux de mains, tours de passe-passe, numéros d’équilibriste et de jonglage avec cette fois-ci des extraits de la Parade de Satie, puis de la « Danse du bâton » des Danses populaires roumaines de Bartók.

Ce thé enfin terminé, la Reine apparaît remarquablement afin de jouer à la partie de croquet – un flamant rose et un hérisson rappelez-vous, guidée au son de Prince of the Pagodas de Britten. Notre Reine soprano (Aline Kutan) fait vibrer tout l’espace avec une interprétation très théâtrale et humoristique de l’air « Arrière ! Je réchauffe les bons » de L’enfant et les sortilèges, de Ravel. Après ces événements tous plus rocambolesques les uns que les autres, Alice retourne à la réalité avec « Le jardin féérique » de Ma mère l’Oye de Ravel, après une bonne heure d’exploration.
Pour ces huit tableaux sélectionnés de l’œuvre originale de Lewis Carroll, on aura apprécié la spontanéité et le caractère très enfantin d’Alice Morel-Michaud (Alice), l’énergie et polyvalence de Patrick Drolet (le lapin, le ver à soie, et le chat), la précision et l’humour de Stéphane Heine, Estelle Richard, Nicolas Germain-Marchand (marionnettistes) et Gabzy (jongleur), la grâce et l’homogénéité des danseurs de l’Ecole supérieure du ballet de Québec, et l’accompagnement fin et soigné de l’orchestre de Montréal.

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