50e anniversaire de la SMCQ | Création mondiale pour initiés

La Société de musique contemporaine du Québec (SMCQ) fête ses 50 ans avec une création mondiale dans un lieu inusité, le Théâtre Usine C. L’œuvre écrite et composée par Sandeep Bhagwati, originaire de Mumbai en Inde, est coiffée du joli titre allemand Niemandslandhymnen. Un concert éclaté, inventif et atypique, mais pour initiés à la musique contemporaine seulement.

Bhagwati, le compositeur de 54 ans, est aussi directeur de théâtre, chef d’orchestre, poète, metteur en scène, artiste médiatique et créateur multisensoriel. Il partage son temps entre Berlin où vit sa famille et Montréal où il enseigne à l’Université Concordia.

Basé sur 13 poèmes écrits de sa main, son dernier opus, que l’on pourrait traduire par « Hymne au No Man’s Land », est un événement immersif où le public a le choix d’être assis dans les gradins ou debout sur la scène, déambulant pendant tout le concert parmi les dix musiciens et chanteurs qui y sont éparpillés avec la plus grande précision.

Flûtes, sheng, clarinette basse, percussions, trombone basse, électroacoustique et tambour sont au nombre des instruments utilisés pour rendre les sonorités si particulières de la musique contemporaine qui ne connaît ni harmonie ni ligne mélodique. À la place, les initiés apprécient la dissonance, les hachures sonores, les sons incongrus et abstraits, comme autant de supplications formant une sorte de cacophonie contrôlée.

Les cinq chanteurs, parmi lesquels se démarque la soprano Suzie LeBlanc que l’on connait bien pour ses Duos d’amour avec le contre-ténor Daniel Taylor, sont d’origine canadienne, indienne et américaine, chacun aguerri à l’improvisation et à l’expérimentation vocale sous de multiples formes. Ainsi, on retrouvera dans le programme de la soirée la dénomination « chant expérimental » accolée au nom du Canadien Gabriel Dharmoo.

La dramaturgie de l’oeuvre est attribuée à la performeuse, chanteuse et dramaturge Angélique Willkie qui a travaillé en Europe avec de gros noms comme Alain Platel, ou encore Jan Lauwers de Needcompany que l’on a déjà pu voir à Montréal. Elle chante également avec le groupe de musique du monde Zap Mama.

Malgré ses 50 ans bien sonnés, la SMCQ n’aura connu que trois directeurs artistiques : les compositeurs Serge Garant, Gilles Tremblay et, depuis 1988, soit près de 30 ans, le renommé Walter Boudreau.

Une motion inscrite à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale a même été lue pour l’occasion par le ministre de la Culture, Luc Fortin, soulignant l’impact de la SMCQ dans le développement musical du Québec à travers ses quatre volets : les concerts SMCQ, la série Hommage, le Festival MNM (Montréal/Nouvelles Musiques) et le programme SMCQ Jeunesse qui lui célèbre ses 20 ans, comme quoi la relève trouve sa place aussi en musique contemporaine.