50 Cent

50 Cent au Centre Bell | Montréal à la sauce new-yorkaise

Avant Travis, avant Kendrick, avant Drake, un peu avant Kanye également, il y avait eux, les pionniers, ces fondateurs du rap US, le old school comme on l’appelle aujourd’hui. Le Centre Bell recevait ce mardi 1er août l’une des gemmes de cette ancienne école, au nom de 50 Cent, alors que le rappeur originaire de New York tient actuellement une tournée mondiale célébrant les 20 ans de son album à succès, Get Rich or Die Tryin’. Les artistes Jeremih et Busta Rhymes assuraient les premières parties de la soirée.

Autant l’écrire d’emblée, ces quelques milliers de Montréalais présents s’avèrent déjà être des auditeurs chanceux : le meneur du G-Unit a annoncé en mai dernier sur les réseaux sociaux qu’il ne continuerait pas la tournée autant qu’autrefois, afin de se concentrer sur d’autres projets personnels dans les années à venir.

Probablement pas la dernière fois que l’on reverra 50 Cent à Montréal, mais les occasions se feront décidément de plus en plus rares.

Alors que la foule du Centre Bell venait déjà d’assister à deux premières parties depuis 19h, la simple ombre de Curtis James Jackson, dit « 50 Cent », diffusée sur un écran peu avant 21h, conquit l’endroit en un claquement de doigts.

50 Cent sort d’une cage remplie de fumée quelques secondes plus tard, sur les notes du titre I’m On Some Shit, tiré d’une mixtape de son collectif du Queens, G-Unit.

On le remarque sur l’instant : 50 Cent rappe dans son micro, réellement, toujours accompagné de deux autres artistes, ce n’est pas une chanson préenregistrée et une touche d’autotune qui s’occupent de rendre la performance attrayante.

Pour les néophytes des concerts de la nouvelle génération rap, ces aspects cités pourraient apparaître comme une évidence, mais les habitués le savent, cette pratique somme toute logique, malheureusement, s’éteint à petit feu.

Du haut de ses 48 ans, 50 Cent arrive à maintenir presque qu’une heure et demie de performance, toujours en constante maîtrise, enchaînant succès après succès sans se manquer une seule fois dans les respirations, les paroles récitées, les différentes entrées.

Comme quoi, les jeunes ne devraient encore prétendre vouloir remplacer complètement ceux qui leur ont ouvert la voie, du moins pour l’instant.

East Coast

Si son approche à la musique distinguait la performance de 50 Cent à nombre de rappeurs actuels, la disposition des places du Centre Bell, également : aucun auditeur debout dans le parterre, seulement des dizaines de sièges placés en rangées parfaites devant la scène.

Jamais d’occasion de déclencher des mosh-pits, ni même de légères turbulences dans la foule, ces éléments pourtant commun dans l’univers hip-hop et rap.

Le caractère, l’énergie propre du concert ne s’y prêtaient simplement pas.

Combiné au grand talent rap de Jackson, cette date du Final Lap Tour porte davantage l’allure d’un concert pop, et non rap.

Si la majorité des artistes hip-hop préfère jouer dans la simplicité, s’attirant la lumière des projecteurs en restant souvent seul sur les planches, la direction artistique proposée par 50 Cent s’avère tout autre.

Une vingtaine d’écrans, des danseuses et des musiciens, une grande structure lumineuse mobile, un rideau d’artifices, des flammes, et la liste s’allonge encore.

Le budget élevé est indéniable, ça ajoute cette touche, ce plus.

Le rappeur new-yorkais ne multiplie pas les interactions ou les discours au public, chaque entrée semblant millimétrée, à la seconde près, alors que plus d’une trentaine de morceaux seront entendus durant le passage montréalais de l’artiste.

Une autre tendance davantage présente dans la culture pop, et non rap : 50 Cent sort plusieurs fois de scène, laissant s’exprimer un autre artiste durant un interlude musical, ou dansé, et réapparaissant une minute plus tard vêtu d’une tenue différente.

L’un de ces courts entractes est assuré par nul autre que la voix enregistrée de Frank Sinatra, dans la chanson New York, New York.

Car 50 Cent porte la Grosse Pomme dans son cœur comme Fred Pellerin chérit Saint-Élie-de-Caxton ou Angèle, sa ville natale de Bruxelles.

Collectionnant les casquettes des Yankees et des Mets durant l’entièreté de la performance, des vues d’appartements typiques new-yorkais ou du métro du Queens agrémentent le visuel projeté sur les écrans derrière le rappeur, rappelant à tous d’où il vient et le territoire qu’il défendra à jamais, un thème récurrent dans les textes des artistes old school.

 

In da Centre Bell

50 Cent détient des classiques à ne plus compter dans son large répertoire : P.I.M.P., Many Men (Wish Death), 21 Questions, Just a Lil Bit, Candy Shop

Cela n’empêche pourtant pas l’artiste d’interpréter une demi-douzaine de titres sur lesquels il collabore avec d’autres rappeurs qu’il affectionne, que ce soit Crack a Bottle, d’Eminem, celui à qui il doit en partie son succès, Hate Bein’ Sober, de Chief Keef, ou encore The Woo, du regretté prince de la drill Pop Smoke.

Après une séquence de Jeremih invité au piano, chantant son plus grand succès, Birthday Sex, au Centre Bell, 50 Cent regagne la scène, avant que le concert ne s’emballe encore de plus belle : confettis, rubans dorés catapultés à travers le parterre, puis cette chanson que l’on attendait tous, In da Club, qui cumule presque deux milliards de vues sur YouTube.

Suivant un rappel entraînant ayant duré un solide quart d’heure, 50 Cent quitte le Centre Bell sous les applaudissements et les acclamations, remerciant chaleureusement le public montréalais.

Alors oui, une touche d’authenticité a été globalement perdue durant la soirée, au détriment de cette spontanéité plus ancrée dans le rap et le hip-hop, mais on ressort du concert en se rappelant des artifices, du travail colossal et de la générosité de la production, celui posé pour complètement plonger la foule dans cet univers grandiose proposé par 50 Cent.

Le Rêve américain, avec un grand « R ».

 

Une légende en cache une autre

Suivant un court passage du chanteur Jeremih, le rappeur de Brooklyn Busta Rhymes s’offre une entrée assurée, éclatante, un fauteuil aux allures d’un trône se retournant pour le laisser apparaître assis.

L’artiste débute en chauffant le public par l’habituel mouvement du bras allant de haut en bas, largement associé à l’ancienne culture hip-hop.

Souriant, Busta Rhymes montre d’abord un visage décomplexé, sûr de lui dans son rap, avant le clou du spectacle, de cette première partie, soit son interprétation du titre I Know What You Want.

Le public apparaît d’une telle réactivité durant le morceau que l’on pourrait se questionner si c’est bel et bien l’entame de la soirée, et non la performance principale, pendant que le rappeur encourage le Centre Bell à chanter les paroles le plus fort possible.

Busta Rhymes enchaîne avec un segment flambant, technique, lui qui a détenu en l’an 2000 le record Guinness pour le plus de syllabes récitées durant un freestyle.

L’artiste lance son micro, se laissant applaudir avec fierté par un public, puis arrose ce dernier avec du champagne, portant un toast aux autres artistes, à la santé, et à ses classiques qu’il accumule depuis déjà 30 ans.

50 Cent tiendra un autre concert au Centre Bell ce mercredi 2 août, dès 19h.

Grille de chansons

01 – I’m On Some Shit

02 – What Up Gangsta

03 – I Get Money

04 – Hate It or Love It

05 – If I Can’t

06 – Magic Stick

07 – Hustler’s Ambition

08 – How We Do

09 – P.I.M.P.

10 – Candy Shop

11 – Disco Inferno

12 – Window Shopper

13 – Best Friend

14 – 21 Questions

15 – Just a Lil Bit

16 – Big Rich Town

17 – The Woo

18 – Ayo Technology

19 – Down on Me

20 – Birthday Sex

21 – Baby by Me

22 – Many Men (Wish Death)

23 – I’m The Man

24 – In da Club

Rappel

25 – Hate Bein’ Sober

26 – Rider Pt. 2

27 – Wanksta

28 – Crack a Bottle

29 – Poor Lil’ Rich

3o – Gotta Make It to Heaven

31 – Southside

32 – I’ll Whip ya Head Boy

 

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