Our Lady Peace

50 ans du Café Campus | L’éclosion du rock alternatif canadien des années 1990…

En cinquante ans, le Café Campus en a vécu des époques !  Reconnu pour sa programmation éclectique, le lieu situé rue Prince-Arthur a vu naître des groupes en tous genres, et en a vus éclore plusieurs, à différents moments de l’histoire du rock et de la musique populaire. À l’occasion de sa saison anniversaire d’un demi-siècle, Sors-tu.ca a discuté avec le responsable de la programmation du Café Campus, Marc St-Laurent, afin de revisiter un pan bien précis de son histoire, un moment clé où le Café Campus jouait parfaitement son rôle de chaînon du milieu du spectacle à Montréal : les belles années du rock alternatif canadien des années 1990.

Remettons-nous un peu en contexte. Nirvana venait de faire éclater les frontières du rock, donnant lieu à une multitudes d’émules chez nos voisins du Sud et partout ailleurs : les Silverchair, Bush, Candlebox et autres Collective Soul pullulaient.

Le Canada n’était pas en reste ; il s’est rapidement formé ce qu’on pourrait appeler une « génération Big Shiny Tunes », nourrie par MusiquePlus, MuchMusic et les radios commerciales qui embarquaient à fond dans le mouvement, avec des groupes tels que Our Lady Peace, Moist, I Mother Earth, Sloan et 54-40 (qui existait depuis les années 1980, mais dont la popularité a monté d’un cran lors de la première moitié des années 1990) comme locomotives.

Marc St-Laurent trace le portrait : « C’était une époque où, quand tu regardes le marché à Montréal, la compétition pour une salle de 500 places environ, c’était le Cabaret (Juste pour rire, une salle sur St-Laurent qui n’existe malheureusement plus) et les Foufounes Électriques, qui étaient plus punk, métal. Et le Cabaret essayait de trouver ses marques. Le cabaret Latulipe n’existait pas encore. Il y avait moins de choix, donc quand ces bands-là venaient à Montréal, le premier coup de fil des producteurs, c’était automatiquement au Café Campus. »

Au plus fort de cette mouvance, à l’été 1994, le Café Campus accueillait presque tous ces jeunes groupes étiquettés « Can-rock » (rock canadien) qui jaillissaient à gauche et à droite. Au bout du fil, Marc St-Laurent fouille dans ses archives pêle-mêle pendant qu’il nous parle, et énumère quelques dates : 54-40 (16 juillet 1994), Moist (3 août), Sloan (24 septembre)…

C’était une grosse année, 1994. Pour te donner un exemple, Moist avait vendu 50 000 exemplaires en huit mois, de son album auto-financé pour 4500$ accompagné d’un vidéoclip auto-produit. C’était la folie, et on sentait ça venir comme une vague.

Il y avait les bands qui duraient, et d’autres qui appartenaient à une époque bien précise, comme Bootsauce, Eric’s Trip, Doughboys, des bands qui ont souvent duré un album, et une vague de bons bands montréalais, québécois et canadiens émergeait à leur côté.

Rendu à l’automne 1994, ça ne ralentissait pas, même que deux autres concerts mémorables se profilaient au Café Campus . Un premier le 10 décembre 2014, avec I Mother Earth et la formation torontoise Glueleg. « I Mother Earth était très fort à l’époque, se rappelle Marc St-Laurent. Glueleg, tu vois, ça a duré un album et demi. Ils sont revenus 3 mois plus tard au Rage, c’était gros comme l’Esco. Astheur c’est un Second Cup, je pense ! »

Une semaine plus tard, c’était au tour de Our Lady Peace, sept mois après la parution de leur premier album Naveed, en compagnie de Rusty, un autre groupe torontois qui, à l’instar de Glueleg, n’a pas fait long feu.  Voici ce qu’en disait La Presse à l’époque :

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Et effrayant ce fût, Marie-Christine…

 

Alanis qui ?

Il y avait aussi ce 10 août 1995, alors qu’une jeune chanteuse pop de 21 ans, originaire d’Ottawa, s’amenait au Café Campus avec un nouvel album sous le bras, un disque aux accents plus rock alterno que son passé de chanteuse pop-dance quelconque. Elle se nommait Alanis Morrisette, et son troisième album Jagged Little Pill était alors décrit par Marie-Christine Blais (toujours dans La Presse) comme un « amalgame rock-hip-hop-folk » (vingt-deux ans plus tard, on cherche encore le hip-hop sur cet album mythique, mais bon…) qui « devrait faire beaucoup d’effet » (là-dessus, elle ne s’est pas trompé!).

« C’était quelques semaines avant que le single You Oughta Know sorte, se rappelle Marc St-Laurent. C’était un statement, genre « Je ne fais plus du dance, j’ai un nouvel album qui sort ». Il y avait sur son album Flea et Dave Navarro des Red Hot Chili Peppers, et un gars qui joue maintenant pour Foo Fighters, tu vois le genre. Trois semaines plus tard, c’était l’affaire la plus hot. »

Marc St-Laurent, lui, s’est joint au Café Campus tout juste après cette vague, vers 1997. « J’étais technicien de son jusque là. Je les voyais passer de ce point de vue-là. La scène musicale était passé à autre chose, c’était le mouvement punk rock américain qui envahissait le Québec et le Canada. Ça concorde avec le début de l’ère où les gens ont arrêté d’acheter des CD tranquillement pas vite et que les majors ont commencé à amener leur business ailleurs et d’autres façons. Ils prenaient moins de chance sur les petits bands locaux. »

Et quelques 20 ans plus tard, comment perçoit-il l’industrie du spectacle au coeur de laquelle le Café Campus s’inscrit encore et toujours ?

Le spectacle en ce moment, c’est ce qui fait vivre l’industrie. Pour les artistes, il n’y a plus de moyen de faire de l’argent avec des albums. Je trouve qu’il y a donc plus de spectacles, plus de groupes qui s’aventurent à le faire. Ce qui n’est pas au rendez-vous, c’est le public. Mais il y a beaucoup d’offres. Quelqu’un qui aime ça pourrait aller voir deux spectacles par semaine. Mais c’est rare le monde qui peut se permettre de le faire.

Je fais 300 spectacles par année au Café Campus. Le public ne vient pas assez à la découverte. Les habitudes, c’est plus de sortir aller prendre une bière. Le mode d’entertainment n’est plus le même…

La réalité n’est peut-être pas aussi rose que jadis, mais il n’empêche que le Café Campus, et plusieurs autres lieux sur Montréal, tiennent le fort et proposent des programmations variées. Allez, public : arrange-toi pour qu’on puisse fêter les 100 ans du Café Campus un de ces jours…

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