crédit photo: Richmond Lam

5 balles dans la tête au Théâtre La Licorne | Des récits de guerre poignants

En s’immergeant dans l’univers de l’armée, l’auteure Roxanne Bouchard a fait un choix audacieux et captivant : se confronter à ses propres valeurs et préjugés. Sors-tu? a assisté à la représentation de ce mercredi 6 mars au Théâtre La Licorne.

Avant de voir le jour sur scène, 5 balles dans la tête, c’est une œuvre littéraire, un projet puissant mené par l’écrivaine québécoise Roxanne Bouchard.

Cette dernière s’est immergée dans l’univers de l’armée canadienne, rencontrant une trentaine de militaires de huit corps de métier.

Elle a écouté leurs histoires et visité les bases militaires, avec toujours cette question en tête : comment vivre avec les souvenirs et les traumas de la guerre?

Une mise en scène captivante

D’entrée de jeu, la comédienne Sylvie De Morais-Nogueira, qui interprète le rôle de Roxanne Bouchard, se présente à nous.

Tout démarre avec une interaction entre l’auteure et le public. Puis, soudain, on assiste à un échange mouvementé avec un soldat qui s’est glissé au milieu des spectateurs.

Car l’écrivaine ne le cache pas : elle est clairement antimilitariste. Ce sont ses convictions qui l’amènent aujourd’hui à mener un tel projet.

« Tout ce qui nous distingue, c’est notre façon de voir le monde », assure l’auteure. Pour elle, pas de doute là-dessus : « On n’a pas le choix d’aller au-delà des préjugés pour se comprendre ».

La mise en scène de François Bernier nous permet ainsi d’assister à toute la création du projet.

On retrouve l’écrivaine, tour à tour, installée sur son bureau en pleine création littéraire, au contact direct des soldats… Des saynètes qui s’enchaînent et qui rendent la pièce d’autant plus dynamique.

Et si le sujet est lourd, les dialogues, plutôt cocasses, rendent la pièce plus douce à suivre.

Se confronter à ses propres préjugés

Pour mener à bien son projet, l’écrivaine n’a pas le choix. Elle doit se confronter à cet inconnu, à savoir le corps militaire, qui lui présente tant d’interrogations. Comment peut-on s’engager en tant que soldat? Quelles sont les convictions qui nous poussent à aller au front?

L’auteure va échanger avec plusieurs soldats québécois partis en Afghanistan.

Le moins que l’on puisse dire, c’est que les premiers échanges sont laborieux… Ça part très vite dans tous les sens, personne ne s’écoute réellement. Les discussions ne sont pas très profondes.

Puis, au fur et à mesure, on sent que les soldats cassent les barrières, se montrent plus vulnérables et plus sincères, dévoilent leurs émotions.

Ils semblent enfin prêts à se livrer sur ce qu’ils ont vu, vécu et ressenti en Afghanistan. La pièce prend une vraie tournure, on sent le basculement.

L’échange le plus bouleversant est assurément celui avec cette femme soldat qui, une fois sa tenue enlevée, semble encline à faire des confidences. Elle évoque la perte de son amie, qui fut un réel traumatisme. La guerre l’a changée à tout jamais : elle se sent beaucoup plus spirituelle et se surprend même à prier.

Durant chaque moment de confession, l’auteure est là pour comprendre le silence et la colère des soldats. Elle s’aperçoit finalement que les faits qui lui ont été relatés sont souvent inexacts, une conséquence directe du stress, de la fatigue et des traumatismes que les soldats emportent dans leurs bagages.

Et si certains oublient des blocs entiers de leurs souvenirs, d’autres modifient la réalité, une manière de se protéger face aux horreurs vécues.

La pièce 5 balles dans la tête est présentée jusqu’au 6 avril prochain au Théâtre La Licorne. Le lien vers la billetterie ici.

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