Wednesday

Wednesday au Club Soda | Le pouvoir catalyseur du rock

Wednesday – le band américain, pas la série de Tim Burton sur Netflix – était de passage hier soir dans un Club Soda archi-complet. Le groupe de Asheville (c’est exact, sans le « N » au début, avec un « e » dans le milieu), en Caroline du Nord, est en tournée pour présenter son plus récent album, Bleeds, paru le 19 septembre dernier.

Mélange d’indie rock et d’envolées vocales typiquement country, de steel guitar, de distorsion, de noise et de shoegaze, Bleeds ne réinvente pas la roue créative de Wednesday, mais on ne s’en plaindra pas. Ce mélange de genres typique au groupe crée son unicité et se démarque dans un style (le rock) trop souvent aseptisé en 2025. Genre de bibitte qui ferait surchauffer n’importe quelle IA essayant d’y ressembler.

En concert, Wednesday en met plein la vue, mais surtout les oreilles. D’entrée de jeu, le groupe pousse Reality TV Arguments Bleeds de leur dernier opus, puis passe direct à Got Shocked, titre paru sur Rat Saw God, sorti en 2023, pour enchaîner avec Fate Is… d’I Was Trying to Describe You to Someone, sorti en 2020, ce qui fait comprendre assez rapidement au public qu’on se promènera à travers le riche répertoire d’un groupe somme toute assez récent.

C’est beaucoup plus pesant, distorsionné, brutal, même, que ce qu’on aurait pu imaginer. On a tout de même droit à quelques passes plus douces pour reprendre notre souffle en mi-parcours de soirée, comme la sarcastique Phish Pepsi – excellente raison d’inviter Gabi Gamberg de la toute aussi excellente première partie Daffo -, la lancinante November, la simple et mélodique The Way Love Goes ou la très country Elderberry Wine.

Le public, complètement en liesse, connaît absolument chacune des paroles de chacune des chansons qui sont jouées dans la soirée.

Le gros rock pesant, qui flirte avec le grunge en show, s’arrime parfaitement bien à la voix claire et puissante de Karly Hartzman, leader énigmatique de groupe, qui capte l’attention par sa simple présence sur scène. Pince-sans-rire, réactive et hyper vigilante, elle commente beaucoup ce qui se passe dans la salle, comme lorsqu’elle rit des gens coincés dans la foule pognés pour sauter même si ça leur tente pas, ou encore lorsqu’elle pointe, en plein milieu de Wound Up Here (By Holdin On), un gars qui a trouvé des clefs dans le mosh pit.

Parce que oui, multitude de mosh pits ont eu lieu, danse cathartique où tout le monde saute et bouge en même temps. Sorte d’exutoire physique à un climat social incertain, le mosh pit peut être un catalyseur collectif puissant. Hartzman, consciente de ce climat toxique et politisée, ne se gêne pas pour critiquer le gouvernement américain, criant un très ressenti « fuck Conservatives! », avant d’enchaîner sur la fin du spectacle.

Les cinq musiciens terminent leur concert avec l’entraînante Townies, puis Bull Believer et Wasp, probablement les deux pièces les plus heavy de leur répertoire, provoquant un wall of death à l’image du pouvoir rassembleur de la musique en live : peu importe la division, c’est toujours plus puissant et jouissif de se réunir et de se rassembler.

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