crédit photo: Marie-Andrée Lemire
Waitress

Waitress au Théâtre St-Denis | Une première toute en émotions!

Ce mercredi 26 juin se tenait la première de la comédie musicale Waitress au Théâtre St-Denis, dont la présentation a vécu une période d’incertitude à cause des déboires financiers de Juste pour rire. Par chance, ComediHa! a repris la production originale de Broadway en première mondiale francophone, et ce fut un franc succès.

L’histoire raconte la vie de Jenna, serveuse dans un restaurant de bord de route d’une petite ville, pâtissière et prise dans un mariage sans amour. Par un évènement inattendu, elle remet sa vie en question et désire participer à un concours de pâtisserie dans un comté voisin pour s’évader. Grâce au soutien de ses collègues serveuses et à une romance surprise, Jenna commence à trouver le courage de mettre de côté un rêve abandonné depuis longtemps.

En fait, la pièce explore la soumission de la femme, la violence conjugale, de l’infidélité, les applications de rencontre et la peur de croiser le chemin d’un homme non conventionnel. Les sujets abordés qui semblent les plus importants sont cependant l’amitié, la solidarité féminine, les rêves, la famille que l’on choisit, l’amour consensuel et l’affirmation de soi. Il est touchant d’assister à une pièce qui aborde encore des sujets malheureusement trop présents dans le quotidien de nombreuses femmes.

Photo par Marie-Andrée Lemire.

La salle était pleine et le gratin artistique remplissait fortement le parterre pour cette première haute en émotion dans une ambiance sucrée, farinée et beurrée! Le public a eu droit à une première fresque humoristique avec l’interprétation d’une chanson qui demandait poliment aux gens de mettre leur cellulaire en mode silencieux. Par la suite, le rideau s’est levé et la salle a plongé dans l’univers de Waitress. On sentait l’excitation et la nervosité d’une première, mais la troupe a su démontrer son professionnalisme dès la première note. Cependant, la première partie fut longue à démarrer. La mise en place des personnages était primordiale à l’histoire, mais il y avait malgré tout quelques longueurs.

Parlant des personnages, la distribution complète est exceptionnelle. Nous avons assisté à une performance incroyable, touchante et magnifique de Marie-Ève Janvier dans le rôle principal de Jenna. Quelle voix et quelle interprète! Tout au long de l’histoire, elle a su transmettre l’ensemble de la gamme d’émotions que son personnage traversait. D’une justesse et d’une précision infaillible, sa voix était tantôt d’une sensibilité déconcertante, tantôt puissante. On avait l’impression de vivre avec elle son histoire parfois déchirante, mais remplie d’amour et d’aventures. Son interprétation de Cachée au fond de moi vaut largement le détour.

Ses comparses, Sharon James (Becky) et Julie Ringuette (Dawn), ont été magistrales. La première est extravertie, pleine d’humour, mais ne craint pas d’afficher ses opinions. La seconde est plus réservée, mais elle a un sens du détail remarquable, ce qui fait d’elle un personnage très attachant. Petit bémol au niveau du son : il aurait été préférable de l’augmenter lors des interprétations de Julie Ringuette. On perdait parfois sa voix, car les musiciens et le chœur l’enterraient.

Concernant le reste de la distribution, elle était bien assortie aux personnages. Renaud Paradis, dans le rôle du Dr. Pomatter, a surpris lors de ses interprétations vocales attendrissantes. Jonathan Gagnon (Cal) et Madeleine Sarr (Norma) avaient tous les deux de drôles de répliques qui allégeaient le ton de la pièce. Celui qui a fait rire à gorge déployée l’ensemble de la salle est Jonathan Caron dans le rôle d’Ogie. Futur prétendant de Dawn, il a été attachant, comique et abracadabrant dès sa première apparition.

Photo par Marie-Andrée Lemire.

Évidemment, la mise en scène par Joël Legendre a été réalisée de main de maître. L’inclusion des musiciens, tout au long de la pièce, était bien orchestrée et jumelée à l’histoire. Le chœur les accompagnait parfaitement et les changements de décor étaient rapides et bien réalisés.

Terminons sur une note légère : la musique. Quelle belle découverte! Comparativement à des comédies comme Hair et Chicago, qui seront présentées à l’été 2025, ou encore Moulin Rouge, les pièces n’étaient pas très connues du public québécois et ne comportaient pas de vers d’oreille. En revanche, chacune des chansons était touchante et surprenante. Les lignes mélodiques du violoncelle apportaient leur lot de beauté lors des pièces plus sensibles.

Waitress est une comédie musicale à voir absolument. Osons même dire que sa distribution québécoise surpasse celle de Broadway! Billets ici.

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