Voix et Médias: Une plateforme efficace pour personnes bègues

Alors que le festival Voix et Médias bat son plein, cette semaine, à Montréal, les organisateurs s’apprêtent à présenter la soirée phare de l’événement Ce que je veux dire sur ma voix, qui se tiendra le 8 novembre, au soir, et qui visera à souligner le travail et la contribution des personnes bègues à la société.

Piloté par Geneviève Lamoureux, doctorante en science de l’orthophonie et de l’audiologie à l’Université de Montréal, et son collègue Aidan Sank, de l’organisme SPACE, qui vient en aide aux personnes bègues, le projet vise à refléter la réalité des personnes qui bégaient dans leur quotidien, et à célébrer leur différence. Grâce à la Subvention Connexion CRSH, qui provient d’une initiative du gouvernement du Canada, de nombreuses œuvres d’art seront dévoilées au public, de même que des chansons et des courts métrages, provenant d’artistes bègues de partout à travers le monde. Il s’agit là d’une grande fierté pour les organisateurs.

Geneviève Lamoureux le dit d’emblée : les personnes qui, comme elle, vivent avec une forme ou une autre de bégaiement font face à beaucoup de stigmatisation et de préjudice, dans leur vie de tous les jours. Il y a une honte sociale liée à leur manière de parler. À travers cette exposition, et par extension son travail de doctorat, elle cherche à mettre l’emphase sur une conscience sociale autour de la disfluidité, pour éduquer la population à ce sujet.

« Au début de mon doctorat, je voulais vraiment axer ma recherche en cette matière autour de l’idée de réduire le sens de stigmatisation envers les personnes bègues, évoque Geneviève, lors d’une rencontre avec Sors-tu?, à quelques jours du début de l’exposition. Au fil de mes lectures sur le sujet, j’ai réalisé qu’il ne s’agissait pas de dire aux membres du public comment se sentir à l’égard des personnes bègues, mais plutôt d’évoquer leur conscience. Mon but était donc de rendre cet événement le plus festif possible, d’en faire une célébration autour du bégaiement. »

Aidan Sank est du même avis : « Notre événement a vraiment deux objectifs : d’abord, pour les personnes bègues, on veut leur fournir une plateforme où ils peuvent s’exprimer librement, et où ils ont la chance d’être les auteurs de leur propre histoire. De plus, on veut aussi donner la chance aux personnes non-bègues de voir ces œuvres, tout en traçant des parallèles avec leur propre vie, leurs épreuves et leur difficultés. Ça leur permet de créer des liens, et de transposer les différentes réalités. C’est vraiment la raison pour laquelle nous faisons ce travail. »

 

Des artistes à parcours différents

Parmi les artistes qui seront présents, Luke Wyland, artiste et musicien interdisciplinaire bègue qui s’est déplacé de Portland, en Oregon, pour participer à cet événement. En tant que curateur de la Library of Dysfluent Voices, un organisme qui sert d’archive vivante accessible aux personnes qui bégaient, il s’apprête à présenter des compositions audiovisuelles qui mettent en relief les qualités rythmiques et émotionnelles de la parole disfluide en formes visuelles et sonores.

« Mon implication envers cette cause qui me tient à cœur est survenue à travers différentes rencontres que j’ai fait dans ma vie, mentionne Luke Wyland. À travers différents projets dont j’ai participé au cours des dernières années, je me suis mis à collectionner des enregistrement de personnes qui bégaient, pour en faire de la musique. Dans le processus, différentes idées sur le sujet me sont venues en tête, et de fil en aiguille le projet s’est bâti progressivement, » dit-il, soulignant également la fierté qui l’habite à l’idée d’être présent.

Comme l’explique Geneviève Lamoureux, au-delà du fait que chacun des participants à la soirée d’exposition soient des bègues, il était également important pour les organisateurs du festival de s’assurer de choisir des artistes avec des parcours différents

La liste complète des artistes présents, de même que l’ensemble de la programmation du festival, est disponible sur le site Voix et Médias.

Ce que je veux dire sur ma voix sera présenté au café Robin des Bois, du Parc Lafontaine, à compter de 18h le 8 novembre, et servira d’événement de clôture du festival Voix et Médias.