crédit photo: Xavier Cyr
Une fille en or

Une fille en or au Théâtre Denise-Pelletier | Mise en terre du réalisme

Quatre femmes vivent dans un monde où tout est possible, pour le meilleur et pour le pire. L’une est morte-vivante, l’autre l’équivalent féminin de Midas, une autre est piégée dans Internet et la dernière découvre des clônes qui ne cessent de se multiplier. Écrite, mise en scène et partiellement interprétée par Sébastien David, la pièce Une Fille en Or est portée par Amélie Dallaire qui rayonne dans un rôle à facette multiples et techniquement très demandant.

Dès l’entrée dans la salle Fred-Barry, il est clair que le public ne peut s’attendre à une représentation habituelle. Le tout est placé à l’italienne, certes, mais la scène toute entière est recouverte d’une sorte de terreau épais et grumeleux qui sera utilisé à bon escient tout au long de la pièce. La texture de ce sol instable donne aussi une qualité de mouvements très intéressante aux différents personnages interprétés par Amélie Dallaire.

* Photo par Jessica Garneau.

La comédienne est d’ailleurs certainement l’élément central de ce spectacle. Sa capacité à voguer entre les personnages avec une précision sans faille est remarquable. Chacun des personnages était le résultat d’un travail de composition physique intéressant et complexe. La partie la plus effarante reste toutefois le moment où plusieurs clônes d’une même femme se parlent entre eux. Tous interprétés par Amélie Dallaire, ces personnages était très faciles à différencier pour le public, malgré la subtilité de leurs traits distinctifs. Le travail corporel et vocal de la comédienne est techniquement impeccable.

* Photo par Jessica Garneau.

Les costumes ne sauraient passer inaperçus vu leur extravagance. L’habit de « La Fille en Terre » était repoussant et magnifique à la fois avec des seins inégaux qui ressemblaient presque à des peluches grotesques, des intestins apparents et une cagoule maquillée grossièrement.

* Photo par Jessica Garneau.

Le costume sobre et style The Matrix du personnage de Sébastien David complétait parfaitement les couleurs et les formes plus éclatées des autres vêtements. La scénographie mérite également un point d’honneur, puisqu’elle était non seulement efficace et utile au jeu des comédiens, mais aussi très intéressante à l’oeil.

Le seul bémol de cette pièce réside dans dans le texte qui est parfois inconstant en terme de substance. Composée majoritairement de monologue, la pièce comportait quelques longueurs, surtout dans les moments où « La Fille en Pixels » était présente. Cette femme emprisonnée dans les onglets de l’Internet était toujours représentée comme une silhouette plaquée contre un mur et entourée de projections. En plus d’être visuellement inégal avec le reste de la mise en scène qui était tellement éclatée, le texte tombait parfois à plat durant ses brèves apparitions.

* Photo par Jessica Garneau.

Autrement, il est important de mentionner que le texte est librement inspiré des Métamorphoses d’Ovide. Les références à la mythologie grecque reviennent fréquemment dans cette pièce et sont utilisés de façon à créer des métaphores intéressantes. Le jeu des comédiens et la scénographie reste toutefois ce qui rend la pièce si percutante.

Une Fille en Or avait déjà été présenté à Sherbrooke en 2021 et y avait connu un franc succès. On lui souhaite le même destin en terre montréalaise.

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