Broue

Critique Spectacle: Une bonne Broue qui désaltère toujours

Théâtre St-Denis 2 (Montréal) – jeudi 5 mars 2009

Le Théâtre St-Denis 2 présentait la 2897e représentation de Broue hier soir. La pièce a beau fêter le 30e anniversaire de sa première représentation le 21 mars prochain, elle n’a pas pris une ride et attire toujours autant les foules.

Plusieurs spectateurs en sont à leur troisième ou quatrième visite, mais comme en témoigne le sondage à mains levées qui précède la présentation de Broue, la grosse majorité des spectateurs n’en sont qu’à une première visite.

Un voisin de fauteuil, qui en était à sa cinquième expérience, me confiait d’ailleurs que c’était toujours le cas. Les néophytes sont toujours majoritaires.

Que ce soit tout nouveau ou du déjà vu, le plaisir d’aller voir Broue se trouve dans la simplicité de sa mise en scène qui laisse toute la place aux trois comédiens. Ceux-ci s’amusent fermement avec un texte maîtrisé et une chimie incomparable.

Même si la fermeture des tavernes n’est plus un sujet d’actualité, les élucubrations d’une panoplie de soûlons dans leur établissement préféré n’a pas changé tant que ça. On reconnaît dans les dix-huit personnages qu’incarnent Michel Côté, Marcel Gauthier et Marc Messier des tas de clichés malheureusement trop vrais. Même aujourd’hui.

Pas besoin de se casser la tête, il suffit d’apprécier les mimiques des personnages, les répliques impayables et de savourer les quelques fous rires dans lesquels les comédiens se laissent aller.

Les courtes scénettes se succèdent sans trop de lien entre eux. Verrue (Michel Côté), l’ivrogne mal léché, chasse une mouche et divague sur tout et rien. Pointu (toujours Côté), lui, tente de recruter des nouveaux adeptes pour son club automobile et se voit exclu du club de ballon balai.

Conrad (Messier) et Gérard (Côté), eux, passent leur temps de pause de travail à la Taverne à s’enivrer, et font la rencontre du Rockeur (Gauthier).

Tous ces personnes (et bien d’autres) se tirent la pipe, marchent croches et enfilent les commentaires plus ou moins pertinents aux deux barmans, Bob (Messier) et Bonin (Gauthier), qui n’en font jamais un cas.

À travers toutes ces discussions de gars chauds, on ressent rarement l’âge de la pièce, exception faite d’une mini-scène avec un personnage anglais (Gauthier) qui fait la rencontre des québécois purs laines Fernand (Côté) et Roger (Messier) et de leur accent. Cette session de distorsion de la langue anglaise, qui rappelle certains monologues d’Yvon Deschamps, a un peu mal vieilli et présentent les deux Québécois comme des Canadiens français un peu tarés.

Mais la majorité de la pièce demeure étrangement à jour, malgré un décor et une trame sonore typiquement fin-1970s qui ajoute un petit charme rétro et nous rappelle tout le vécu de Broue.

C’est sans doute ce qui fait que Broue ait survécu si longtemps, au point de devenir une pièce culte que tout Québécois se fait un devoir de voir au moins une fois dans sa vie. Porté avec aisance par trois comédiens hors pairs, Broue est un incontournable indémodable.

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